La Presse Anarchiste

En marge des compressions sociales

Les Doukhobors

Notre ami Nico­laï Sheier­man nous donne des nou­velles peu réjouis­santes de la sit­u­a­tion actuelle des Doukhobors. Étant don­né l’im­por­tance de leurs dettes, ils auraient dû quit­ter les ter­res qu’ils occu­pent s’ils n’avaient pas con­clu un accord avec le gou­verne­ment cana­di­en aux ter­mes duquel le ter­rain leur est loué à con­di­tion qu’ils l’u­tilisent indi­vidu­elle­ment ; seuls les édi­fices à usage com­mun ont con­servé. leur destination. 

Au début de cette année (1946) les Doukhobors ont tenu une « assem­blée » à laque­lle ont pris part non seule­ment les « com­mu­nistes » mais encore de nom­breux indi­vid­u­al­istes. Ils y ont décidé la créa­tion d’une « Union de tous les Doukhobors du Cana­da », dont V.-J. Kou­ch­ine a été nom­mé secré­taire, tan­dis que serait pub­lié un heb­do­madaire ISKRA (L’Ét­in­celle). Réus­siront-ils ain­si à ressus­citer et à main­tenir l’an­cien esprit Doukho­bor, à créer une nou­velle Com­mu­nauté ? Sheier­man en doute. L’élé­ment âgé le voudrait bien, mais l’élé­ment jeune est attiré par l’am­biance ; leurs rela­tions avec leurs voisins non-doukhobors les ayant entraînés à désir­er le con­fort des milieux civil­isés et à amass­er de l’ar­gent. De jeunes Doukhobors des deux sex­es ont quit­té le foy­er famil­ial, sont par­tis pour les villes où ils gag­nent des salaires élevés.

Les « Sons of free­dom » sont dis­crédités. « L’U­nion » ci-dessus désignée a refusé d’ac­cepter les par­ti­sans des fameuses « parades nud­istes » bien que récem­ment plusieurs aient eu lieu. En dernier ressort, Peter Mal­off (l’an­i­ma­teur de « Fils de la Lib­erté », autrement dit les extrémistes doukhobors), lui-même, s’é­tait con­va­in­cu de la futil­ité de ces manifestations.

Bref, il est à crain­dre que l’U­nion récem­ment for­mée, tel un nou­veau « Con­cile de Nicée », con­serve la forme extérieure du « Doukho­borisme », cer­tains de ces dogmes et tra­di­tions, mais que l’e­sprit en soi absent.

La communauté Brüderhof

« L’en-dehors » a sou­vent par­lé de la com­mu­nauté Brüder­hof fondée par le Dr Arnold, qui fut per­sé­cutée par le gou­verne­ment hitlérien, qui con­fisqua son argent et ses biens, et dont les mem­bres furent expul­sés d’Alle­magne. On se sou­vient, que grâce à l’aide des Quak­ers et d’amis qui s’in­téres­saient à leur sort, ils purent s’établir en Angleterre. Nous apprenons qu’ils sont actuelle­ment au Paraguay. Ils nom­brent 200 adultes et 250 enfants, ils pos­sè­dent déjà 7.800 hectares de terre et 1.000 têtes de bétail. On nous dit qu’ils sont prêts à recevoir tous les com­mu­nistes chré­tiens, libérés de l’idée de la pro­priété indi­vidu­elle, les lais­sant libres de se retir­er s’ils ne peu­vent finale­ment s’ac­corder avec le mode de vie de la Com­mu­nauté, qui leur garan­tit du tra­vail et tout ce qui est néces­saire à l’ex­is­tence tant qu’ils séjour­nent en son sein. Les invités devront pay­er eux-mêmes leurs frais d’aller, mais la Com­mu­nauté ne peut garan­tir leurs frais de retour. Ajou­tons que nous ne savons pas en quelle par­tie du Paraguay elle fonctionne.


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