La Presse Anarchiste

Du haut de mon mirador

Tout arrive. On a don­né récem­ment le nom de Louise-Michel à une sta­tion du métro de Paris Qui aurait ima­gi­né cela il y a 63 ans ? Je viens de par­cou­rir le numé­ro du 21 juillet 1883 de « Liber­ty » qui contient un compte-ren­du in-exten­so du pro­cès inten­té à la bonne Louise (à laquelle, de Bos­ton. Tucker s’in­té­res­sait fort) et à ses « com­plices » Pou­get (le futur édi­teur du « Père Pei­nard »), Mareuil, Mar­ti­net et d’autres dont notre géné­ra­tion a oublié tous les noms. Pillage (?) de bou­lan­ge­ries, déploie­ment du dra­peau noir, exal­ta­tion des idées anar­chistes, bro­chures incen­diaires dis­tri­buées à l’ar­mée, déten­tion d’ex­plo­sifs — est-ce ce pas­sé qu’ont vou­lu mettre en vedette ceux qui sug­gé­rèrent la déno­mi­na­tion de la sta­tion dont il s’a­git ? Louise Michel fit cou­ra­geu­se­ment face à ses juges : « Ce n’est pas moi qu’on tra­duit à la barre, mais l’A­nar­chie », s’é­criait-elle. Si c’est cela qu’on a vou­lu rap­pe­ler, les temps ont bien chan­gé, me direz-vous. Mais tes temps ont-ils si chan­gé, en vérité ?

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Au moment du pro­cès de Louise Michel on conser­vait encore tout vif te sou­ve­nir des mas­sacres ver­saillais et l’in­cul­pée rap­pelle que « nos frères furent écra­sés comme du grain par la meule ». Elle a vu faire fusiller par le sinistre Gal­lif­fet deux braves com­mer­çants qui n’a­vaient jamais par­ti­ci­pé à la Com­mune… Pauvre Louise ! Aujourd’­hui on s’oc­cupe peu si les gens sont cou­pables ou inno­cents et qu’ap­pa­raissent peu de chose les fusillades et les dépor­ta­tions des valets de Thiers par rap­port aux hor­reurs des camps de concen­tra­tion, des fours cré­ma­toires, des assas­si­nats mas­sifs de femmes et d’en­fants, des tue­ries per­pé­trées par les bombes — ato­miques ou non — par­mi une popu­la­tion inno­cente, après tout, des crimes ou de la folie de ses dirigeants.

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Le « citoyen » Roche­fort — qui depuis… — com­pa­raît comme témoin. Mal­gré les pro­tes­ta­tions de Louise il rap­porte quelques faits la concer­nant. « Je vous ai vue — expose-t-il — à 300 lieues au sud du Cap de Bonne-Espé­rance, le ther­mo­mètre à peine au-des­sus de zéro, sans bas et presque sans sou­liers, parce que vous aviez fait don de tout cc que vous pos­sé­diez à vos com­pagnes » … À la Nou­velle-Calé­do­nie Louise Michel fit de sa case un hôpi­tal où elle accueillit des malades et les soi­gna, cou­chant elle-même sur le sol nu… » 

Alors on ne tour­nait pas en ridi­cule les anar­chistes qui intègrent la pitié et la com­pas­sion dans tes prin­cipes dont ils se réclament.

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Ber­nard Shaw trouve que les par­tis de gauche ne sont pas assez divi­sés. Poli­tique à part, l’ar­ticle où il expose son point de vue contient pas mal de véri­tés, « Nazisme écrit-il — veut dire en alle­mand par­ti-natio­nal-socia­liste, c’est-à-dire exac­te­ment ce que repré­sente le gou­ver­ne­ment anglais. 

« Aux États-Unis… en fait, le pré­sident est suprême et inamo­vible pen­dant quatre ans, tout comme chez nous (en Angle­terre) le gou­ver­ne­ment l’est pen­dant cinq ans. Ce n’est pas de la démo­cra­tie quo­ti­dienne »,— Ailleurs, il dit : « Tota­li­taire est un autre mot dont nous nous ser­vons abu­si­ve­ment. Étant don­né que toute loi est tota­li­taire, je ne sais pas trop ce que cela veut dire. » Shaw ne croit pas que tous les tra­vailleurs puissent être mis dans le même comi­té au nom de l’é­ga­li­té, de la fra­ter­ni­té et de l’u­ni­té, c’est comme si on essayait de faire des bon­bons avec du soufre, du sal­pêtre ou du char­bon. Tant que le mou­ve­ment pro­lé­ta­rien ne sera pas divi­sé en groupes et socié­tés sépa­rées, il n’y aura que des bagarres.

Donc — conclut-il — « pro­lé­taires de tous les pays, en avant, mais ne fusion­nez ‑pas ».
C’est une opinion. 

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Les rois n’é­pousent plus les ber­gères, mais un ancien man­ne­quin d’un grand maga­sin du West End à Londres aux « pro­por­tions par­faites » nous assure-t-on (hau­teur : 5 pieds 8 ½ pouces, taille 24 pouces, hanches 35 pouces, buste 32 pouces, mesures anglaises) vient de convo­ler en justes noces avec le duc de Rut­land, un gros pro­prié­taire fon­cier dont les domaines mesurent à peu près 18.000 acres (7,300 ha.) de super­fi­cie. éva­lués à 550,000 livres ster­ling, (264 mil­lions francs-Philip). 

