La Presse Anarchiste

Coment assurer la fonction sexuelle pour bien se porter et vivre longtemps

[[Voir L’U­nique n°10.]]

Il me parait que le cri­tique du Siècle Médi­cal ren­dant compte du livre remar­quable du Dr vien­nois Ste­kel sur les États d’an­goisse ner­veux et leur trai­te­ment, a rai­son d’af­fir­mer que la sexua­li­té imprègne fata­le­ment la psychanalyse.

En effet, dès que l’in­di­vi­du jeune a plus ou moins la sen­sa­tion de son exis­tence, un grand ins­tinct va domi­ner sa vie, celui de la conser­va­tion. Mais, pour l’homme vivant en socié­té, cet ins­tinct, en tant que lutte per­son­nelle contre la mort, ne s’exerce ni impé­rieu­se­ment ni dra­ma­ti­que­ment chaque jour ; au contraire, cet ins­tinct, quand il prend le nom d’ins­tinct sexuel, en s’ap­pli­quant à l’es­pèce et non à l’in­di­vi­du, nous agite plus ou moins obs­cu­ré­ment dès les pre­miers âges de la vie. Sans comp­ter les attraits phy­siques qui sont, dès la pre­mière enfance, atta­chés à cet ins­tinct, il semble que celui-ci, par le fait de son exer­cice, conti­nue indé­fi­ni­ment la vie, assou­vit en l’homme non seule­ment ses besoins de plai­sirs et de ten­dresse, mais aus­si cet obs­cur désir de per­pé­tuelle durée qui a fait peut-être poser à toutes les reli­gions le mirage de la vie éternelle.

Il appa­raît, sans nul doute pos­sible, à qui­conque est de bonne foi, que fort justes sont ces consi­dé­ra­tions d’ordre géné­ral sur le rôle attri­bué par la psy­cha­na­lyse à l’ins­tinct sexuel ; ce qui l’est moins, ce qui est même fran­che­ment condam­nable, ce sont les abus, les exa­gé­ra­tions dont se rendent cou­pables, au dire du Siècle Médi­cal, cer­tains dis­ciples de Freud, les­quels com­pro­mettent ain­si gra­ve­ment la vraie doc­trine de leur maître.

Et ici je cite textuellement :

Il parait que, dans une cli­nique alle­mande fort bien acha­lan­dée [[Ceci avait lieu avant la période hit­lé­rienne.]] et où un habile psy­chiatre a su s’at­ti­rer autant de clients que de renom­mée, on demande aux malades, chaque matin, non seule­ment com­ment ils ont pas­sé la nuit, mais encore s’ils se sont bien masturbés.

Les pauvres anxieux qui sont venus cher­cher là leur gué­ri­son et qui répondent néga­ti­ve­ment à la deuxième de ces ques­tions, sont l’ob­jet de blâme ou de raille­rie, car il a sem­blé plus facile à cer­tains dis­ciples de Freud de croire que l’exa­gé­ra­tion de la recherche des exci­ta­tions géni­tales était le fond de la psy­cha­na­lyse et le trai­te­ment de toutes les mala­dies mentales.

Ces outrances qui dérivent du char­la­ta­nisme et qui sont la créa­tion d’es­prits bor­nés et incultes, ont dis­cré­di­té bien sou­vent la psy­cha­na­lyse, sur­tout dans les pays où on est trop ten­té de manier rapi­de­ment l’i­ro­nie et de voir les côtés plai­sants des philosophies.

Ain­si donc, d’une part, mécon­nais­sance d’une doc­trine encore jeune et que l’on ne peut connaître qu’en pas­sant de longues heures à l’é­tu­dier et à en dépouiller les longs dos­siers cli­niques et expé­ri­men­taux ; d’autre part la peur, l’hy­po­cri­sie ou, au contraire, l’es­prit de gau­driole de beau­coup trop de gens devant les pro­blèmes sexuels, ont contri­bué et contri­buent encore à arrê­ter les pro­grès d’une véri­table science psy­cho­lo­gique de l’in­cons­cient, tout à fait apte à gué­rir un grand nombre de mala­dies men­tales, et aus­si de pré­ve­nir celles-ci en fai­sant béné­fi­cier nos méthodes péda­go­giques d’une meilleure connais­sance de l’âme humaine.

Ceci posé, il est aisé de com­prendre com­bien dif­fi­cile est d’as­su­rer à la fonc­tion sexuelle une norme géné­rale, cette norme variant sui­vant chaque individu.

