Les journaux socialistes ont publié l’ordre du jour suivant :
« La section socialiste de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise), considérant qu’en signant l’armistice, les nations belligérantes ont accepté comme base de discussion les quatorze propositions énoncées par le Président Wilson dans son message au Congrès des États-Unis du 8 janvier 1918 ;
Considérant que la sixième de ces propositions spécifie : « La plus libre coopération de toutes les nations du monde en vue de donner à la Russie toute latitude sans entrave ni obstacle, de décider en pleine indépendance de son propre développement politique et de son organisation nationale. »
Considérant que la République Russe des Soviets demande selon son droit à prendre part aux conciliabules de la Paix, qu’elle a fait savoir qu’elle était prête à participer aux dépenses de la guerre et à acquitter les dettes nationales contractées par le gouvernement du tsar ;
Considérant que le ministère Clemenceau-Pichon n’en poursuit pas moins les hostilités contre la République Russe, soit ouvertement par une action militaire, soit sournoisement par l’établissement d’un cordon sanitaire qui a pour but d’affamer le peuple russe ;
Considérant qu’en agissant ainsi, sans même consulter le Parlement dont il fuit les débats, ce ministère déshonore la signature de la France, se fait le serviteur de toutes les réactions d’Europe et de Russie, et va à l’encontre des véritables intérêts de tons les petits rentiers qui, sur la foi des gouvernements, portèrent leurs économies à la Russie ;
Pour ces raisons, la Section socialiste de Saint-Germain-en-Laye invite les élus du Parti socialiste à soulever au Parlement un vaste débat sur l’intervention de la France en Russie, à éclairer par la voie de ses journaux et de ses réunions, l’opinion publique honteusement trompée par la presse gouvernementale, et à profiter de toutes les occasions pour renverser le ministère Clemenceau-Pichon, dont la politique extérieure s’inspire des plus dangereux principes de l’impérialisme, préparant ainsi des guerres futures, tandis que la politique intérieure s’appuie sur toutes les forces de la réaction. »
Nous avons vu, dans le compte rendu d’une récente séance de la Chambre, comment les désirs légitimes du prolétariat sont respectés par les parlementaires!…