La Presse Anarchiste

Où est la liberté

Le mot « liber­té » est écrit un peu par­tout, sur les murs des mai­zons publiques, sur presque tous les inpri­més de l’ad­mi­nis­tra­cion et ailleur. Presque tout le monde se dit par­ti­zan de la liber­té : les ins­ti­tu­teurs, les curés, les per­cep­teurs, les finan­ciers, les huis­siers, les jen­darmes, les ofi­ciers, les dépu­tés, les élec­teurs, les riches et les pauvres, les pro­prié­tères et les fer­miers, les patrons et les ouvriers, les fènéants et les tra­vailleurs, etc. Si bien que je suis à me deman­der ce que c’est que la liber­té. Je pense que j’en trou­ve­rai la défi­ni­cion dans le dic­sio­nère et j’y trouve cète fraze : « facul­té d’a­jir ou de ne pas ajir, de faire ou de ne pas faire. » Réfléchissons.

Pour le père, facul­té d’a­jir ou de ne pas ajir pour le bon­heur ou le maleur de sa fame ou de ses enfants ; pour l’ins­ti­tu­teur, facul­té d’en­nuyer ses élèves en leur fai­zant aprandre la gra­maire ; pour le curé, facul­té de tron­per les âmes au nom de ses dieus qu’il a lui même inven­té ; pour le per­cep­teur, facul­té de deman­der de l’ar­jant pour un maitre qu’il ne conait pas ; pour les huis­siers, facul­té de rui­ner les pauvres au nom des finan­ciers et des pro­prié­té­rès ; pour les jen­darmes, facul­té des pro­cès au nom de la loi a des per­sones qui n’ont point fait de mal ; pour les poli­ciers, facul­té de faire tuer des homes pour leur plai­sir ; pour les dépu­tés, facul­té de vivre aus dépens de leurs, élec­teurs en fai­sant des lois qui ne sont guère moins mau­vaizes que les anciènes : pour lies riches pro­prié­teres, facul­té de vivre aus dépens des pauvres fer­miers en leur fai­sant croire qu’ils crè­ve­raient de faim s’il n’a­vaient pas afaire a de bons pro­prié­tères come eux ; pour les patrons facul­té de tra­vailler par les muscles de leurs ouvriers, mais pas par leurs propres muscles a eus, car ils trouvent que ça serait trop pénible ; pour les fènéants, facul­té. de vivre aus dépens des tra­vailleurs en men­diant, pre­nant ou se fai­zant doner, ce qui est tout un ; pour les pauvres tra­vailleurs, fer­miers ou ouvriers, facul­té de se voir dépouiller du pro­duit de leur tra­vail par toute la bande de pirates modernes.

Est ce ça qu’on apèle liber­té ? Consul­tons encore le dic­sio­nère et voi­la ce qu’il nous dit : « pou­voir de faire tout ce qui ne jène pas la liber­té des ôtres. Contraire : escla­vaje… Enci­ç­lo­pé­die : la liber­té est avec la san­té le bien le plus pré­cieus de l’home, maiz il ne faut pas oublier qu’èle doit egzis­ter pour tout le monde et que, par consé­quant, la liber­té des autres doit limi­ter notre liber­té a nous. La liber­té c’est le droit de fère tout ce qui ne jène pas la liber­té des autres. »

Ain­si donc la liber­té, pour être com­plète, doit s’é­tendre jus­qu’à la liber­té d’au­trui, mais èle ne doit pas aller plus loin ; ain­si, nous avons le droit de vivre mais nous devons lais­ser vivre les autres et per­sone n’a le droit de nous enpè­cher de vivre, car qui­conque porte ateinte à la vie de quel­qu’un, qu’il soit juje ou bou­rau, ofi­cier ou sol­dat, comet un meurtre, c’est un assas­sin digne des tra­vaus forcés.

Nous avons le droit de tra­vailler et de dis­po­zer du fruit de notre tra­vail come il nous convien, mais nous n’a­vons pas le droit d’en­pê­cher les ôtres de tra­vailler ni de les y obli­jer ; et nous n’a­vons pas le droit de nous apro­prier le fruit du tra­vail des autres ; per­sone n’a le droit de s’a­pro­prier ce que nous pro­dui­sons, et qui­conque se fait doner tout ou par­tie du pro­duit du tra­vail d’au­trui, même s’il est pro­prié­tère, est un voleur digne de la pri­zon ; et l’huis­sier, quand il va sai­zir le mobi­lier d’un pauvre tra­vailleur, pour satis­faire les pas­sions des pro­prié­tères et des uzu­riers, est un conplice de ce voleur.

Mais la loi de l’é­tat parle bien ôtre­ment ; èle acorde le titre d’ho­nète home a ceux qui comètent le crime au nom de la loi, et le titre de mal­fai­teur a ceus qui refuzent de por­ter ateinte à la liber­té ou qui veulent conser­ver ou conqué­rir leur liber­té ; celui qui refuze de tuer quel­qu’un en tanp de guère, est trai­té come un assas­sin ; et celui qui refuze de doner le pro­duit de son tra­vail à un pro­prié­tère ou à un uzu­rier, est trai­té come un voleur ; une ména­jère qui achète dez alu­mètes chez l’a­lu­mé­tier du vilaje, à qui fait-èle tort ? Ça n’en­pêche pas que si les employés de la réji la ren­contrent, ils lui font un procès.

Où donc est la liberté ?

Que fau­drat il fère pour nous afran­chir de tous nos opres­seurs afin d’être libres ? Nous conten­te­rons-nous de prier et de regar­der au ciel ? ou bien fau­dra-t-il nous ser­vir de ce que le créa­teur nous done pour nous afran­chir nous-mêmes ? ou bien encore fau­drat-il atendre que les dépu­tés viènent à notre secour ?

Alfonse Chaf­fo

La Presse Anarchiste