Il est, par exemple, des tem­pé­ra­ments dits « géné­siques » qui per­mettent, imposent même à ceux qui en sont doués, un rythme fré­quent ; il en est d’autres appe­lés « fri­gides », aux glandes sexuelles plus ou moins défi­cientes qui, spon­ta­né­ment, se sou­met­tront à une période plus distancée.

Ain­si réser­vée, cette ques­tion de tem­pé­ra­ment, qui n’est au fond qu’une ques­tion glan­du­laire, il me parait qu’un seul prin­cipe peut être posé, un seul conseil peut être don­né en ce qui concerne l’ac­com­plis­se­ment de l’acte sexuel. Un vrai natu­riste doit suivre, et il le fera spon­ta­né­ment, la loi de la nature. Il diri­ge­ra son appé­tit sexuel avec la même maî­trise que sa faim ali­men­taire. Il use­ra tou­jours, mais n’a­bu­se­ra jamais. Il atten­dra l’ap­pel de l’a­mour, et cela lui sera d’au­tant plus facile que sera d’au­tant mieux réglée sa fonc­tion nutri­tive, par laquelle il ali­mente sa fonc­tion sexuelle. Nul n’i­gnore, en effet, que les deux sont dans une inter­dé­pen­dance complète.

À ce sujet pour­tant bien des erreurs ont été com­mises, et cela par les mède­cins eux-mêmes.

Je lis, en effet, dans un livre du Dr O. Z. A. Hanisch, inti­tu­lé Régé­né­ra­tion, écrit dans le but de fixer aux lec­teurs les règles d’une bonne hygiène sexuelle :

Comme toutes les glandes du corps dont la fonc­tion est de fil­trer ou de méta­mor­pho­ser les sucs nour­ri­ciers, les glandes sémi­nales (tes­ti­cu­laires et ovaires) sont des­ti­nées à trans­for­mer la lymphe chi­li­fère en suc vital. Après que la par­tie utile des ali­ments a été tra­vaillée par les organes diges­tifs et trans­for­mée en chyle, une par­tie de ce suc passe dans les vési­cules sémi­nales pour y être retra­vaillée par les sucs que sécrètent les organes géni­taux ; la par­tie des sucs ain­si retra­vaillée sert à l’a­li­men­ta­tion du sys­tème céré­bro-spi­nal. En consé­quence, l’en­sei­gne­ment de la régé­né­ra­tion vise à une abon­dante sécré­tion du suc sémi­nal d’une part, de l’autre à habi­tuer les organes à le raf­fi­ner, et l’or­ga­nisme à le résor­ber. On croit sou­vent, et c’est une erreur très grande, que l’ex­pul­sion est néces­saire à la san­té. Et c’est en ver­tu de cette super­sti­tion qu’on laisse les jeunes gens se livrer à la pros­ti­tu­tion, celle-ci est sou­vent sou­te­nue par l’É­tat, et c’est en ver­tu de la même erreur qu’on encou­rage les jeunes filles à se marier prématurément.

Ces faits sont une honte pour la civilisation.

Le Dr Hanisch me per­met­tra de lui faire obser­ver, d’a­près les der­nières don­nées sur la phy­sio­lo­gie des glandes sexuelles de l’homme et de la femme, qu’il y a dans le tes­ti­cule deux glandes abso­lu­ment dif­fé­rentes, l’une la glande sémi­nale, qui secrète le sperme et le déverse dans les vési­cules sémi­nales, pour être pro­je­té au dehors dans l’acte de la fécon­da­tion ; l’autre, dite glande inter­sti­tielle, véri­ta­ble­ment endo­crine, secrète l’hor­mone qui, pas­sée dans le tor­rent cir­cu­la­toire se joint dans le sang aux autres hor­mones pour jouer dans le concert endo­cri­nien, comme le dit le Dr Léo­pold Lévy, son rôle spécifique.

C’est cette hor­mone dont la résorp­tion est capi­tale, et non le sperme, dont l’élé­ment prin­ci­pal, le sper­ma­to­zoïde, est frap­pé de mort dès qu’il ne rem­plit plus son rôle qui est de péné­trer dans l’o­vule et d’y pro­vo­quer la pres­ti­gieuse seg­men­ta­tion d’où sor­ti­ra le nou­vel être.

