La Presse Anarchiste

Mouvement international

Le dernier mouvement de grève

Les tra­vailleurs alle­mands, à force de lut­ter révo­lu­tion­naire­ment, obt­in­rent non seule­ment la lib­erté poli­tique tant prônée, c’est à dire la lib­erté de se laiss­er abat­tre par les maîtres qu’ils s’étaient eux-mêmes don­nés au lieu de ceux qu’ils avaient, par la grâce de Guil­laume, mais encore con­quirent quelques avan­tages économiques. Les tra­vailleurs et les fonc­tion­naires de l’État, et des com­munes prin­ci­pale­ment, purent jouir de ces avan­tages là. Main­tenant, après qu’une Réac­tion générale s’est peu à peu éten­due, les maîtres du pou­voir croient le moment venu de ren­dre illu­soires les con­quêtes révo­lu­tion­naires. Pour la pre­mière fois ici, l’État apparut dans l’histoire comme employeur et rien qu’un sim­ple employeur en face des fonc­tion­naires et comme tel il se mon­tra beau­coup plus bru­tal, plus arro­gant que les entre­pre­neurs privés.

Les avan­tages qui ensuite devaient être retirés aux tra­vailleurs et aux fonc­tion­naires étaient : la journée de huit heures, puis le droit de par­tic­i­pa­tion dans les déci­sions du Con­seil de l’Exploitation ; en out­re, on devait intro­duire dans les con­di­tions du tra­vail des aggra­va­tions que les ouvri­ers et les fonc­tion­naires n’acceptèrent pas sans murmure.

Le ser­vice du traf­ic est le nerf vital de la société civil­isée ; celui-là coupé, toute l’activité économique et sociale est alors paralysée. C’est ce qui s’est véri­fié ici. La grève des chemins de fer embras­sa toute l’Allemagne à l’exception de la Rav­ière et d’une par­tie de l’ancien duché de Bade. 800.000 cheminots étaient en grève engagés dans une action de défense con­tre l’État oppresseur. Durant cette grève, les tra­vailleurs et employés com­mu­naux de Berlin se joignirent au mou­ve­ment. Cette grève égale­ment embras­sa tout le ser­vice du traf­ic berli­nois, en out­re les usines, de gaz et d’électricité furent arrêtées.

Berlin. le cen­tre de l’Allemagne, était sans lumière, sans char­bon, sans tram et sans chemin de fer. Faute de com­bustible, un cer­tain nom­bre d’exploitations privées durent s’arrêter, de sorte que la sit­u­a­tion prit de plus en plus tour­nure de grève générale.

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Les caus­es de la grève des chemins de fer furent autres que celles des tra­vailleurs com­mu­naux berli­nois. Depuis longtemps les cheminots étaient en négo­ci­a­tions avec le Gou­verne­ment au sujet des salaires, mais celles-ci étaient traînées en longueur par le Gou­verne­ment et n’amenèrent aucun résultat.

Les cheminots perdirent enfin patience et déclarèrent la guerre au Gou­verne­ment ; la grève générale des cheminots d’Allemagne fut proclamée. À côté des caus­es générales de la grève qui rési­dent dans la dépré­ci­a­tion tou­jours plus grande du mark alle­mand, il y eut d’autres caus­es par­ti­c­ulières qui s’ajoutèrent encore à celles-ci. Par suite de l’effondrement du cours du mark sur le marché inter­na­tion­al des valeurs, le mark tom­ba à une valeur d’avant guerre de 2 pfen­nig (2 cen­times ½). Les matières pre­mières que l’Allemagne devait acheter à l’étranger virent leur cours mon­ter dans les mêmes pro­por­tions et les prix des vivres et des arti­cles d’usage en subirent le con­tre­coup. Mais les salaires des tra­vailleurs ne mon­tèrent pas dans les mêmes pro­por­tions et les con­di­tions de vie chez les ouvri­ers et employés de l’État dev­in­rent de plus en plus difficiles.

Celui-là seule­ment put con­tin­uer son train de vie comme avant la guerre, dont le revenu était de 25% supérieur à ce qu’il était avant la guerre. Mais c’est là une part de la pop­u­la­tion qui dimin­ue de plus en plus ; ce sont les patri­otes de l’arrière et les prof­i­teurs de la guerre.

