La Presse Anarchiste

Coment assurer la fonction sexuelle pour bien se porter et vivre longtemps

[[Voir L’U­nique n°10.]]

Il me parait que le cri­tique du Siè­cle Médi­cal ren­dant compte du livre remar­quable du Dr vien­nois Stekel sur les États d’an­goisse nerveux et leur traite­ment, a rai­son d’af­firmer que la sex­u­al­ité imprègne fatale­ment la psychanalyse.

En effet, dès que l’in­di­vidu jeune a plus ou moins la sen­sa­tion de son exis­tence, un grand instinct va domin­er sa vie, celui de la con­ser­va­tion. Mais, pour l’homme vivant en société, cet instinct, en tant que lutte per­son­nelle con­tre la mort, ne s’ex­erce ni impérieuse­ment ni dra­ma­tique­ment chaque jour ; au con­traire, cet instinct, quand il prend le nom d’in­stinct sex­uel, en s’ap­pli­quant à l’e­spèce et non à l’in­di­vidu, nous agite plus ou moins obscuré­ment dès les pre­miers âges de la vie. Sans compter les attraits physiques qui sont, dès la pre­mière enfance, attachés à cet instinct, il sem­ble que celui-ci, par le fait de son exer­ci­ce, con­tin­ue indéfin­i­ment la vie, assou­vit en l’homme non seule­ment ses besoins de plaisirs et de ten­dresse, mais aus­si cet obscur désir de per­pétuelle durée qui a fait peut-être pos­er à toutes les reli­gions le mirage de la vie éternelle.

Il appa­raît, sans nul doute pos­si­ble, à quiconque est de bonne foi, que fort justes sont ces con­sid­éra­tions d’or­dre général sur le rôle attribué par la psy­ch­analyse à l’in­stinct sex­uel ; ce qui l’est moins, ce qui est même franche­ment con­damnable, ce sont les abus, les exagéra­tions dont se ren­dent coupables, au dire du Siè­cle Médi­cal, cer­tains dis­ci­ples de Freud, lesquels com­pro­met­tent ain­si grave­ment la vraie doc­trine de leur maître.

Et ici je cite textuellement :

Il parait que, dans une clin­ique alle­mande fort bien acha­landée [[Ceci avait lieu avant la péri­ode hitléri­enne.]] et où un habile psy­chi­a­tre a su s’at­tir­er autant de clients que de renom­mée, on demande aux malades, chaque matin, non seule­ment com­ment ils ont passé la nuit, mais encore s’ils se sont bien masturbés.

Les pau­vres anx­ieux qui sont venus chercher là leur guéri­son et qui répon­dent néga­tive­ment à la deux­ième de ces ques­tions, sont l’ob­jet de blâme ou de rail­lerie, car il a sem­blé plus facile à cer­tains dis­ci­ples de Freud de croire que l’ex­agéra­tion de la recherche des exci­ta­tions géni­tales était le fond de la psy­ch­analyse et le traite­ment de toutes les mal­adies mentales.

Ces out­rances qui dérivent du char­la­tanisme et qui sont la créa­tion d’e­sprits bornés et incultes, ont dis­crédité bien sou­vent la psy­ch­analyse, surtout dans les pays où on est trop ten­té de manier rapi­de­ment l’ironie et de voir les côtés plaisants des philosophies.

Ain­si donc, d’une part, mécon­nais­sance d’une doc­trine encore jeune et que l’on ne peut con­naître qu’en pas­sant de longues heures à l’é­tudi­er et à en dépouiller les longs dossiers clin­iques et expéri­men­taux ; d’autre part la peur, l’hypocrisie ou, au con­traire, l’e­sprit de gau­dri­ole de beau­coup trop de gens devant les prob­lèmes sex­uels, ont con­tribué et con­tribuent encore à arrêter les pro­grès d’une véri­ta­ble sci­ence psy­chologique de l’in­con­scient, tout à fait apte à guérir un grand nom­bre de mal­adies men­tales, et aus­si de prévenir celles-ci en faisant béné­fici­er nos méth­odes péd­a­gogiques d’une meilleure con­nais­sance de l’âme humaine.

Ceci posé, il est aisé de com­pren­dre com­bi­en dif­fi­cile est d’as­sur­er à la fonc­tion sex­uelle une norme générale, cette norme vari­ant suiv­ant chaque individu.

