La Presse Anarchiste

Le coin des lecteurs

À propos de notre mouvement international

Notre cama­rade et ami E. Cos­ta nous prie d’in­for­mer les lec­teurs des Temps Nou­veaux qu’il n’est pas l’au­teur du der­nier article consa­cré dans notre Revue au Por­tu­gal. Doré­na­vant, pour tout ce qui concer­ne­ra le mou­ve­ment social en ce pays, c’est notre ami qui infor­me­ra Les Temps Nou­veaux.

Spring Valley

La situa­tion du mou­ve­ment pro­lé­ta­riat dans l’Illi­nois. — L’U­nion des mineurs doit renou­ve­ler ses contrats tous les deux ans, au 1er avril. Le der­nier renou­vel­le­ment devait se faire en 1918 ; il a été fait, mais par arran­ge­ment entre les hauts offi­ciers de l’U­nion seule­ment et les patrons. On nous don­nait vingt sous de plus par tonne pen­dant la guerre ; et le contrat, ce contrat conclu entre les offi­ciers de l’U­nion et les patrons, sans que les ouvriers eussent été consul­tés, devait expi­rer soixante jours après la paix signée.

C’est alors que dans le Sud de l’Illi­nois, des sec­tions de l’U­nion réclament une conven­tion spé­ciale (c’est-à-dire une réunion extra­or­di­naire pour débattre du contrat) ; on ne leur répond pas ; et la grève est déclarée.

Nos offi­ciers nous font remar­quer que, main­te­nant, il faut du char­bon. Mais de notre côté, nous fai­sons remar­quer que nous vou­lons renou­ve­ler le contrat main­te­nant, parce que d’at­tendre le 1er avril il sera trop tard. Dans ce pays, en été, on ne tra­vaille jamais beau­coup ; et nous aurions eu, l’an pro­chain, une grève qui aurait pu durer sept à huit mois, comme c’est déjà arri­vé, et qui n’au­rait abou­ti à rien.

Nous voi­là sor­tis de la mine, à peu près 55 à 60 mille. Le pré­sident de notre État (de l’Illi­nois), Farink­ton, ne veut pas recon­naître la grève. Nous vou­lons qu’il démis­sionne. Nous récla­mons, en même temps, contre la cher­té de la vie. Nous exi­geons la révi­sion du contrat.

Nous ne vou­lons plus nous lais­ser duper, c’est-à-dire que nous allons essayer, car dans ce pays c’est pis que par­tout ailleurs. Com­bien de fois des « conven­tions » ont com­men­cé au mois de sep­tembre, et au mois d’a­vril on n’a­vait pas encore de réponse.

On ne peut pas avoir de confiance dans les chefs, depuis le « pi-de-comi­té » jus­qu’aux pré­si­dents de sec­tion, jus­qu’au pré­sident natio­nal, qui est Hayg, actuel­le­ment en tour­née en Europe. Com­bien ont abu­sé de leurs fonc­tions pour tou­cher des deux mains ou tout au moins pour vivre aux dépens des syn­di­qués. Com­bien ont ache­té des fermes ou ont été casés dans des places gou­ver­ne­men­tales. Mais l’U­nion « Mine Wor­kers of Ame­ri­ca » vaut mieux que ses chefs.

Pour le groupe de Spring Valley :

Joseph LECLERCQ.

21 Août 1919.

Lawrence (Massachusetts)

Au début de jan­vier 1919, quelques cama­rades vinrent visi­ter la colo­nie fran­co-belge, alors réunie en fête de famille. Par­mi eux était un révo­lu­tion­naire qui s’é­tait déjà fait remar­quer dans la grève de 1912. Ce cama­rade, jeté conti­nuel­le­ment à la rue depuis 1912, avait accep­té la fonc­tion de secré­taire des fileurs (son métier), dans l’A­me­ri­can Fede­ra­tion du Tra­vail ; il nous expli­qua que cette orga­ni­sa­tion du tex­tile avait déci­dé, dans son der­nier Congrès, de faire 48 heures par semaine, à par­tir du 3 février 1919.

La même pro­pa­gande fut faite dans les autres « colo­nies » ; et les masses déci­dèrent de se mettre en grève le 3 février pour obte­nir les 48 heures de tra­vail, sans réduc­tion de salaire.

L’A­me­ri­can Fede­ra­tion of labor était oppo­sée à la grève. Celle-ci dura pour­tant seize semaines. Les chefs voyant le peu de confiance que la masse des délé­gués de grève avaient en eux, se mirent du côté de la bour­geoi­sie, et au bout de deux semaines envoyèrent au tra­vail leurs syn­di­qués, au nombre de 200 envi­ron ; mais ceux-ci furent obli­gés de chô­mer après quelques jours de tra­vail, car les pre­mières mains du tex­tile res­tèrent fermes.

On cher­cha alors à semer la dis­corde dans la masse ; les jour­naux lan­cèrent de fausses nou­velles, les délé­gués du Comi­té Cen­tral de grève eurent beau­coup de peine à expli­quer tous ces trucs aux grévistes.

L’exode des enfants fut fait le plus secrè­te­ment pos­sible, car on crai­gnait de voir la police renou­ve­ler ses exploits de 1912.

