La Presse Anarchiste

Vagabond ou forçat

Venu sans capi­tal autre que ta vigueur,
Avant qu’il soit trop tard et que rien ne te reste,
Avant que des années l’im­pla­cable rigueur
Tue en toi le désir de l’au­dace et du geste :

Si tu veux des plai­sirs goû­ter un peu ta part
Laisse là sans regret les charges de ta classe ;
Si tu veux du soleil, de l’air pur, du hasard,
Que ton âme le soir se sente un peu moins lasse :

Dans le seul choix que t’offre un tra­gique destin :
Un bagne ou la grand-route, ami, point de faiblesse,
Deviens un vaga­bond. Par un joyeux matin,
Ivre de liber­té, va-t-en, le cœur en liesse.

Georges Joran

La Presse Anarchiste