Il est, par exem­ple, des tem­péra­ments dits « génésiques » qui per­me­t­tent, imposent même à ceux qui en sont doués, un rythme fréquent ; il en est d’autres appelés « frigides », aux glan­des sex­uelles plus ou moins défi­cientes qui, spon­tané­ment, se soumet­tront à une péri­ode plus distancée.

Ain­si réservée, cette ques­tion de tem­péra­ment, qui n’est au fond qu’une ques­tion glan­du­laire, il me parait qu’un seul principe peut être posé, un seul con­seil peut être don­né en ce qui con­cerne l’ac­com­plisse­ment de l’acte sex­uel. Un vrai natur­iste doit suiv­re, et il le fera spon­tané­ment, la loi de la nature. Il dirig­era son appétit sex­uel avec la même maîtrise que sa faim ali­men­taire. Il usera tou­jours, mais n’abusera jamais. Il atten­dra l’ap­pel de l’amour, et cela lui sera d’au­tant plus facile que sera d’au­tant mieux réglée sa fonc­tion nutri­tive, par laque­lle il ali­mente sa fonc­tion sex­uelle. Nul n’ig­nore, en effet, que les deux sont dans une inter­dépen­dance complète.

À ce sujet pour­tant bien des erreurs ont été com­mis­es, et cela par les mèdecins eux-mêmes.

Je lis, en effet, dans un livre du Dr O. Z. A. Hanisch, inti­t­ulé Régénéra­tion, écrit dans le but de fix­er aux lecteurs les règles d’une bonne hygiène sexuelle :

Comme toutes les glan­des du corps dont la fonc­tion est de fil­tr­er ou de méta­mor­phoser les sucs nourriciers, les glan­des sémi­nales (tes­tic­u­laires et ovaires) sont des­tinées à trans­former la lym­phe chilifère en suc vital. Après que la par­tie utile des ali­ments a été tra­vail­lée par les organes diges­tifs et trans­for­mée en chyle, une par­tie de ce suc passe dans les vésicules sémi­nales pour y être retra­vail­lée par les sucs que sécrè­tent les organes géni­taux ; la par­tie des sucs ain­si retra­vail­lée sert à l’al­i­men­ta­tion du sys­tème cérébro-spinal. En con­séquence, l’en­seigne­ment de la régénéra­tion vise à une abon­dante sécré­tion du suc sémi­nal d’une part, de l’autre à habituer les organes à le raf­fin­er, et l’or­gan­isme à le résor­ber. On croit sou­vent, et c’est une erreur très grande, que l’ex­pul­sion est néces­saire à la san­té. Et c’est en ver­tu de cette super­sti­tion qu’on laisse les jeunes gens se livr­er à la pros­ti­tu­tion, celle-ci est sou­vent soutenue par l’É­tat, et c’est en ver­tu de la même erreur qu’on encour­age les jeunes filles à se mari­er prématurément.

Ces faits sont une honte pour la civilisation.

Le Dr Hanisch me per­me­t­tra de lui faire observ­er, d’après les dernières don­nées sur la phys­i­olo­gie des glan­des sex­uelles de l’homme et de la femme, qu’il y a dans le tes­tic­ule deux glan­des absol­u­ment dif­férentes, l’une la glande sémi­nale, qui secrète le sperme et le déverse dans les vésicules sémi­nales, pour être pro­jeté au dehors dans l’acte de la fécon­da­tion ; l’autre, dite glande inter­sti­tielle, véri­ta­ble­ment endocrine, secrète l’hor­mone qui, passée dans le tor­rent cir­cu­la­toire se joint dans le sang aux autres hor­mones pour jouer dans le con­cert endocrinien, comme le dit le Dr Léopold Lévy, son rôle spécifique.

C’est cette hor­mone dont la résorp­tion est cap­i­tale, et non le sperme, dont l’élé­ment prin­ci­pal, le sper­ma­to­zoïde, est frap­pé de mort dès qu’il ne rem­plit plus son rôle qui est de pénétr­er dans l’ovule et d’y provo­quer la pres­tigieuse seg­men­ta­tion d’où sor­ti­ra le nou­v­el être.

