Ce pays est en état continuel d’effervescence : royalistes et républicains sont en révolte ouverte contre le Gouvernement actuel. Les premiers veulent le retour à l’ancien régime et aux traditions monarchiques, régime d’ignorance et d’obscurantisme sous l’égide du clergé, si réfractaire à toute idée de progrès que nos prêtres français seraient, là-bas, considérés comme des anarchistes. Ces gens-là ne nous intéressent que pour les combattre à outrance. Quant aux autres, ceux qui veulent aller de l’avant, même d’un pas si timide soit-il, nous croyons devoir les encourager. C’est pourquoi nous sommes de tout cœur avec ces démocrates qui osent lever la tête et crier à la face du monde que le régime soi-disant républicain établi par Sidonio Paes n’est qu’une parodie odieuse de la République. Sidonio Paes, nous devons le rappeler ici, a payé son crime envers la démocratie et le peuple ; un républicain, nouveau Brutus, l’a envoyé ad patres, il y a quelques mois.
Dans les grandes cités portugaises, notamment a Lisbonne et à Porto, des manifestations ont eu lien pour demander l’application intégrale de la loi de la séparation de l’Église et de l’État, telle qu’elle existait avant l’avènement du dictateur et despote, Sidonio Paes. À ces manifestations ont pris part de nombreux soldats et marins, qui ont parcouru les rues en chantant l’Internationale.
Enfin, malgré le despotisme qui se couvre du masque de républicain et l’agitation rétrograde des monarchistes, les idées marchent au Portugal, peut-être pas aussi vite que nous le voudrions ; néanmoins, il y a manifestation évidente de progrès. Les libres-penseurs et les syndicalistes y mènent le bon combat, et avec aux, appartenant à l’une ou à l’autre de ces deux organisations, les socialistes et les anarchistes s’efforcent de diriger vers le vrai but, toutes les manifestations populaires. Aussi, nous croyons augurer pour ce pays, dans un avenir proche, un changement de régime qui marquera un grand pas en avant dans l’histoire de la République portugaise.