Compte tenu de cette obser­va­tion ou mieux de cette dis­cri­mi­na­tion endo­cri­no­lo­gique, je crois utile de résu­mer ici ces conseils que le savant méde­cin natu­riste per­san a vul­ga­ri­sés dans la 12e leçon de son livre : Renais­sance indi­vi­duelle. Je le suis donc pas à pas en condensant :

― L’u­nion accom­plie au matin, après une nuit de repos, per­met meilleur contrôle et atten­tion ; les deux com­pa­gnons sont mieux dis­po­sés et pro­fitent davan­tage de l’échange.

Après ablu­tion, ayant réveillé l’ac­ti­vi­té cuta­née et cir­cu­la­toire, il est bon de cou­vrir le lit suf­fi­sam­ment et légè­re­ment, afin de per­mettre un échange de caresses pro­lon­gées ame­nant satis­fac­tion réci­proque et per­met­tant d’é­vi­ter les empor­te­ments regrettables.

L’é­mis­sion du liquide orga­nique fémi­nin ain­si pro­vo­quée, et l’at­ti­tude contrô­lée de la femme, tien­dront en échec la nature élec­trique de l’homme et amè­ne­ront un puis­sant échange magné­tique pro­fi­table à tous deux.

Il ne faut pas oublier que le fluide sémi­nal est, chez l’homme, la quin­tes­sence de la matière orga­nique ; il est une source de force, d’in­tel­li­gence, de lon­gé­vi­té, lors­qu’il est uti­li­sé par l’or­ga­nisme par résorp­tion cor­recte.

Les rai­sons contraires émises par le monde sur ces sujets, le sont en rai­son de l’é­tat phy­sio­lo­gique défec­tueux des indi­vi­dus qu’ils prennent pour exemples, et qui ne peuvent offrir des résul­tats concluants, leurs pos­si­bi­li­tés n’é­tant pas pré­sentes, par suite de l’é­tat d’empoisonnement, d’im­pu­re­té de leurs corps.

L’u­nion jus­te­ment accom­plie par deux être éga­le­ment purs et sains et ani­més de même sen­ti­ment d’a­mour et de pen­sées droites, est une renais­sance, un épa­nouis­se­ment orga­nique et cérébral.

L’u­nion incor­recte, ter­mi­née par émis­sions, paroxysmes, est une cause de ruine, par gas­pillage de la semence géné­ra­trice qui ne doit quit­ter l’homme que pour ame­ner une naissance.

…Ces émis­sions sont non seule­ment nui­sibles à la vie, qu’elles dés­équi­librent, mais encore elles abrègent cette vie, après l’a­voir rem­plie d’er­reurs, de souf­frances et de misères…

Tou­jours, comme on voit, la même confu­sion, glan­du­laire com­mise par l’auteur.

… Lorsque le sperme a atteint son ultime degré de déve­lop­pe­ment maté­riel, avant d’être propre à être réas­si­mi­lé par l’or­ga­nisme, il doit encore subir un pro­ces­sus de trans­for­ma­tion, de conver­sion auquel contri­bue gran­de­ment l’ac­tion de l’air et du soleil.

Il est donc indis­pen­sable d’ex­po­ser assez fré­quem­ment les organes à l’air et au soleil.

Le contrôle de la pen­sée per­met d’é­vi­ter, à la longue, tout dan­ger d’é­mis­sion involontaire.

Cette facul­té de contrôle peut s’é­ta­blir tout aus­si bien, par exemple, que l’exer­cice conscient d’une res­pi­ra­tion pro­fonde. Lorsque cette facul­té devient constante, elle est tou­jours main­te­nue et toute émis­sion invo­lon­taire est alors sup­pri­mée. Ce dan­ger com­mence à dimi­nuer et s’é­carte défi­ni­ti­ve­ment, lais­sant toute pos­si­bi­li­té d’u­nions conscientes, soit en vue d’é­changes, soit en vue de procréation.

La pen­sée droite, la concen­tra­tion, la volon­té jouent là un rôle impor­tant, et lors­qu’on est par­ve­nu à les ame­ner à diri­ger les mani­fes­ta­tions phy­siques, il en résulte pour l’in­di­vi­du des bien­faits immenses, en rai­son du contrôle par­fait que celui-ci exerce sur ses fonc­tions et sur toutes ses impul­sions et pensées.

À l’homme de nature trop maté­rielle, cela peut sem­bler d’a­bord un pénible sacri­fice que d’é­vi­ter l’é­mis­sion et de renon­cer à des habi­tudes invé­té­rées. La femme, même, qui s’est gra­duel­le­ment lais­sée, déchoir, a de la peine à retrou­ver digne contrôle et atti­tude juste. Mais, de même qu’il est pos­sible de redres­ser de fausses habi­tudes ali­men­taires, de se cor­ri­ger et de sup­pri­mer des excès de bois­son, on peut tout aus­si bien par­ve­nir à retrou­ver digni­té et contrôle dans les ques­tions sexuelles.

