La Presse Anarchiste

Comment les troupes de Hoffmann et de Noske ont assassiné Landauer

La Neue Zei­tung de Munich raconte comme suit l’as­sas­si­nat du cama­rade Landauer :

« De témoins ocu­laires nous rece­vons la des­crip­tion sui­vante du mas­sacre hor­rible et bes­tial de Landauer :

« C’é­tait le 2 mai. J’é­tais encore de garde devant le grand por­tail de la pri­son de Sta­del­heim. Il était bien­tôt 1h. ¼. En s’é­criant : « Voi­ci Lan­dauer, voi­ci Lan­dauer ! » un groupe de sol­dats bava­rois et wur­tem­ber­geois ame­nait Gus­tave Lan­dauer. Dans le cou­loir condui­sant à la salle de récep­tion, un offi­cier — qu’on croit être le lieu­te­nant Geis­ler — lui assé­na un coup en pleine figure. Les sol­dats s’é­criaient entre temps : « L’ex­ci­ta­teur, qu’on le sup­prime. Assom­mez-le ! » Il fut ensuite pro­je­té à coups de crosses dans la pre­mière cour à droite de la pri­son. Lan­dauer dit aux sol­dats : « Je ne suis pas un exci­ta­teur ; vous ne savez pas vous-mêmes com­ment on vous a exci­tés ! » Dans la cour, le groupe fut abor­dé par un major en civil qui se mit à frap­per Lan­dauer avec une espèce de mas­sue. Sous les coups du major et les coups de crosses, Lan­dauer s’af­fais­sa. Il se rele­va tou­te­fois et essaya de par­ler. Un maré­chal des logis s’é­cria alors : « Éloi­gnez-vous ! » et déchar­gea, par­mi les rires et les appro­ba­tions joyeuses des sol­dats de garde, deux coups de feu, dont un frap­pa Lan­dauer à la tête. Lan­dauer res­pi­rait tou­jours. Le maré­chal des logis s’é­cria : « La cha­rogne a la vie dure, impos­sible de le finir ! »

« Un ser­gent du régi­ment de la garde, qui se trouve encore à Sta­del­heim, s’é­cria à son tour : « Arra­chons-lui donc son man­teau », puis fit mine de tou­cher à la bague que Lan­dauer por­tait au doigt. Je dis au ser­gent de ne pas la lui enle­ver. Le man­teau lui fut tou­te­fois enle­vé par le sergent.

« Comme Lan­dauer vivait tou­jours, on le pla­ça sur le ventre. Sous les cris de : « Reti­rez-vous, qu’on lui en fiche encore un ! » le maré­chal des logis lui tira dans le dos, la balle lui arra­chant le cœur et fai­sant rebon­dir le corps loin du sol. Comme Lan­dauer conti­nuait à tres­saillir, le maré­chal le pié­ti­na jus­qu’à ce qu’il res­ta immo­bile. Puis on le dépouilla de tout et son cadavre fut jeté au lavoir, où il res­ta deux jours…»

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