La Presse Anarchiste

Éditorial

Un nou­veau jour­nal ? un nou­veau grou­pe­ment ? Encore un éphé­mère ras­sem­ble­ment de gauchistes !

Non, nous ne sommes ni nou­veaux ni gau­chistes ; mais pour­tant jeunes et ardents, ren­for­cés dans nos convic­tions par le magni­fique mou­ve­ment de mai 1968 ; mais la lutte ouvrière ne date pas d’au­jourd’­hui et nous nous récla­mons des mili­tants de la Pre­mière Inter­na­tio­nale, de ceux de la Com­mune, de la C.G.T. révo­lu­tion­naire d’a­vant 1914, des com­bat­tants des soviets de 1917 à 1921, des mili­tants anar­cho-syn­di­ca­listes de l’Es­pagne révo­lu­tion­naire de 1936, des conseils ouvriers de Hon­grie, de ceux qui aujourd’­hui relèvent la tête en Pologne. L’ex­trême gauche socia­liste nous compte dans ses rangs, mais le gau­chisme qui pré­tend tout faire tout de suite ne nous semble pas réa­liste. Les forces du capi­ta­lisme et de l’É­tat sont immenses et les mettre à bas pour bâtir une socié­té sans classes ni État ne sera ni rapide ni facile ; et la pré­pa­ra­tion de ce grand des­sein exi­ge­ra beau­coup de tra­vail et de cou­rage. L’é­lan spon­ta­né de la force ouvrière par le déchaî­ne­ment de la vio­lence des exploi­tés sera néces­saire, mais pour être ren­du suf­fi­sant doit être orga­ni­sé, préparé.

La lutte des classes — dont on parle tant — n’est pas pour nous le résul­tat de cogi­ta­tions intel­lec­tuelles mais un fait quo­ti­dien. Nous mili­tons dans la C.G.T., la C.G.T.-F.O., la C.F.D.T., la F.E.N., l’U­nion syn­di­cale des trans­ports, des comi­tés de base uni­taires, et nous nous orga­ni­sons en ten­dance — mino­ri­taire certes — pour faire triom­pher les idées-forces du syn­di­ca­lisme révo­lu­tion­naire et libertaire.

Notre pré­sence dans toutes les cen­trales nous per­met de récla­mer avec jus­ti­fi­ca­tion et d’a­gir en leur sein pour l’u­ni­té syn­di­cale sur les bases de la démo­cra­tie, du non-cumul des res­pon­sa­bi­li­tés poli­tiques et syn­di­cales, de la recon­nais­sance des diverses ten­dances du mou­ve­ment ouvrier.

Car l’u­ni­té syn­di­cale n’est non seule­ment néces­saire au niveau confé­dé­ral mais aus­si et sur­tout sur les lieux de tra­vail afin de mettre fin aux que­relles de cha­pelles dans les reven­di­ca­tions ouvrières.

Nous savons les dif­fi­cul­tés qui nous attendent, mais une ten­dance orga­ni­sée nom­mé­ment syn­di­ca­liste peut repré­sen­ter une force avec laquelle les socia­listes par­le­men­taires devront comp­ter, alors que jus­qu’à main­te­nant nous ne sommes allés au com­bat qu’en ordre dis­per­sé, face à des grou­pe­ments cohé­rents qui n’ont de syn­di­ca­liste que le nom.

Pour­quoi « Soli­da­ri­té ouvrière » ? Parce que cette soli­da­ri­té inter­na­tio­nale des tra­vailleurs est réelle ; elle trouve sa source dans la condi­tion sala­riale et la divi­sion de l’hu­ma­ni­té en classes anta­go­nistes, parce qu’elle est la pre­mière cause de l’u­ni­té ouvrière et parce qu’elle sera le levain de la réa­li­sa­tion de la socié­té sans classes ni État.

L’Alliance Syn­di­ca­liste

La Presse Anarchiste