La Presse Anarchiste

Grève R.N.U.R. Le Mans

Dans la nuit du 2 au 3 mai, les quatre-vingt-deux O.S. de la chaîne de mon­tage des trans­mis­sions de l’u­sine Renault débraient. Le fait que cela se passe la nuit n’est peut-être pas un hasard, les délé­gués syn­di­caux ne sont pas là…

L’o­ri­gi­na­li­té du mou­ve­ment est qu’il s’a­git d’une grève des seuls O.S., qui ont leur propre objectif.

Le len­de­main matin, un vote est effec­tué à l’ap­pel des syn­di­cats. Les O.S. se pro­noncent pour la grève illimitée.

Les pro­fes­sion­nels et les men­suels décident de ne pas se joindre à l’ac­tion. Les reven­di­ca­tions des O.S. ne les concernent pas.

Mais la com­ba­ti­vi­té des autres tra­vailleurs se ren­force. Des débrayages et des mee­tings d’in­for­ma­tion ont eu lieu à Cléon et à Boulogne-Billancourt.

Déjà en 1969, des grèves avaient eu lieu à l’a­te­lier ther­mique pour exi­ger une nou­velle cota­tion de tra­vail. Mais le vrai pro­blème, la refonte de la grille des salaires, n’a­vait pas été réglé.

C’est ce que réclament les 5.500 O.S. du Mans. Cette reven­di­ca­tion s’est expri­mée dans le mot d’ordre : « Pas de coef­fi­cient en des­sous de 150 ! »

La grille des salaires des O.S. va de la classe 5 à la classe 11. Or, 70pour 100 des postes sont dans les classes 5 et 6, c’est-à-dire dans les plus basses.

Les nou­velles machines sur les­quelles les ouvriers tra­vaillent exigent moins de qua­li­fi­ca­tion, mais sup­posent une meilleure connais­sance des tech­niques modernes et elles pro­voquent une ten­sion ner­veuse plus forte. Mais la réforme de la grille des salaires au Mans entraî­ne­rait une modi­fi­ca­tion chez les 50.000 O.S. de la Régie, modi­fi­ca­tion que le pou­voir n’est pas dis­po­sé à accep­ter. La C.G.T. et la C.F.D.T. estiment que le conflit est plus géné­ral et tentent de l’é­tendre aux professionnels.

La C F.D.T. estime qu’une reven­di­ca­tion concerne l’en­semble des tra­vailleurs et sur laquelle elle tente de les sen­si­bi­li­ser : la retraite à soixante ans.

Les pos­si­bi­li­tés existent pour la satis­fac­tion des reven­di­ca­tions : les béné­fices de la Régie s’ac­croissent chaque année ; or, la part des salaires dans la situa­tion finan­cière de la Régie diminue.

Le 4 mai 98pour 100 des ouvriers de l’u­sine Mou­li­nex d’A­len­çon appuient l’ac­tion des syn­di­cats pour deman­der un salaire mini­mum de 800 F, sur la base des qua­rante heures, pour les O.S.

Le mou­ve­ment pour­rait s’é­tendre à d’autres sec­teurs et à d’autres uni­tés de pro­duc­tion de la Régie, en por­tant sur des reven­di­ca­tions plus géné­rales. La C.F.D.T. semble vou­loir géné­ra­li­ser le mou­ve­ment. La jour­née d’ac­tion du 14 mai dans la métal­lur­gie aurait une autre signi­fi­ca­tion si c’é­tait le cas.

Les O.S. de la R.N.U.R. du Mans ont enga­gé une épreuve de force avec le pou­voir. C’est là l’af­faire de toute la classe ouvrière.

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