La Presse Anarchiste

L’imprimé, la scène, l’écran

RENÉ MARCA : Abstracts (Fusion­nisme pic­tur­al et poé­tique). Ed. de l’au­teur, 2 pl. d’An­vers, Paris 9e. — René Mar­ca me fait l’hon­neur de me man­der cette pla­que­tte, tirée à 425 exem­plaires. J’avoue hum­ble­ment ne pas enten­dre grand-chose à cette poésie et à cette pein­ture, qui pour­raient. évidem­ment. être plus her­mé­tiques. René Mar­ca n’est pas obscur. À titre d’échan­til­lon j’ex­trais d’Ab­stracts un poème « La Fleur et le Fruit » :

A l’époque fraîcheur vous avez dix-huit printemps
La mode est à la nat­te la robe
Assez longue et de fille êtes splen­dide brin tant
Qu’à votre charme tout œil s’enrobe 

À trois lus­tres de là, jeune encore paraissez
Avec les cheveux brefs jupe courte
Et pour vous corseter à bloc point ne paressez
De peur sait-on que la « dupe » écourte :

À trois dimen­sions je veux vous envisager
À qua­tre même aus­si dans l’espace
Être tou­jours pareille et ce mal­gré l’usager
Amour qui s’é­ti­ole et passe !

Que voulez-vous, je ne conçois pas le non-con­formisme intel­lectuel sans clarté et même sans ponctuation !

E. A.

LA RADIO. — Dans « Le Figaro », M. Pierre Seize a soulevé le toit qui recou­vrait le palais où trôné Dame Radio. On se doutait un peu de ce qu’y trou­veraient ceux qui ne reculeraient pas devant une inves­ti­ga­tion un peu sérieuse : ingérence poli­tique, gabe­gie des dépens­es, abus des par­lottes, régime des clans et coter­ies, insuff­i­sance de pas mal d’artistes, dic­tatures abu­sives de cer­tains directeurs, cachets scan­daleux, pléthore de fonc­tion­naires ― et j’en passe. Quant à la vul­gar­ité des émis­sions, nous autres ― les chers audi­teurs ― nous n’avions pas besoin de M. Pierre Seize pour nous en apercevoir. Pour une bonne pièce de théâtre, que de chan­sons d’amour bêtes à faire pleur­er. Il est vrai que pen­dant que le bon peu­ple se pâme à les écouter ― et à s’abru­tir ― l’É­tat a toute pos­si­bil­ité de réduire et réduire encore la marge lais­sée a l’au­tonomie individuelle.

L’ÉTRANGE RÊVE. ― Ceux que la psy­ch­analyse intéresse ver­ront sans déplaisir ce film (Blind Alley). Évidem­ment, c’est de la psy­ch­analyse à l’usage du grand pub­lic. Comme dans tout film améri­cain qui se respecte, ou y trou­vera des gang­sters et tout ce que leur présence peut entraîn­er. Il y a surtout un psy­chi­a­tre qui arrive à démon­tr­er à l’en­ne­mi nº 1, auquel il a arraché le secret d’un rêve, qu’il souf­fre du com­plexe d’Œdipe. Je le répète, sans deman­der à ce film de bonne qual­ité plus que ce qu’il peut don­ner, c’est à voir. Il paraît que la cen­sure vichys­soise aurait stu­pide­ment mutilé la bande orig­i­nale. On aimerait la voir dans sa ver­sion inté­grale. (E. A.)

LA MOUSSON. ― Autre film qui mérite d’être vu. Intérieurs et extérieurs à aspect véridique. Cat­a­stro­phes bien ren­dues. Bons artistes. En ce moment où les rap­ports de l’Inde avec les Anglais sont à l’or­dre du jour, on ne regret­tera pas le temps con­sacré à la vision de cette assez longue bande. Mais je me demande si les spec­ta­teurs qui n’ont pas lu le livre de Brom­field suiv­ront l’in­trigue et les péripéties du film en sachant bien de quoi il retourne ? (E. A.)


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