La Presse Anarchiste

Échos et coups de griffe..

CE PAUV’ BENOIT

Le Benoît Tiaré de toute la catholic­ité à croix-de-guerre a ren­du — moins benoîte­ment qu’on ne pense — avec son âme, son tabli­er à son divin patron…

Avait-il assez d’être toutes ses nuits tiré par les pieds, au son des orgues et des oph­i­cléides marte­lant la « Danse macabre » ? Mais à qui fera-t-on croire qu’un pape — el papa ! — clabote ain­si sans élé­gance, comme un gabe­lou retraité, une marchande des qua­tre-saisons, d’un sale et vieux catarrhe ? — Pouah ! Mieux : — d’un vil catarrhe matéri­al­iste qui s’ob­sti­na à ne point se laiss­er pren­dre aux prières req­ui­s­es en hâte et pre­scrites par le corps médi­cal vaticaneux ?

Dieu le Père — mes enfants ! — limoge ses fastueux Kor­ri­g­ans de façon plus digne, plus décemment :

Un grand sor­ci­er de « la Sainte Église apos­tolique et romaine », ça tré­passe d’or­di­naire cra­vaté d’une jar­retière de couleur ten­dre — ou le bedon gon­flé et tout vert — ou le nom­bril saint col­ichemardé, comme ça en douce…

Générale­ment — Tra­di­tion, voyez ! — un pape, c’est occis par les « papa­bili ! » Doux Jésus…

Benoît XV le fut sans doute — Lui — par les crachats posthumes de 15 mil­lions de ses fils…

CLARTÉ ?

Tromperie sur la marchandise.

CRAPAUD !

Il est de son temps. Le temps de Picabia. 

C’est aus­si celui des binet-valmériens recru­teurs aux éten­dards trotskystes…

Le citoyen André Gybal — qui depuis peu ne signe plus Alces­te… est de son temps, bien de son temps — « avec son temps » comme dit le gros.

C’est pourquoi toutes les bêtasseries néo-pom­pières des bap­tistes de la Bar­bouille, tout ce qui, en art, est le reflet cri­ant de la plus abjecte déchéance du Riche, la preuve irréfragable de la plus lam­en­ta­ble décom­po­si­tion de la société bour­geoise en la pre­mière moitié de ce siè­cle trou­ve chez cet ancien faux Alces­te un sec­ourable et ines­timable choix de pon­cifs : los et dithyra­mbes interchangeables !

Il est donc nor­mal que sacrant beauté ce que Flaubert appelait aus­si de la m…, Gybal soit devenu le fer­vent zéla­teur des poli­tiques du capo­ral­isme inté­gral… en bavant sur les chauss­es de Romain Rolland.

V’LA LE PLAISIR, MESDAMES !

Au théâtre Sarah-Bern­hardt. Le rideau descend lente­ment sur une fin d’acte de « la gloire ». Les applaud­isse­ments crépi­tent. Les mains des femmes bat­tent, bat­tent : Entr’acte, et pro­jec­tion lumineuse ; on lit sur l’écran : Lan­dru est con­damné à la peine de mort. Les mains des femmes bat­tent, bat­tent!… Elles bat­tirent longtemps. Des rires grincèrent dans une salve de bravos !

Ce soir-là, le suc­cès de l’Homme Rouge des assis­es de Ver­sailles — M. l’av­o­cat général Gode­froy — fit pâlir celui de Mau­rice Ros­tand… Les gorges nues buvaient du sang. Et la putasserie paten­tée des fau­teuils de bal­con se remit à fein­dre de se régaler d’art — avec du rouge, un peu plus de rouge aux lèvres…

L’av­o­cat général Gode­froy est une manière d’artiste. D’ailleurs, il présidait, en province avant la « Valse bleu-hori­zon », une société de l’art…

— Non, l’a­mi, erreur :

… Pas de l’art de tuer les pau­vres, les malades ou les révoltés — ou bien encore les avo­cats généraux man­qués n’ayant eu cure d’in­scrip­tion à la Fac’ de Droit, — mais de l’art tout court, la Société de l’art à l’é­cole ! Deibler en était sans doute, à titre de mem­bre bienfaiteur.

Lui aus­si, Mon­sieur de Paris, va se délecter… Police, Presse, arti­sans de « l’af­faire Lan­dru » pour le compte du gou­verne­ment qui les paye et les douze brutes innom­ma­bles, com­plices de l’Homme-Rouge, héri­ti­er de la méth­ode Mor­net ; Presse, Police, enjupon­nés de pré­toire et de sac­ristie vont jazzban­der autour du couperet, ves­tige unique des « nobles con­quêtes répub­li­caines » — V’là le plaisir, Mes­dames ! — car la Cour de Cas­sa­tion a rejeté le pour­voi de Landru.

FAIS VOIR TON SCEPTRE !

Il y a du pen­du cet hiv­er, à Paris.

La Faim. — com­plice du Froids — cogne le gong du dés­espoir aux tem­pes des Sans-le-sou, des Ventres-creux.

Et la lune, ici et là, en la nuit sibéri­enne, regarde se bal­ancer nu pen­du mai­gre dans les galetas…

O électeurs !

O peu­ple souverain !

Avant que d’aller faire voguer ta tripe vide, démoc­ra­tique et racornie sous la panse des pénich­es, — avant que d’al­lumer le réchaud étouf­feur du lamen­to de tes petits, lis-moi — sou­verain quin­quagé­naire ! — lis-moi, étalée dans tous les jour­naux, cette nou­velle qui, en d’autres temps moins cyniques, eût soulevé les pavés de l’émeute… Lis-moi ça — et fais voir ton sceptre !

«… Il restait hier aux Halles, dimanche 12 févri­er, à l’is­sue du marché, 59.000 kilos de pois­sons. Il en a été déposé 5.900 kilos au frigorifique. »

Et le reste — soit 53.200 kilos ! — à l’égout.

SANS IMPORTANCE

Libre à M. Paul Bru­lat — homme libre : puisque de la « tri­bune libre pour tous les hommes libres », de dis­sert­er sur la lib­erté en… liberticide…

Ce pau­vre M. Paul Bru­lat — oh ! la gangue, la gangue !… — vient tout bénév­ole­ment, aujour­d’hui 5 févri­er (voir le J. du P.), de se met­tre sur les rangs, de ces poux-de-let­tres — agrip­pés aux flancs gras de la dém­a­gogie social-démoc­rate aux­quels s’ap­plique comme sur mesure, ce mot de Proud­hon : « l’art du style leur tient lieu de rai­son et moralité. »

Eh ! oui.

Cepen­dant que…

«… Par les airs sidéraux monte, en plein ciel, droite comme un héros, la claire Tour qui sur les flots domine », dans le Lan­der­nau des let­tres-frac­tion « d’a­vant-garde », entre le tas de fumi­er et la fos­se à purin :

— Ça brait… ça glougoute…

Et ça n’a pas d’importance.

Mous­tarde


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