[/Rio de Janeiro, 15 Octobre 1919./]
L’organisation ouvrière au Brésil, du moins les groupements les plus vivants, est d’orientation anarchiste, car sont anarchistes presque tous les ouvriers organisés.
Effrayé du développement que vient de prendre l’organisation ouvrière, le gouvernement brésilien, suivant l’exemple de celui de l’Argentine, s’est mis à déporter les ouvriers étrangers, convaincu, à tort, que ce sont ceux-ci qui dirigent la propagande anarchiste.
Avec le paquebot hollandais Gelria, sont partis pour l’Europe, frappés d’expulsion, sept ouvriers. Tous sont d’honnêtes travailleurs, demeurant au Brésil depuis plusieurs armées.
La première déportation causa de la surprise dans les centre ouvriers ; la deuxième a produit de l’indignation : quelques corporations ont chômé en signe de protestation.
À l’occasion de la troisième déportation, annoncée pour ces jours-ci, on ne peut pas prédire ce qui arrivera, car les esprits se trouvent très troublés.
Les déportations ont été faites sans aucun procès, et contre les dispositions de la Constitution de la République, laquelle accorde nettement liberté d’entrée et de sortie aux étrangers sur le territoire national sans passeports, et sans menace d’expulsion pour l’étranger, qui demeure au Brésil.
En représailles, les ouvriers étrangers annoncent qu’ils iront exiger leur retour dans leurs pays, où ils feront une intense propagande contre l’immigration pour le Brésil.
Du 20 au 26 décembre prochain se réunira, à Rio de Janeiro, le troisième Congrès Ouvrier du Brésil qui discutera, entre autres, les questions suivantes :
Réorganisation de la Confédération Ouvrière Brésilienne, adhésion de celle-ci au programme de la Troisième Internationale, et constitution de l’Internationale Syndicale Sud-Américaine, dont le siège sera peut-être placé à Montevideo, dans la République de l’Uruguay.
A. B. C.