La Presse Anarchiste

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Les 60 ans d’Alexandre Berkman

Nous avons reçu une cir­cu­laire nous annon­çant l’or­ga­ni­sa­tion d’un ban­quet, à New-York, pour fêter le soixan­tième anni­ver­saire d’A­lexandre Berk­man. Je me sou­viens encore de l’im­pres­sion que fit sur moi ses Sou­ve­nirs d’un anar­chiste pri­son­nier, car, pro­pa­gan­diste par le fait, Berk­man pas­sa seize ans de sa jeu­nesse dans une mai­son cen­trale des États-Unis. Plus tard, il fut dépor­té en Rus­sie, où il fût dés­illu­sion­né par le régime sovié­tique. Berk­man n’est pas qu’un « attentæ » c’est un homme très culti­vé, un des meilleurs théo­ri­ciens de l’a­nar­chisme com­mu­niste, un esprit ouvert et sa vie peut être don­née en exemple à ceux que décou­ragent les obs­tacles et les ran­cœurs. C’est pour­quoi des hommes appar­te­nant à toutes les nuances de l’a­vant-gar­disme ont tenu à appor­ter leur appui àcette mani­fes­ta­tion de Leo­nard D. Abbott, Bol­ton Hall, Mor­ris Hil­l­quitt, Har­ry Kel­ly à E. Mala­tes­ta, S. Faure, Max Net­tlau, etc., etc. Absent et sur­char­gé de besogne, je n’ai pu écrire en temps vou­lu pour expri­mer aux orga­ni­sa­teurs de cette petite fête, comme j’y étais convié, le fra­ter­nel inté­rêt que m’ins­pire Alexandre Berkman. 

E. Armand

Quelques questions au sujet du « R.101 »

Pour­quoi a‑t-on fait de l’en­se­ve­lis­se­ment des vic­times du R.101, tant en France qu’en Angle­terre, une mani­fes­ta­tion pure­ment militaire ?

Pour­quoi était-il néces­saire que, pen­dant l’en­ter­re­ment, deux esca­drilles d’a­vions mili­taire sur­volent le cimetière ?

Pour­quoi les jour­naux ont-ils consa­cré des pages entières à la catas­trophe du R.101 et repro­duit d’in­nom­brables pho­tos qui y avaient trait, alors qu’ils ont été bien moins pro­lixes au sujet du nombre quatre fois plus éle­vé de pêcheurs fran­çais qui, à la même époque, tom­baient sur le champ de bataille du travail ?

Pour­quoi des avia­teurs de toutes les nations ont-ils témoi­gné leur sym­pa­thie aux col­lègues anglais, alors que, pla­cés au ser­vice de l’a­via­tion mili­taire, ils conti­nuent dans tous les pays à se pré­pa­rer en vue d’une lutte à mort contre leurs col­lègues étrangers.

Si les paroles de Mac Donald, selon les­quelles la pré­sence du Dr Ecke­ner et du capi­taine Von Schil­ler à l’en­se­ve­lis­se­ment est une preuve évi­dente des liens qui unissent les aéro­nautes de tous les pays, étaient autre chose que des phrases banales et men­son­gères, pour­quoi les « aéro­nautes de tous les pays » ne cessent-ils pas de ser­vir le mili­ta­risme qui, à tout ins­tant, peut les dres­ser les uns contre les autres ? 

(Ser­vice de la Presse de la C.I.A.)

Là où la femme domine

Il ne semble pas qu’elle se com­porte autre­ment que les hommes.

À l’in­té­rieur du Pérou, rap­porte Le Pro­grès Civique, une expé­di­tion anglaise vient de décou­vrir une race pri­mi­tive, les Tahouas, où les femmes consti­tuent l’élé­ment fort.

Chez les Tahouas, c’est le beau sexe qui gou­verne et ordonne. L’homme doit obéis­sance à sa com­pagne. Un mari, avant d’exé­cu­ter un tra­vail pour un des explo­ra­teurs, dut deman­der la per­mis­sion a son épouse.

Ces ama­zones se mon­trèrent d’ailleurs fort aimables envers les étran­gers et leur accor­dèrent la plus large hos­pi­ta­li­té. L’au­to­ri­té dont elles jouissent n’ex­clut pas chez elles une cer­taine coquet­te­rie. Elles se peignent le visage en rouge et les bras en noir, se frisent les che­veux sur le front.

Leurs vête­ments sont en fibres de feuilles de pal­miers, mais, plus elles sont haut pla­cées dans l’é­chelle sociale et plus elles se déshabillent.

C’est ain­si que les aris­to­crates tahouas vont presque nues, alors que les femmes du com­mun sont cou­vertes des pieds à la tête.

Cette der­nière obser­va­tion est à rap­pro­cher des réflexions émises par le Dr Louis Estève dans ses Épi­logues Gym­no­mys­tiques.

Le haschich révélateur du subconscient.