Il est de même par­fois indi­qué de s’abs­te­nir de rela­tions jus­qu’à par­ve­nir à être capable de volon­té et de maî­trise par une com­plète réédu­ca­tion orga­nique. Lorsque l’homme a péné­tré et com­pris le but des fonc­tions géné­ra­trices, il ne retombe plus jamais dans les anciennes erreurs qui pro­curent sim­ple­ment, par­fois, une satis­fac­tion momen­ta­née, qui doit être payée par com­bien de misères, de souf­frances durables et de déchéances men­tales et organiques !

En ce qui concerne l’or­gasme, voi­ci résu­mée la pen­sée de l’auteur :

Il peut être utile, au début de l’é­ta­blis­se­ment de la juste réforme, de pré­pa­rer, de pré­ve­nir l’or­gasme long­temps d’a­vance, alors qu’il est encore loin de devoir se pro­duire, si l’on craint que la volon­té ne soit pas assez forte pour inter­ve­nir au der­nier moment. Il faut alors détendre le corps tout entier, en res­pi­rant pro­fon­dé­ment déjà avant que se fasse sen­tir le fris­son pré­cé­dant l’é­mis­sion. Les époux doivent alors évi­ter tout mou­ve­ment et orien­ter leurs pen­sées sur le dom­mage mutuel que leur cau­se­rait leur manque de maî­trise, et se rap­pe­ler com­bien, au contraire, leur volon­té et désir d’une juste coopé­ra­tion, dans une union cor­recte, leur appor­te­ra. à tous deux de san­té, de paix et d’harmonie.

Il faut com­prendre que l’exer­cice du contrôle et la par­ti­ci­pa­tion de la pen­sée consciente, n’a pas pour seul but de pro­lon­ger l’acte en vue de la simple satis­fac­tion sexuelle ; car, dans ce cas, le but étant pure­ment maté­riel et même ani­mal, il y man­que­rait fata­le­ment l’in­dis­pen­sable pen­sée consciente, qui seule peut orien­ter le fluide vers la conver­sion et assi­mi­la­tion par l’organisme.

Les fluides pré­cieux seraient alors per­dus pour l’or­ga­nisme, leur vraie des­ti­na­tion ne serait pas atteinte et la fatigue impo­sée aux organes si déli­cats de la géné­ra­tion résul­te­rait en troubles orga­niques inévitables.

Après quelques essais, ou ira encore plus loin dans la juste exé­cu­tion ; au der­nier moment, alors que l’or­gasme est tout près de se pro­duire, on l’é­vite, on détourne les fluides en déten­dant le corps tout entier, en res­pi­rant très pro­fon­dé­ment comme déjà dit plus haut.

Ceci est un pas de plus, mais n’est pas encore le résul­tat par­fait auquel il est per­mis d’at­teindre. Après de patients essais, il devien­dra pos­sible non seule­ment de pro­lon­ger l’acte pen­dant plu­sieurs heures, mais on aura acquis une maî­trise suf­fi­sante sur l’or­ga­nisme, pour pas­ser par le fris­son et même l’or­gasme, sans qu’il se pro­duise d’émission.

Le fluide sémi­nal est alors, en ver­tu de la réédu­ca­tion de l’or­ga­nisme et de l’af­fi­ne­ment pro­gres­sif de ses voies d’ab­sorp­tion — vais­seaux lym­pha­tiques engor­gés et inopé­rants dans la plu­part des cas — résorbe et conver­ti grâce au pro­ces­sus d’éthérialisation.

Le paroxysme émo­tif et le plai­sir éprou­vés au moment de l’or­gasme, ne sont pas dûs à l’é­mis­sion, comme on le croit géné­ra­le­ment. Évi­dem­ment, pour l’in­di­vi­du se trou­vant encore sur le plan plus ani­mal qu’­hu­main, peu déve­lop­pé mora­le­ment et intel­lec­tuel­le­ment, le fris­son, l’or­gasme et l’é­mis­sion ne repré­sentent qu’une seule et même chose. Les trois phases se suc­cèdent si rapi­de­ment qu’elles se confondent et qu’il est inca­pable de faire entre elles aucune distinction.

