La Presse Anarchiste

Expulsion de 9 individus de la section de Madrid

Nous
voyons dans la Fede­ra­cion de Bar­ce­lone du 21 juillet, que neuf
indi­vi­dus expul­sés de la Sec­tion de Madrid, dont quelques-uns
for­maient le Conseil de rédac­tion de la Eman­ci­pa­cion et
qui sont les dociles ins­tru­ments de M. Lafargue, ont imaginé
de consti­tuer à eux neuf un groupe qui prend le nom de
« Nou­velle Fédé­ra­tion madrilène ».

La
« Nou­velle Fédé­ra­tion madrilène »
a deman­dé, comme l’exigent les Sta­tuts espa­gnols, son
admis­sion au Conseil fédé­ral de la région
espa­gnole. Celui-ci, s’ap­puyant sur le droit que lui donnent les
Sta­tuts, a refu­sé de l’admettre.

Les
iro­nies du sort sont vrai­ment plai­santes ! Voi­là les
hommes de Lafargue, qui ont si fort prô­né les bienfaits
de l’au­to­ri­té, et qui ont vou­lu abso­lu­ment que les Conseils
fussent armés du droit de sus­pendre ou de refu­ser les
Sec­tions, voi­là ces dignes auto­ri­taires deve­nus les premières
vic­times de cette orga­ni­sa­tion tant van­tée ! Et ce sont
des auto­no­mistes, des anar­chistes, — les membres du Conseil fédéral
espa­gnol — qui leur jouent le tour de leur faire sen­tir les
bien­faits de l’autorité.

Il
ne man­que­rait plus, pour que la comé­die fût complète,
que de voir le Conseil géné­ral de Londres, prenant
par­ti pour Lafargue et ses neuf adhé­rents contre la Fédération
espa­gnole, pro­non­cer un ver­dict du genre de celui qu’il a ren­du dans
le conflit entre la majo­ri­té et la mino­ri­té de la
Fédé­ra­tion romande en 1870. Nous ne désespérons
pas de voir Marx déci­der que les ouvriers espa­gnols n’étant
qu’une majo­ri­té fac­tice, tan­dis que la majo­ri­té réelle
est com­po­sée des neuf indi­vi­dus bien pen­sants, les neuf
aco­lytes de son gendre por­te­ront à l’a­ve­nir le titre de
Fédé­ra­tion espa­gnole, et que cette der­nière aura
à se cher­cher un nom quel­conque, comme Fédération
des Pyré­nées ou autre sem­blable. Et alors Lafargue aura
presque éga­lé les lau­riers du glo­rieux Outine !

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