D’après les cal­culs sta­tis­tiques du Gou­verne­ment alle­mand, en décem­bre le min­i­mum du coût de l’existence était pour une famille avec deux enfants, 2.500 marks ; les appointe­ments d’un con­duc­teur de loco­mo­tive n’étaient cepen­dant pas plus haut que 1.300 à 2.100 marks ; si les cheminots voulaient ne pas être lit­térale­ment rongés par la faim, il leur fal­lait obtenir lies salaires plus élevés.

Ce n’est pas tout. À côté de ces raisons économiques, il y eut des raisons d’idées qui entrèrent en jeu. Par l’établissement d’une loi spé­ciale, le Gou­verne­ment voulait aug­menter la journée de 8 heures, mais une dis­po­si­tion de cette loi per­me­t­tait de pro­longer jusqu’à dix et même jusqu’à quinze heures, le temps de présence de l’ouvrier ou de l’employé à l’exploitation. Afin de sauver les apparences de la journée de huit heures, pen­dant tout ce temps on ne tra­vaillerait que huit heures. Si une inter­rup­tion for­tu­ite de tra­vail venait à se pro­duire, le tra­vailleur la passerait et ce temps ne pour­rait être comp­té comme temps de tra­vail. C’était donc là la cause du con­flit. Les ouvri­ers et employés exigèrent pre­mière­ment : le règle­ment de la ques­tion des salaires en accord avec la hausse crois­sante du prix des vivres et objets d’usage et l’abandon de la loi sur la durée de tra­vail, c’est-à-dire le main­tien inté­gral de la journée de huit heures. Le Gou­verne­ment comme employeur ne voulut point accorder et ce fut la grève.

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Le Gou­verne­ment, comme représen­tant de l’idée d’État avait tou­jours un intérêt à établir aus­si solide­ment que pos­si­ble et à con­serv­er la puis­sance de l’État. Or les sou­tiens les plus qual­i­fiées de l’État étaient les mil­i­taires et les fonctionnaires.

Dans le vieil État de Prusse les fonc­tion­naires avaient été, pour cette rai­son, ménagés de telle sorte qu’ils ne con­nussent jamais la néces­sité d’exposer leurs reven­di­ca­tions à l’État. De toutes les class­es de tra­vailleurs de la nation, c’était la plus priv­ilégiée. Mais ces priv­ilèges les engageaient aus­si à cer­taines restric­tions tan­dis que les tra­vailleurs et employés privés jouis­saient du droit de se réu­nir pour la sauve­g­arde de leurs intérêts économiques, les fonc­tion­naires et tra­vailleurs de l’État prussien et alle­mand, eux, ne l’avaient pas.

Mal­gré que la République, après la révo­lu­tion, se soit effor­cée, comme l’ancienne monar­chie, de main­tenir la sit­u­a­tion priv­ilégiée des fonc­tion­naires de l’État, elle n’a pas réus­si dans la mesure espérée. La seule classe qui con­ser­vait comme par le passé tous ses priv­ilèges, fut la caste mil­i­tariste. Celle-ci est la plus impor­tante pour le main­tien de l’ordre éta­tique, du joug cap­i­tal­iste, aus­si l’État essaie-t-il de lui assur­er les meilleurs salaires pour gag­n­er sa con­fi­ance et s’assurer de ses éléments.

Afin d’améliorer la sit­u­a­tion finan­cière des mil­i­taires, le Gou­verne­ment alle­mand a cher­ché, pour obtenir les fonds néces­saires, à pres­sur­er les autres insti­tu­tions de l’État. Mais, d’un autre côté, le Gou­verne­ment alle­mand a à compter avec les pré­ten­dues « néces­sités » inter­na­tionales qui lui ont été imposées par 1e traité de Versailles,

Il fut demandé à la con­férence de Cannes, à laque­lle le Gou­verne­ment alle­mand était représen­té par Rathenau, d’améliorer cette sit­u­a­tion du Gou­verne­ment, afin de par­er, avant tout, au déficit des entre­pris­es d’État.