Or, le man­ne­quin en ques­tion se fai­sait 15 livres ster­ling par semaine (7.200 fr,) en exer­çant sa pro­fes­sion. Voi­là qui va faire rêver tous les man­ne­quins de Londres et d’ailleurs. 

Mais ne trou­vez-vous pas scan­da­leux ce duc qui pos­sède une telle éten­due de ter­rain, dont il serait sans doute bien embar­ras­sé s’il lui fal­lait en culti­ver une par­celle de ses propres mains (il est offi­cier aux gardes-gre­na­diers), alors que dans son pays tant de mal­heu­reux sont encore obli­gés de cou­cher, toute la famille, dans la même chambre ?

Trois cars rem­plis de fer­miers et d’employés au ser­vice de Sa Grâce se sont ren­dus à Londres pour assis­ter à la céré­mo­nie (cer­tains de ces fer­miers se ren­daient pour la pre­mière fois dans la capi­tale bri­tan­nique) et offrir au couple un cadeau de mariage, dont le mon­tant a été col­lec­té par­mi eux. On voit que l’ac­ces­sion au pou­voir des tra­vaillistes a lais­sé sub­sis­ter la grande pro­prié­té fon­cière et tout ce qu’elle traîne à sa suite.

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En Amé­rique, le KU KLUX KLAN, de fâcheuse mémoire, repa­raît a la sur­face. On croyait dis­soute cette asso­cia­tion cagou­larde qui, après la guerre de 1914 – 1918, s’at­ta­quait avec une insis­tance hai­neuse aux nègres, aux juifs, aux catho­liques, aux étran­gers, recru­tant assez faci­le­ment des adeptes par­mi ceux qui se réclament des Amé­ri­cains 100 %. Elle eut et son actif maint lyn­chage de noirs. Ils pré­tendent comp­ter cinq mil­lions d’adhé­rents et ont éta­bli leur quar­tier géné­ral à Atlan­ta, en Geor­gie, loin dans le Sud. Ils s’en prennent main­te­nant aux syn­di­cats. Des mil­lions de tracts ont été dis­tri­bués qui débutent ain­si : « Libé­rez les esclaves de 1946. Sup­pri­mez les syn­di­cats. Les États-Unis ont plus d’es­claves qu’ils n’en avaient il y a 90 ans. » On sait que M. Tru­man, lors de la der­nière élec­tion pré­si­den­tielle, fut accu­sé d’a­voir appar­te­nu au « Klan », ce qui fut vigou­reu­se­ment nié d’ailleurs. 

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Les quo­ti­diens publient le fait-divers suivant :
_​ « Avant-hier, alors qu’on le croyait en voyage, Georges Des­met, chi­miste, habi­tant à Fresnes, près de Valen­ciennes, ren­trait à l’im­pro­viste et trou­vait sa femme en com­pa­gnie d’un galant.
_​ « Fou de rage, le mari trom­pé arro­sa les cou­pables d’a­cide sulfurique.
_​ « Les deux amants, atro­ce­ment brû­lés, ont été admis à l’hôpital. »

Voi­là encore deux vic­times de l’hy­po­cri­sie sexuelle — un drame qui aurait pu être évi­té, si la fran­chise avait régné dans le ménage en ques­tion. Les deux hommes auraient pu être des amis, d’au­tant plus unis qu’ils aimaient la même femme.

Mais allez donc par­ler de fran­chise dans un monde où on veut bien jouir de sa liber­té, mais sans endos­ser de res­pon­sa­bi­li­té ni pré­voir les consé­quences pos­sibles des men­songes sur les­quels on pré­tend édi­fier sa joie de vivre. Connues ou tenues secrètes, de sem­blables tra­gé­dies se pro­duisent quo­ti­dien­ne­ment — heu­reu­se­ment sans entraî­ner de pareilles suites — sim­ple­ment parce qu’on s’u­nit ou coha­bite, sans avoir dis­cu­té à l’a­vance le contrat d’u­nion ou de cohabitation. 

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Au cours d’une réunion de ravi­tailleurs tenue à Gros­ve­nor House, à Londres, un cer­tain Lord Hor­der a décla­ré que des expé­riences récentes avaient prou­vé que les hommes pou­vaient vivre en par­fait état de san­té sans absor­ber de vita­mines, tant le corps humain est capable d’a­dap­ta­tion. Il y a cent ans, conclut Hor­der on ne par­lait ni de vita­mines, ni de calo­ries, ce qui n’empêchait pas les pay­sans d’être bien bâtis et de jouir d’une bonne san­té. Tout cela parce que leur chère était équi­li­brée : du pain, du lait, une tranche épaisse de lard gras, alter­nant avec du pain, du fro­mage, du beurre. Vita­mines ou pas, calo­ries ou non, nous autres, nous nous conten­te­rions bien chaque jour de ce « menu équilibré » !

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Pas de bonnes nou­velles des « milieux libres » amé­ri­cains, alors que les États-Unis sont la mère patrie des colo­nies fou­rié­ristes, socia­listes, anar­chistes, indi­vi­dua­listes, etc. La guerre a pas­sé par là. Si « Lla­no Colo­ny » sub­siste tou­jours sous la forme coopé­ra­tive, « Sun­rise » s’est dis­soute, « Stel­ton », dans le New Jer­sey, existe encore, mais c’est un groupe peu impor­tant. Prière à nos lec­teurs de l’ex­té­rieur de nous four­nir toutes infor­ma­tions pos­sibles et véri­fiables sur les milieux de vie en com­mun (asso­cia­tions volon­taires) exis­tant dans leur pays.

Qui Cé

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