Il est donc abso­lu­ment pos­sible, ceci est bien éta­bli, de contrô­ler, de pré­ve­nir l’é­mis­sion de liquide sémi­nal au moment de l’u­nion et à tout autre moment où elle se pro­dui­rait accidentellement.

Au moment où l’é­change pro­vo­qué par l’é­treinte atteint chez l’un ou l’autre des époux son maxi­mum d’in­ten­si­té, se mani­feste la com­plète expres­sion de plai­sir. Ce cou­rant éta­blit dans l’or­ga­nisme le pro­ces­sus d’ « électrification ».

C’est ce pro­ces­sus d’élec­tri­fi­ca­tion qui, lors de l’or­gasme, agit sur les fonc­tions géné­ra­trices et pro­voque la conver­sion de la semence vitale pour la réfec­tion, la géné­ra­tion individuelle.

La semence, à moins que d’être consciem­ment orien­tée et conduite en vue de sa résorp­tion, par le contrôle de la pen­sée et la réédu­ca­tion des réseaux lym­pha­tiques spé­cia­le­ment des­ti­nés à cet effet, s’é­chappe au dehors par le canal d’émission.

Lors­qu’on par­vient, par maî­trise de soi, à fondre le cou­rant magné­tique avec le déga­ge­ment d’élec­trisme, il devient pos­sible d’é­prou­ver le fris­son et l’or­gasme, sans que l’or­ga­nisme éprouve une déper­di­tion, sans que se pro­duise l’é­mis­sion finale de la pré­cieuse semence réser­vée a la pro­créa­tion ou à la régé­né­ra­tion. Les sen­ti­ments des deux par­ties res­tent ain­si tou­jours pleins d’at­ti­rance et d’in­té­rêt mutuels, alors que l’u­nion cou­rante amène las­si­tude, affai­blis­se­ment et dégoût mutuel.

N’é­tait la confu­sion per­sis­tante que fait l’au­teur entre les deux glandes, son point de vue est ori­gi­nal et mérite réflexion.

Reste à élu­ci­der la dépense éner­gé­tique que com­porte l’acte sexuel. Cette dépense est énorme, disons-le tout de suite. Il est évi­dem­ment mal­ai­sé de cal­cu­ler la libé­ra­tion d’éner­gie que com­porte le coït nor­mal ou anor­mal, mais peut-être l’emporte-t-elle sur celle que néces­site un effort puis­sant de cérébration.

On a essayé de mesu­rer la quan­ti­té de cha­leur déga­gée par celui-ci, mais on ne sait rien de celle qui, chez l’homme, accom­pagne l’or­gasme sexuel, cet orgasme qui du sage le plus aus­tère, du plus grave phi­lo­sophe, fait, pour quelques secondes une bête déli­rante, une sorte de brute bavante et fré­mis­sante par toutes les fibres de son corps.

Il est pro­bable, mais on n’en sait rien, que l’or­gasme fémi­nin n’a pas la vio­lence éner­gé­tique du spasme mas­cu­lin. Seul, un her­ma­phro­dite vrai, comme l’es­car­got, pour­rait élu­ci­der le problème.

Il est éga­le­ment, dif­fi­cile d’é­ta­blir au même point de vue une com­pa­rai­son entre l’é­la­bo­ra­tion de l’o­vule, du corps jaune, par l’o­vaire, et l’é­la­bo­ra­tion du sper­ma­to­zoïde, et je crois qu’en fai­sant entre les deux, une qua­si-assi­mi­la­tion, le Dr Hanisch se risque un peu.

Tou­te­fois, il se rap­proche bien plus des vraies don­nées endo­cri­no­lo­giques lors­qu’il dit que le corps jaune, par sa for­ma­tion dans l’o­vaire, entre­tient la jeu­nesse et les forces vives de la femme.

Il a peut-être aus­si rai­son lors­qu’il dit que les peuples non civi­li­sés ne consi­dèrent pas les règles de la femme comme une fai­blesse, mais au contraire comme une source de force.

Elles ne sont deve­nues une fai­blesse, ain­si que je l’ai déjà dit dans ma Bible du Natu­riste, que par la désor­ga­ni­sa­tion de la vie qu’en­traî­na l’é­man­ci­pa­tion du rut cyclique.