Compte tenu de cette obser­va­tion ou mieux de cette dis­crim­i­na­tion endocrinologique, je crois utile de résumer ici ces con­seils que le savant médecin natur­iste per­san a vul­gar­isés dans la 12e leçon de son livre : Renais­sance indi­vidu­elle. Je le suis donc pas à pas en condensant :

― L’u­nion accom­plie au matin, après une nuit de repos, per­met meilleur con­trôle et atten­tion ; les deux com­pagnons sont mieux dis­posés et prof­i­tent davan­tage de l’échange.

Après ablu­tion, ayant réveil­lé l’ac­tiv­ité cutanée et cir­cu­la­toire, il est bon de cou­vrir le lit suff­isam­ment et légère­ment, afin de per­me­t­tre un échange de caress­es pro­longées amenant sat­is­fac­tion réciproque et per­me­t­tant d’éviter les emporte­ments regrettables.

L’émis­sion du liq­uide organique féminin ain­si provo­quée, et l’at­ti­tude con­trôlée de la femme, tien­dront en échec la nature élec­trique de l’homme et amèneront un puis­sant échange mag­né­tique prof­itable à tous deux.

Il ne faut pas oubli­er que le flu­ide sémi­nal est, chez l’homme, la quin­tes­sence de la matière organique ; il est une source de force, d’in­tel­li­gence, de longévité, lorsqu’il est util­isé par l’or­gan­isme par résorp­tion cor­recte.

Les raisons con­traires émis­es par le monde sur ces sujets, le sont en rai­son de l’é­tat phys­i­ologique défectueux des indi­vidus qu’ils pren­nent pour exem­ples, et qui ne peu­vent offrir des résul­tats con­clu­ants, leurs pos­si­bil­ités n’é­tant pas présentes, par suite de l’é­tat d’empoisonnement, d’im­pureté de leurs corps.

L’u­nion juste­ment accom­plie par deux être égale­ment purs et sains et ani­més de même sen­ti­ment d’amour et de pen­sées droites, est une renais­sance, un épanouisse­ment organique et cérébral.

L’u­nion incor­recte, ter­minée par émis­sions, parox­ysmes, est une cause de ruine, par gaspillage de la semence généra­trice qui ne doit quit­ter l’homme que pour amen­er une naissance.

…Ces émis­sions sont non seule­ment nuis­i­bles à la vie, qu’elles déséquili­brent, mais encore elles abrè­gent cette vie, après l’avoir rem­plie d’er­reurs, de souf­frances et de misères…

Tou­jours, comme on voit, la même con­fu­sion, glan­du­laire com­mise par l’auteur.

… Lorsque le sperme a atteint son ultime degré de développe­ment matériel, avant d’être pro­pre à être réas­sim­ilé par l’or­gan­isme, il doit encore subir un proces­sus de trans­for­ma­tion, de con­ver­sion auquel con­tribue grande­ment l’ac­tion de l’air et du soleil.

Il est donc indis­pens­able d’ex­pos­er assez fréquem­ment les organes à l’air et au soleil.

Le con­trôle de la pen­sée per­met d’éviter, à la longue, tout dan­ger d’émis­sion involontaire.

Cette fac­ulté de con­trôle peut s’établir tout aus­si bien, par exem­ple, que l’ex­er­ci­ce con­scient d’une res­pi­ra­tion pro­fonde. Lorsque cette fac­ulté devient con­stante, elle est tou­jours main­tenue et toute émis­sion involon­taire est alors sup­primée. Ce dan­ger com­mence à dimin­uer et s’é­carte défini­tive­ment, lais­sant toute pos­si­bil­ité d’u­nions con­scientes, soit en vue d’échanges, soit en vue de procréation.

La pen­sée droite, la con­cen­tra­tion, la volon­té jouent là un rôle impor­tant, et lorsqu’on est par­venu à les amen­er à diriger les man­i­fes­ta­tions physiques, il en résulte pour l’in­di­vidu des bien­faits immenses, en rai­son du con­trôle par­fait que celui-ci exerce sur ses fonc­tions et sur toutes ses impul­sions et pensées.

À l’homme de nature trop matérielle, cela peut sem­bler d’abord un pénible sac­ri­fice que d’éviter l’émis­sion et de renon­cer à des habi­tudes invétérées. La femme, même, qui s’est gradu­elle­ment lais­sée, déchoir, a de la peine à retrou­ver digne con­trôle et atti­tude juste. Mais, de même qu’il est pos­si­ble de redress­er de fauss­es habi­tudes ali­men­taires, de se cor­riger et de sup­primer des excès de bois­son, on peut tout aus­si bien par­venir à retrou­ver dig­nité et con­trôle dans les ques­tions sexuelles.