Mau­rice Magre, dans le Mer­cure de France, cite un livre de M. E. Pas­cal, paru sous ce titre. On sait que le haschich pos­sède un pou­voir hila­rant et qu’il doue d’une extrême sug­ges­ti­bi­li­té celui qui en use jus­qu’à l’i­vresse. L’au­to­ri­té du Vieux de la Mon­tagne sur ses dis­ciples était due à ce qu’il les en enivrait avant de leur confier une mis­sion et il pro­fi­tait de l’é­tat pro­duit pour sub­sti­tuer leur volon­té à la sienne.

Mais on n’a­vait pas encore étu­dié les effets du chanvre indien au point de vue de la révé­la­tion du sub­cons­cient. M. Pas­cal résume des expé­riences faites sur divers sujets et de leurs résul­tats, il sem­ble­rait que le haschich pour­rait deve­nir un élé­ment capi­tal de la psychanalyse.

Il convient ici de rap­pe­ler ce curieux résul­tat obte­nu par le célèbre Krafft-Ebbing :

« Un malade se sen­tait depuis quelque temps pous­sé à l’in­ver­sion sexuelle. Mais ces ten­dances res­taient refou­lées dans le sub­cons­cient. Une dose de haschich suf­fit pour révé­ler l’ob­ses­sion au grand jour. Dans l’ac­cès, il se sen­tit chan­ger de sexe. Je me vis femme — dit-il — du bout des pieds, jus­qu’à la poi­trine. Mon bas­sin s’é­lar­gis­sait. — … Le haschich avait joué le rôle de révé­la­teur subconscient. »

Tout cela est à exa­mi­ner de très près.

Tandis qu’on palabre.…. à Genève

Au cours d’une mani­fes­ta­tion du « Stahl­helm » (Casque d’a­cier) alle­mand qui grou­pait de 120.000 à 160.000 hommes, l’un des chefs, Seldte, décla­ra que « c’est sur les sacri­fices et les armes que repose la vic­toire ». Le Comi­té de la Fédé­ra­tion natio­nale des anciens com­bat­tants de France, qui compte 700.000 membres, a voté ensuite une motion qui qua­li­fie cette mani­fes­ta­tion de réponse pro­vo­ca­tive lan­cée par les Alle­mands bel­li­queux ; cette motion fait appel au gou­ver­ne­ment pour qu’il ren­force, « dans l’in­té­rêt de la paix », la puis­sance de résis­tance de la France.

Le fas­ciste Léon Dau­det, écrit : « La guerre est cer­taine et elle est proche ». Le Times parle de « l’in­quié­tude géné­rale qui s’est accrue en Europe ces der­niers mois ».

L’or­gane prin­ci­pal de l’«Union pour la Force », l’or­ga­ni­sa­tion de Pil­sud­ski, écrit : « Notre guerre avec l’Al­le­magne frap­pe­ra le monde d’é­ton­ne­ment. Des holo­caustes immenses et qui dépassent toute ima­gi­na­tion humaine seront nécessaires…»

Au congrès du par­ti radi­cal fran­çais, Ber­trand de Jou­ve­nel a décla­ré qu’a son avis, dans la situa­tion actuelle, ni la Socié­té des Nations, ni le trai­té de Locar­no, ni le pacte Kel­logg ne peuvent empê­cher une guerre.

Tan­dis que, par suite de la crise éco­no­mique, presque toutes les valeurs dimi­nuent, il existe cepen­dant une remar­quable excep­tion, que relève la Frank­fur­ter Zei­tung : celle de l’in­dus­trie de guerre. Au cours de cette année, les actions des usines de Vickers (Angle­terre), de Schnei­der du Creu­sot (France) et de Hot­ch­kiss ont mon­té len­te­ment mais sûrement.

L’in­dus­trie anglaise de l’a­via­tion a reçu de l’é­tran­ger, pen­dant ces der­nières semaines, des com­mandes d’a­vions et de moteurs pour un mon­tant de plu­sieurs cen­taines de mil­liers de livres ster­ling. Aucun pays n’ex­porte autant d’a­vions et de moteurs que l’An­gle­terre. Par­mi ses clients figurent entre autres les gou­ver­ne­ments japo­nais et fran­çais. De même, 8 appa­reils Hand­ley Page pou­vant conte­nir 40 pas­sa­gers viennent d’être livrés aux Impé­rial Air­ways pour le ser­vice à des­ti­na­tion des Indes anglaises.

L’ar­tille­rie néer­lan­daise se com­pose en par­tie d’an­ciens canons anglais fabri­qués par Vickers, et dont 30 ont été ache­tés par la Hol­lande lors de l’armistice.

La Suède exporte actuel­le­ment deux fois plus d’armes qu’en 1923. 

(Ser­vice de la Presse de la C.I.A.).

Raoul Colin gravement blessé.

Un stu­pide acci­dent a immo­bi­li­sé notre cama­rade Raoul Colin, l’a­ni­ma­teur du groupe d’é­tudes sociales d’Or­léans ; Colin était un « dévoué », conci­liant et large d’es­prit, ami de l’en dehors et qui ne man­quait jamais aucune de nos petites réunions de la cité St-Joseph. Très sérieu­se­ment bles­sé, nous espé­rons néan­moins qu’il par­vien­dra à se remettre de ses bles­sures et que nous le rever­rons ren­du à une acti­vi­té que nous vou­drions voir imi­tée par de nom­breux compagnons.

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