Enfin, l’on ne doit jamais oublier qu’il est impro­bable que la femme soit à même de goû­ter com­plè­te­ment le plai­sir sexuel dès le début du mariage, il faut une accou­tu­mance. L’homme doit se rendre compte que la femme n’est pas tou­jours dis­po­sée à répondre à ses ten­dresses, mais qu’il y a sur­tout et par les lois phy­sio­lo­giques cer­tains moments, spé­cia­le­ment indi­qués, qu’elle res­pecte et suit. La femme déli­cate n’ac­cepte le témoi­gnage d’a­mour que si elle est appro­chée gra­duel­le­ment et très dou­ce­ment. Des paroles douces, des caresses nuan­cées, un tact par­fait l’a­mè­ne­ront à répondre au désir de son com­pa­gnon, alors que la moindre tri­via­li­té ou hâte peuvent la rebu­ter sans appel.

Il faut aus­si que l’homme sache que lors­qu’une femme exprime son amour et marque un désir de caresses, cela n’in­dique pas tou­jours qu’elle désire l’u­nion complète. 

Lors­qu’en toute confiance et ten­dresse l’un pour l’autre, deux amants s’en­tre­tiennent, rêvent et jouent comme des enfants heu­reux, simple contact de leurs mains unies, de leurs visages pres­sés joue à joue, tout cela ten­dre­ment, les com­ble­ra, les apai­se­ra, les for­ti­fie­ra et élè­ve­ra leurs sen­ti­ments jus­qu’à la conscience d’une affi­ni­té par­faite et leur bon­heur sera aus­si grand que celui appor­té par l’u­nion complète.

Pour que celle-ci devienne par­faite et féconde, que l’homme sache ceci :

La matu­ra­tion de l’o­vule dans l’o­vaire demande une période de quatre semaines avant que s’ef­fec­tue sa péné­tra­tion dans la matrice où il séjour­ne­ra de trois à quinze jours. Il est donc plau­sible d’en­vi­sa­ger avant la pro­créa­tion un temps de pré­pa­ra­tion de six semaines pour obte­nir les résul­tats vou­lus. La période de réten­tion de l’o­vule dans la matrice varie selon les condi­tions de consti­tu­tion indi­vi­duelle, mais elle est à peu près la même, chaque mois, chez une même femme (résorp­tion du corps jaune par l’or­ga­nisme). Pour qu’une femme sache à quel moment elle peut ou non conce­voir, il faut qu’elle par­vienne à déter­mi­ner à quel moment exact l’o­vule sort de la matrice dans son cas particulier.

Et voi­ci ce que lui conseille le Dr Hanisch :

Dès l’ap­pa­ri­tion des règles, elle doit gar­nir soi­gneu­se­ment l’o­ri­fice du vagin avec une fine mous­se­line afin de sur­veiller la sor­tie de l’o­vule et exa­mi­ner éga­le­ment atten­ti­ve­ment l’u­rine au cas où l’o­vule s’é­chap­pe­rait pen­dant l’émission.

L’o­vule pré­sente l’ap­pa­rence d’une sorte de gra­nule de tex­ture assez com­pacte. Il arrive que deux ovules passent à la fois : la femme peut alors pro­créer deux jumeaux…

De ceci, il résulte que l’homme doit être tout par­ti­cu­liè­re­ment atten­tif aux périodes mens­truelles de la femme aimée. C’est cette période que j’ap­pel­le­rai : de concen­tra­tion amou­reuse, qui doit domi­ner la vie com­mune. Chez la plu­part des femmes, comme ves­tige du rut cyclique, le désir naît au cours de cette période et l’a­mant déli­cat doit tou­jours être prêt à le satisfaire.

Les amants jaloux le savent bien, et ils redoublent à ce moment-là leur inquiète surveillance.
Telles sont les consi­dé­ra­tions à la fois phy­sio­lo­giques et morales que tout natu­riste sou­cieux de suivre, au point de vue sexuel, les lois de la nature, ne doit jamais perdre de vue.

Je conclus donc que le natu­riste, homme ou femme, en matière d’a­mour, doit se conduire comme en matière de nutri­tion sui­vant cette loi. Enfin et sur­tout. il n’ou­blie­ra jamais qu’un coït pro­vo­qué est un coït mal­fai­sant : l’éner­gie ain­si libé­rée est une éner­gie lâchée ou plu­tôt une éner­gie prise sur le fond de réserve dont l’in­té­gri­té est néces­saire à la santé.

Tan­dis que l’acte sexuel, né du désir nor­mal, et natu­rel­le­ment ou non accom­pli, consti­tue le plus pré­cieux adju­vant. pour main­te­nir celle-ci et obte­nir à la fois rajeu­nis­se­ment et longévité. 

Dr Paul Vigné d’Oc­ton [[Ici s’a­chève le manus­crit en notre possession.]]

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