La Presse Anarchiste

Séguy et la démocratie syndicale

Le secré­taire géné­ral de la C.G.T. a fait une inter­ven­tion remar­quée au Congrès des métal­lur­gistes C.G.T. Il a admis le sec­ta­risme des mili­tants de son orga­ni­sa­tion et lan­cé un appel à la démo­cra­ti­sa­tion de la cen­trale cégétiste.

Il pré­cise notamment :

« Si demain nous par­ve­nons à réa­li­ser l’u­ni­té syn­di­cale, il fau­dra bien admettre ceci ou cela. Il s’a­git évi­dem­ment d’al­lu­sions à la com­po­si­tion des orga­nismes de direc­tion et à la vie démo­cra­tique inté­rieure du syn­di­cat. Pour­quoi attendre l’u­ni­té syn­di­cale pour appli­quer ceci ou cela dans la C.G.T. De 1971 ? Ne serait-ce pas un excellent moyen de hâter l’heure de l’u­ni­té et de pro­mou­voir une action syn­di­cale réel­le­ment démo­cra­tique et de masse. »

On peut se poser la ques­tion, à savoir quelles sont les inten­tions réelles de l’ap­pa­reil de la C.G.T., en lan­çant cette cam­pagne de « démo­cra­ti­sa­tion », liée aux nom­breux « mee­tings-débats » orga­ni­sés un peu par­tout dans la période actuelle par la C.G.T. et le P.C. Il ne fait aucun doute que les élec­tions muni­ci­pales n’é­taient pas étran­gères à cette offen­sive de charme.

Mais il y a cer­tai­ne­ment une autre rai­son. Le mou­ve­ment com­mu­niste est en crise. Les évé­ne­ments de Tché­co­slo­va­quie, de Pologne, la crise dans le par­ti fran­çais (Garau­dy, Tillon) le déve­lop­pe­ment et l’im­plan­ta­tion des groupes et orga­ni­sa­tions à gauche du P.C. ne sont sans doute pas étran­gers à l’at­ti­tude inau­gu­rée par Séguy au Congrès des métaux C.G.T. Il faut trou­ver une réponse aux ques­tions de plus en plus nom­breuses posées par les mili­tants dans les usines. Il faut aérer la vieille mai­son, ouvrir portes et fenêtres, don­ner, de plus en plus, l’im­pres­sion que la C.G.T. est habi­table pour tous.

En ce qui nous concerne, syn­di­ca­listes révo­lu­tion­naires, il nous en faut beau­coup plus pour suc­com­ber aux charmes de Séguy et de ses amis.

L’u­ni­té syn­di­cale ne se réa­li­se­ra pas à par­tir de décla­ra­tions, élec­to­rales et ras­su­rantes, de congrès.

Pour démon­trer sa réelle volon­té de réuni­fi­ca­tion, la C.G.T. doit répondre sans détour à quelques ques­tions pré­cises, que pour notre part, à L’A.S.R.A.S., nous avons résolues.

Dans notre décla­ra­tion de prin­cipes, nous disons en effet :

« L’Al­liance pro­pose pour l’é­tude et la déter­mi­na­tion à la base des condi­tions de la réuni­fi­ca­tion ouvrière future, les prin­cipes suivants :
– Libre expres­sion — et repré­sen­ta­tion — de toutes les tendances.
– Non-cumuls des man­dats poli­tiques et syndicaux.
– Sup­pres­sion du car­rié­risme syn­di­cal par la limi­ta­tion de la durée des man­dats syn­di­caux à tous les éche­lons, et le contrôle per­ma­nent des man­dats et délégués. »

À quoi on peut ajou­ter : élec­tion des res­pon­sables à bul­le­tins secrets.

Enfin, comme preuve de bonne volon­té, on pour­rait pro­po­ser aux res­pon­sables de la C.G.T. d’ac­cep­ter la révi­sion des pro­cès ayant abou­ti à l’ex­clu­sion de nom­breux mili­tants de la C.G.T., « cou­pables » d’a­voir mis en doute la jus­tesse de la ligne offi­cielle ! Chiche !

Groupe métaux Bordeaux

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