Il est de même par­fois indiqué de s’ab­stenir de rela­tions jusqu’à par­venir à être capa­ble de volon­té et de maîtrise par une com­plète réé­d­u­ca­tion organique. Lorsque l’homme a pénétré et com­pris le but des fonc­tions généra­tri­ces, il ne retombe plus jamais dans les anci­ennes erreurs qui pro­curent sim­ple­ment, par­fois, une sat­is­fac­tion momen­tanée, qui doit être payée par com­bi­en de mis­ères, de souf­frances durables et de déchéances men­tales et organiques !

En ce qui con­cerne l’or­gasme, voici résumée la pen­sée de l’auteur :

Il peut être utile, au début de l’étab­lisse­ment de la juste réforme, de pré­par­er, de prévenir l’or­gasme longtemps d’a­vance, alors qu’il est encore loin de devoir se pro­duire, si l’on craint que la volon­té ne soit pas assez forte pour inter­venir au dernier moment. Il faut alors déten­dre le corps tout entier, en res­pi­rant pro­fondé­ment déjà avant que se fasse sen­tir le fris­son précé­dant l’émis­sion. Les époux doivent alors éviter tout mou­ve­ment et ori­en­ter leurs pen­sées sur le dom­mage mutuel que leur causerait leur manque de maîtrise, et se rap­pel­er com­bi­en, au con­traire, leur volon­té et désir d’une juste coopéra­tion, dans une union cor­recte, leur apportera. à tous deux de san­té, de paix et d’harmonie.

Il faut com­pren­dre que l’ex­er­ci­ce du con­trôle et la par­tic­i­pa­tion de la pen­sée con­sciente, n’a pas pour seul but de pro­longer l’acte en vue de la sim­ple sat­is­fac­tion sex­uelle ; car, dans ce cas, le but étant pure­ment matériel et même ani­mal, il y man­querait fatale­ment l’indis­pens­able pen­sée con­sciente, qui seule peut ori­en­ter le flu­ide vers la con­ver­sion et assim­i­la­tion par l’organisme.

Les flu­ides pré­cieux seraient alors per­dus pour l’or­gan­isme, leur vraie des­ti­na­tion ne serait pas atteinte et la fatigue imposée aux organes si déli­cats de la généra­tion résul­terait en trou­bles organiques inévitables.

Après quelques essais, ou ira encore plus loin dans la juste exé­cu­tion ; au dernier moment, alors que l’or­gasme est tout près de se pro­duire, on l’évite, on détourne les flu­ides en déten­dant le corps tout entier, en res­pi­rant très pro­fondé­ment comme déjà dit plus haut.

Ceci est un pas de plus, mais n’est pas encore le résul­tat par­fait auquel il est per­mis d’at­tein­dre. Après de patients essais, il devien­dra pos­si­ble non seule­ment de pro­longer l’acte pen­dant plusieurs heures, mais on aura acquis une maîtrise suff­isante sur l’or­gan­isme, pour pass­er par le fris­son et même l’or­gasme, sans qu’il se pro­duise d’émission.

Le flu­ide sémi­nal est alors, en ver­tu de la réé­d­u­ca­tion de l’or­gan­isme et de l’affine­ment pro­gres­sif de ses voies d’ab­sorp­tion — vais­seaux lym­pha­tiques engorgés et inopérants dans la plu­part des cas — résorbe et con­ver­ti grâce au proces­sus d’éthérialisation.

Le parox­ysme émo­tif et le plaisir éprou­vés au moment de l’or­gasme, ne sont pas dûs à l’émis­sion, comme on le croit générale­ment. Évidem­ment, pour l’in­di­vidu se trou­vant encore sur le plan plus ani­mal qu’hu­main, peu dévelop­pé morale­ment et intel­lectuelle­ment, le fris­son, l’or­gasme et l’émis­sion ne représen­tent qu’une seule et même chose. Les trois phas­es se suc­cè­dent si rapi­de­ment qu’elles se con­fondent et qu’il est inca­pable de faire entre elles aucune distinction.