Depuis nom­bre d’années, dans les chemins de fer alle­mands en par­ti­c­uli­er, où tra­vail­lait en déficit. Les raisons en sont mul­ti­ples. L’une d’elles mérite pour­tant d’être spé­ciale­ment mise en relief, parce qu’elle est en rap­port direct avec la posi­tion du Gou­verne­ment avant et pen­dant la grève. Le per­son­nel des chemins de fer de l’État alle­mand tra­vail­lait avant la guerre dix heures ; lorsque après la révo­lu­tion, la journée de huit heures fut intro­duite partout, il fal­lut aug­menter le per­son­nel pour sub­venir aux besoins de l’exploitation ; le chiffre de celui-ci aug­men­ta de 750.000 à un mil­lion. Depuis, de nou­veau, des réduc­tions ont été faites, de sorte que c’est 93.000 hommes qui ont été licen­ciés Pour réduire davan­tage encore le per­son­nel, le Gou­verne­ment voulut pro­longer la durée de tra­vail, suiv­ant les direc­tives précédem­ment indiquées. 100.000 hommes encore au moins devaient être licen­ciés. Ce fut égale­ment une des raisons pour lesquelles les cheminots s’opposèrent au pro­jet du Gouvernement.

Les social-démoc­rates déclar­ent à présent que le Gou­verne­ment n’avait pas d’autre moyen de cou­vrir le déficit dans les chemins de fer. Cela est cepen­dant pour le moins inex­act, car l’administration des chemins de fer fai­sait en même temps auprès des cap­i­tal­istes privés des grandes usines de métal­lurgie, des com­man­des telle­ment gigan­tesques, que celles-ci engloutis­saient tout le sur­plus du revenu des chemins de fer, lequel a aug­men­té con­sid­érable­ment par suite de la hausse nou­velle de plus du dou­ble des tar­ifs fer­rovi­aires, en vigueur depuis le 1er févri­er ; de plus, tous les char­bons néces­saires aux chemins de fer sont demandés aux cap­i­tal­istes privés, Thyssen, Stinnes etc… ce sont ceux-là qui empochent les mil­liards de prof­it, car le char­bon et le fer ont été à nou­veau aug­men­tés à par­tir du 1er févri­er, de 40 à 50%.

Ce sont là les omis­sions dont les social-démoc­rates se sont ren­dus coupables dans les pre­miers jours de la révo­lu­tion et qui se man­i­fes­tent à présent. Toute la classe des tra­vailleurs était alors tout feu tout flamme pour la social­i­sa­tion des mines de char­bon et des grandes usines métal­lurgiques. Les par­tis qui, en Alle­magne étaient depuis Karl Marx les plus puis­sants, les social-démoc­rates par­lemen­taires, n’ont rien fait pour don­ner cours à cette aspi­ra­tion des mass­es. Ils con­quirent pour eux et leurs adhérents le pou­voir dans l’État, c’est-à-dire quelques sièges min­istériels et ce fut là pour eux la révolution.

Les mass­es n’en furent point sat­is­faites, les Junkers restèrent en pos­ses­sion de la terre comme devant, de même que les barons du char­bon restèrent maîtres des mines et les cheva­liers d’industrie de leurs grandes indus­tries. La poli­tique de l’activité économique fut après, comme avant, établie au béné­fice de quelques-uns ; les mass­es durent comme avant la révo­lu­tion se con­tenter des miettes de pain qui tombaient de la table des gros indus­triels. Et voilà com­ment il a pu se faire que l’économie n’a pu devenir prof­itable pour tous et com­ment l’intérêt et le prof­it de quelques uns res­ta le principe déter­mi­nant de toute l’économie de l’Allemagne.

Toutes ces omis­sions, fautes et bour­des faites par les par­tis poli­tiques depuis le com­mence­ment de la l’évolution en Alle­magne s’accumulèrent tou­jours plus pour ali­menter le mécon­tente­ment des mass­es laborieuses à l’égard des chefs poli­tiques. À cela vint s’ajouter l’extension de la mis­ère économique pour accroître la méfi­ance des tra­vailleurs et des petits employés.

Bien que la majorité des tra­vailleurs et des employés en Alle­magne soit dans les grands syn­di­cats sous une direc­tion social-démoc­rate, une par­tie de ces syn­di­cats s’en sont déjà retirés… Les groupes d’employés et ouvri­ers ne sont pas encore allés jusqu’à subir l’influence funeste des chefs social-démoc­rates. Les fonc­tion­naires et les ouvri­ers de l’État en Alle­magne n’ayant con­quis le droit de coali­tion qu’après la guerre, ce n’est qu’après que la révo­lu­tion eût éclaté qu’ils furent à même de con­stituer des syn­di­cats. Divers­es unions d’employés sur­girent, suiv­ant le développe­ment intel­lectuel et poli­tique des mem­bres. Les cheminots égale­ment organ­isèrent non pas seule­ment un, mais plusieurs syn­di­cats. Une par­tie des cheminots s’organisa en union social-démoc­rate sous le nom de « Deutsch­er Eisen­bah­n­er Ver­band » ini­tiales D.E.V. Mais une autre par­tie, et ce fut la majorité, voulut rester libre de toute ori­en­ta­tion poli­tique et c’est pourquoi elle con­sti­tua une union sous le nom de « Reichs­gew­erkschaft deutsch­er Eisen­bahn­beamter und Anwärter ». Cette union com­pre­nait aus­si le syn­di­cat des con­duc­teurs de loco­mo­tives. Par suite de sa neu­tral­ité poli­tique, cette union fut traitée de jaune par les social-démoc­rates et les communistes.

