MM.Bernheim-Jeune ont montré le mois dernier, dans leur galerie du boulevard de la Madeleine, vingt-neuf Courbet parmi lesquels l’Homme à la pipe, qui est une très belle chose, et ces Paysans de Flagey, qui firent scandale avec l’Enterrement d’Ornans, au Salon de 1850.
On bataillait ferme, alors, autour des nouvelles formules. Celle de Courbet souleva des colères furieuses qu’exaspérait l’outrecuidante vanité du peintre. À 70 ans de là, on est bien obligé de convenir que nos modernes fauves fondent la leur, qui n’est pas moindre, sur des dons tout de même plus discutables.
L’apport de Courbet fut considérable. Dégagé de toute considération théorique, il s’inventorie en une œuvre inégale, sans doute, mais d’une rare puissance et qui atteint souvent les sommets de l’art.
Cette œuvre a été révolutionnaire au premier chef, non par ce qu’elle prétendait réaliser, moins encore, petit-être, par ce que Proudhon crut y voir, mais simplement par ce qu’elle réalisa effectivement dans son domaine propre. À ce titre, elle est caractéristique d’une époque singulièrement effervescente où les idées sociales s’agitaient dans les langes humanitaires de la période romantique.
Auguste Bertrand