Il est donc absol­u­ment pos­si­ble, ceci est bien établi, de con­trôler, de prévenir l’émis­sion de liq­uide sémi­nal au moment de l’u­nion et à tout autre moment où elle se pro­duirait accidentellement.

Au moment où l’échange provo­qué par l’étreinte atteint chez l’un ou l’autre des époux son max­i­mum d’in­ten­sité, se man­i­feste la com­plète expres­sion de plaisir. Ce courant établit dans l’or­gan­isme le proces­sus d’ « électrification ».

C’est ce proces­sus d’élec­tri­fi­ca­tion qui, lors de l’or­gasme, agit sur les fonc­tions généra­tri­ces et provoque la con­ver­sion de la semence vitale pour la réfec­tion, la généra­tion individuelle.

La semence, à moins que d’être con­sciem­ment ori­en­tée et con­duite en vue de sa résorp­tion, par le con­trôle de la pen­sée et la réé­d­u­ca­tion des réseaux lym­pha­tiques spé­ciale­ment des­tinés à cet effet, s’échappe au dehors par le canal d’émission.

Lorsqu’on parvient, par maîtrise de soi, à fon­dre le courant mag­né­tique avec le dégage­ment d’élec­trisme, il devient pos­si­ble d’éprou­ver le fris­son et l’or­gasme, sans que l’or­gan­isme éprou­ve une déperdi­tion, sans que se pro­duise l’émis­sion finale de la pré­cieuse semence réservée a la pro­créa­tion ou à la régénéra­tion. Les sen­ti­ments des deux par­ties restent ain­si tou­jours pleins d’at­ti­rance et d’in­térêt mutuels, alors que l’u­nion courante amène las­si­tude, affaib­lisse­ment et dégoût mutuel.

N’é­tait la con­fu­sion per­sis­tante que fait l’au­teur entre les deux glan­des, son point de vue est orig­i­nal et mérite réflexion.

Reste à élu­cider la dépense énergé­tique que com­porte l’acte sex­uel. Cette dépense est énorme, dis­ons-le tout de suite. Il est évidem­ment malaisé de cal­culer la libéra­tion d’én­ergie que com­porte le coït nor­mal ou anor­mal, mais peut-être l’emporte-t-elle sur celle que néces­site un effort puis­sant de cérébration.

On a essayé de mesur­er la quan­tité de chaleur dégagée par celui-ci, mais on ne sait rien de celle qui, chez l’homme, accom­pa­gne l’or­gasme sex­uel, cet orgasme qui du sage le plus austère, du plus grave philosophe, fait, pour quelques sec­on­des une bête déli­rante, une sorte de brute bavante et frémis­sante par toutes les fibres de son corps.

Il est prob­a­ble, mais on n’en sait rien, que l’or­gasme féminin n’a pas la vio­lence énergé­tique du spasme mas­culin. Seul, un her­maph­ro­dite vrai, comme l’escar­got, pour­rait élu­cider le problème.

Il est égale­ment, dif­fi­cile d’établir au même point de vue une com­para­i­son entre l’élab­o­ra­tion de l’ovule, du corps jaune, par l’o­vaire, et l’élab­o­ra­tion du sper­ma­to­zoïde, et je crois qu’en faisant entre les deux, une qua­si-assim­i­la­tion, le Dr Hanisch se risque un peu.

Toute­fois, il se rap­proche bien plus des vraies don­nées endocrinologiques lorsqu’il dit que le corps jaune, par sa for­ma­tion dans l’o­vaire, entre­tient la jeunesse et les forces vives de la femme.

Il a peut-être aus­si rai­son lorsqu’il dit que les peu­ples non civil­isés ne con­sid­èrent pas les règles de la femme comme une faib­lesse, mais au con­traire comme une source de force.

Elles ne sont dev­enues une faib­lesse, ain­si que je l’ai déjà dit dans ma Bible du Natur­iste, que par la désor­gan­i­sa­tion de la vie qu’en­traî­na l’é­man­ci­pa­tion du rut cyclique.

