La Presse Anarchiste

Gustave Courbet

MM.Bernheim-Jeune ont mon­tré le mois der­nier, dans leur gale­rie du bou­le­vard de la Made­leine, vingt-neuf Cour­bet par­mi les­quels l’Homme à la pipe, qui est une très belle chose, et ces Pay­sans de Fla­gey, qui firent scan­dale avec l’En­ter­re­ment d’Or­nans, au Salon de 1850.

On bataillait ferme, alors, autour des nou­velles for­mules. Celle de Cour­bet sou­le­va des colères furieuses qu’exas­pé­rait l’ou­tre­cui­dante vani­té du peintre. À 70 ans de là, on est bien obli­gé de conve­nir que nos modernes fauves fondent la leur, qui n’est pas moindre, sur des dons tout de même plus discutables.

L’ap­port de Cour­bet fut consi­dé­rable. Déga­gé de toute consi­dé­ra­tion théo­rique, il s’in­ven­to­rie en une œuvre inégale, sans doute, mais d’une rare puis­sance et qui atteint sou­vent les som­mets de l’art.

Cette œuvre a été révo­lu­tion­naire au pre­mier chef, non par ce qu’elle pré­ten­dait réa­li­ser, moins encore, petit-être, par ce que Prou­dhon crut y voir, mais sim­ple­ment par ce qu’elle réa­li­sa effec­ti­ve­ment dans son domaine propre. À ce titre, elle est carac­té­ris­tique d’une époque sin­gu­liè­re­ment effer­ves­cente où les idées sociales s’a­gi­taient dans les langes huma­ni­taires de la période romantique.

Auguste Ber­trand

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