La grève conti­nua mal­gré tous les obs­tacles, et était arri­vée à para­ly­ser le tex­tile de la Nou­velle Angle­terre. Sous l’ef­fort des délé­gués, la fra­ter­ni­té régnait entre les ouvriers de Law­rence. La sixième semaine de grève, les Alle­mands (très nom­breux), les Autri­chiens, les Hon­grois se réunis­saient aux Fran­çais, Belges et Ita­liens. Tous chan­taient l’In­ter­na­tio­nale.

Le sur­len­de­main, les jour­naux allèrent leur train sur le socia­lisme, les bol­che­viks et l’a­nar­chie. Ils auraient vou­lu faire croire qu’il n’y avait pas grève à Law­rence, mais qu’une poi­gnée de bol­che­viks ter­ro­ri­sait les ouvriers du tex­tile, qui, par crainte, res­taient dehors.

La police orga­ni­sa des atten­tats, mais en vain, Enfin, après quinze semaines et demi de grève, les com­pa­gnies annon­cèrent qu’à par­tir du 2 juin 1919, les ouvriers feraient 48 heures par semaine et qu’ils auraient 15 % d’aug­men­ta­tion en com­pen­sa­tion de la vie chère.

L’A­mal­ga­med tex­tile Wor­kers of Ame­ri­ca est née de ce der­nier mou­ve­ment. Elle est com­bat­tue par l’A­me­ri­can Fede­ra­tion of Labor ; mais elle per­siste, bien que beau­coup d’u­sines obligent leurs ouvriers d’adhé­rer au Syn­di­cat de l’A.F. of L. et que les com­pa­gnies payent leur ini­tia­tion à l’U­nion. À Law­rence, en par­ti­cu­lier, on se sou­vien­dra du rôle néfaste joué par Gol­den, le pré­sident du Tex­tile de l’A.F. of L. dans la grève actuelle et dans celle de 1912.

Hen­ri Vierlinck

27 août 1919

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Dans votre numé­ro du 15 juillet « États-Unis », il y a exa­gé­ra­tion extra­or­di­naire. La guerre est ter­mi­née ; même pour les patriotes, il n’est plus néces­saire de semer la haine de l’Al­le­mand (sauf pour les exploiteurs).

Quels sont ces vil­lages, et ces villes entières qui furent com­plè­te­ment détruits ? Où les habi­tants, tous des non-com­bat­tants, furent tués par l’ac­tion des explo­sifs de haute compression ?

Com­pa­rez donc le nombre d’ex­plo­sions avec l’ac­ti­vi­té de l’in­dus­trie, et la capa­ci­té des ouvriers qui étaient employés dans d’autres industries.

Quelle est cette pro­pa­gande révo­lu­tion­naire presque aus­si vio­lente et qui ne cachait point sou carac­tère ger­ma­no­phile de la part des I.W.W. ?

Je crois à votre sin­cé­ri­té, à votre concep­tion de jus­tice. Vous avez été très, très mal informé.

Les I.W.W., comme tous ceux qui osent pen­ser, ont été et sont encore sous la botte d’un gou­ver­ne­ment, qui, avec la Vic­toire, a rap­por­té de l’Al­le­magne des auto­cra­tiques méthodes bien perfectionnées.

Jules Scar­ce­riaux, secrétaire,

Contra Cos­ta. Cen­tral Labor Richmond

Cali­for­nie Council.

[(La revue du mou­ve­ment social, qui a pro­vo­qué la pro­tes­ta­tion ci-des­sus, a paru dans notre numé­ro de juillet et a été écrite par un de nos col­la­bo­ra­teurs qui est, comme le cama­rade Scar­ce­riaux, un Fran­çais amé­ri­ca­ni­sé. Tous les deux aus­si sont des tra­vailleurs, tous deux sont anarchistes.)]

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Le cama­rade Thiou­louse nous envoie une longue lettre sur le Congrès Confé­dé­ral de Lyon, où il cri­tique avec véhé­mence les per­sonnes. Si les cri­tiques nous semblent justes à un cer­tain point de vue, nous ne tenons pas à atta­quer les indi­vi­dus. Nous avons tou­jours répu­gné à inter­ve­nir dans les que­relles de per­sonnes, même pour répondre à des injures et à des calom­nies. Nous lais­sons ce genre de pro­pa­gande aux jour­naux dits de combat.

Thiou­louse incri­mine sur­tout cer­tains fonc­tion­naires syn­di­caux de vou­loir ou d’a­voir vou­lu exclure les anar­chistes. Et il dit avec juste raison :

« C’est à cause de Fer­nand Pel­lou­tier que les anar­chistes, à la suite de Paul Dele­salle, col­la­bo­ra­teur des pre­miers Temps Nou­veaux, et d’Émile Pou­get, rédac­teur du Père Pei­nard, sont venus peu à peu à la C.G.T… et la nou­velle pro­pa­gande à abou­ti au pre­mier mai 1906. »

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Un de nos abon­nés nous écrit pour s’é­ton­ner que la pro­tes­ta­tion du Groupe Clar­té, parue sur la cou­ver­ture du numé­ro de sep­tembre, n’ait pas été accom­pa­gnée tout au moins d’une note de la Rédaction.

Nous avons, en effet, publié ladite pro­tes­ta­tion comme docu­ment, et parce que son affi­chage avait été inter­dit par le Gouvernement.

Mais si nous croyons que le régime bol­che­vik a gâché la révo­lu­tion russe, cela ne signi­fie pas que nous vou­lions le voir rem­pla­cé par la ter­reur blanche exer­cée déjà par Deni­kine avec la com­pli­ci­té des gou­ver­ne­ments alliés.

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