Enfin, l’on ne doit jamais oubli­er qu’il est improb­a­ble que la femme soit à même de goûter com­plète­ment le plaisir sex­uel dès le début du mariage, il faut une accou­tu­mance. L’homme doit se ren­dre compte que la femme n’est pas tou­jours dis­posée à répon­dre à ses ten­dress­es, mais qu’il y a surtout et par les lois phys­i­ologiques cer­tains moments, spé­ciale­ment indiqués, qu’elle respecte et suit. La femme déli­cate n’ac­cepte le témoignage d’amour que si elle est approchée gradu­elle­ment et très douce­ment. Des paroles douces, des caress­es nuancées, un tact par­fait l’amèneront à répon­dre au désir de son com­pagnon, alors que la moin­dre triv­i­al­ité ou hâte peu­vent la rebuter sans appel.

Il faut aus­si que l’homme sache que lorsqu’une femme exprime son amour et mar­que un désir de caress­es, cela n’indique pas tou­jours qu’elle désire l’u­nion complète. 

Lorsqu’en toute con­fi­ance et ten­dresse l’un pour l’autre, deux amants s’en­tre­ti­en­nent, rêvent et jouent comme des enfants heureux, sim­ple con­tact de leurs mains unies, de leurs vis­ages pressés joue à joue, tout cela ten­drement, les comblera, les apais­era, les for­ti­fiera et élèvera leurs sen­ti­ments jusqu’à la con­science d’une affinité par­faite et leur bon­heur sera aus­si grand que celui apporté par l’u­nion complète.

Pour que celle-ci devi­enne par­faite et féconde, que l’homme sache ceci :

La mat­u­ra­tion de l’ovule dans l’o­vaire demande une péri­ode de qua­tre semaines avant que s’ef­fectue sa péné­tra­tion dans la matrice où il séjourn­era de trois à quinze jours. Il est donc plau­si­ble d’en­vis­ager avant la pro­créa­tion un temps de pré­pa­ra­tion de six semaines pour obtenir les résul­tats voulus. La péri­ode de réten­tion de l’ovule dans la matrice varie selon les con­di­tions de con­sti­tu­tion indi­vidu­elle, mais elle est à peu près la même, chaque mois, chez une même femme (résorp­tion du corps jaune par l’or­gan­isme). Pour qu’une femme sache à quel moment elle peut ou non con­cevoir, il faut qu’elle parvi­enne à déter­min­er à quel moment exact l’ovule sort de la matrice dans son cas particulier.

Et voici ce que lui con­seille le Dr Hanisch :

Dès l’ap­pari­tion des règles, elle doit gar­nir soigneuse­ment l’ori­fice du vagin avec une fine mous­se­line afin de sur­veiller la sor­tie de l’ovule et exam­in­er égale­ment atten­tive­ment l’urine au cas où l’ovule s’échap­perait pen­dant l’émission.

L’ovule présente l’ap­parence d’une sorte de gran­ule de tex­ture assez com­pacte. Il arrive que deux ovules passent à la fois : la femme peut alors pro­créer deux jumeaux…

De ceci, il résulte que l’homme doit être tout par­ti­c­ulière­ment atten­tif aux péri­odes men­stru­elles de la femme aimée. C’est cette péri­ode que j’ap­pellerai : de con­cen­tra­tion amoureuse, qui doit domin­er la vie com­mune. Chez la plu­part des femmes, comme ves­tige du rut cyclique, le désir naît au cours de cette péri­ode et l’a­mant déli­cat doit tou­jours être prêt à le satisfaire.

Les amants jaloux le savent bien, et ils redou­blent à ce moment-là leur inquiète surveillance.
Telles sont les con­sid­éra­tions à la fois phys­i­ologiques et morales que tout natur­iste soucieux de suiv­re, au point de vue sex­uel, les lois de la nature, ne doit jamais per­dre de vue.

Je con­clus donc que le natur­iste, homme ou femme, en matière d’amour, doit se con­duire comme en matière de nutri­tion suiv­ant cette loi. Enfin et surtout. il n’ou­bliera jamais qu’un coït provo­qué est un coït mal­faisant : l’én­ergie ain­si libérée est une énergie lâchée ou plutôt une énergie prise sur le fond de réserve dont l’in­tégrité est néces­saire à la santé.

Tan­dis que l’acte sex­uel, né du désir nor­mal, et naturelle­ment ou non accom­pli, con­stitue le plus pré­cieux adju­vant. pour main­tenir celle-ci et obtenir à la fois raje­u­nisse­ment et longévité. 

Dr Paul Vigné d’Oc­ton [[Ici s’achève le man­u­scrit en notre possession.]]