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Cela cepen­dant est tout à fait inex­act. Lorsque les cheminots négo­cièrent avec le Gou­verne­ment, les Unions social-démoc­rates se mirent pour le moins autant du côté du Gou­verne­ment que de celui des tra­vailleurs et employés qu’elles devaient par­ti­c­ulière­ment représen­ter. C’est que les amis per­son­nels et poli­tiques des chefs de ces syn­di­cats, ain­si qu’une par­tie des min­istres du Gou­verne­ment étaient mem­bres du par­ti social-démoc­rate. Il arrive même par­fois que les représen­tants des syn­di­cats social-démoc­rates pren­nent part aux affaires du Gou­verne­ment. Il leur fal­lut donc sauve­g­arder aus­si bien les intérêts du Gou­verne­ment que les intérêts de leur union, ou, ce qui revient au même, représen­ter à la fois les intérêts des employeurs et ceux des employés. Il était à prévoir que les syn­di­cats social-démoc­rates ne pour­raient agir de façon effi­cace dans l’intérêt des employés. La con­duite de la bataille con­tre le Gou­verne­ment ne pou­vait par con­séquent venir que du syn­di­cat pleine­ment indépen­dant à l’égard du Gou­verne­ment. Et ce syn­di­cat fut pour les cheminots le « Reichs­gew­erkschaft ». On a pu voir claire­ment alors non seule­ment l’incapacité pra­tique du syn­di­cat qui s’appuie sur le Gou­verne­ment, mais aus­si l’inexactitude théorique sur laque­lle les social-démoc­rates alle­mands, et du reste aus­si les syn­di­cats russ­es, sont basés. Les syn­di­cats sont des organ­i­sa­tions économiques pour la défense des intérêts des tra­vailleurs et ils ont, comme tels et en pre­mier lieu, à représen­ter les intérêts économiques de leurs mem­bres et à employ­er tous moyens pour la sauve­g­arde de ces intérêts en face de tout employeur. Il ne peut donc y avoir d’intérêt plus élevé pour les syn­di­cats que celui de leurs mem­bres. L’intérêt économique des mem­bres, voilà ce que les syn­di­cats doivent sauve­g­arder en toute sit­u­a­tion et sous tout ordre social.

Rad­i­cale­ment faux est donc le point de vue suiv­ant lequel les intérêts des mem­bres ne doivent pas être placés avant ceux de l’État… cap­i­tal­iste cela va sans dire… mais social­iste et com­mu­niste égale­ment. Si les syn­di­cats veu­lent être quelque chose de plus que les pro­tecteurs des intérêts de leurs mem­bres et avoir en eux quelque chose de révo­lu­tion­naire, cela ne peut être nulle­ment en faisant aban­don et en faisant bon marché des intérêts des mem­bres au béné­fice d’une quel­conque forme poli­tique éta­tique. Ce que les organ­i­sa­tions syn­di­cales ont de révo­lu­tion­naire ne peut que se con­cen­tr­er sur ce point : assur­er la sécu­rité économique absolue à leurs mem­bres, c’est-à-dire assur­er un état social dans lequel l’exploitation économique sera abolie.

Les syn­di­cats ne pour­ront abolir l’exploitation économique que lorsqu’ils met­tront à la place de l’actuelle poli­tique économique de prof­it cap­i­tal­iste, une pro­duc­tion adéquate aux besoins. Ce que les syn­di­cats ont de révo­lu­tion­naire doit donc con­sis­ter à con­quérir le con­trôle sur la pro­duc­tion et enfin à pren­dre eux-mêmes l’industrie en mains. Là seule­ment doit être le but posi­tif qui doit être pris en con­sid­éra­tion par les syn­di­cats. Et les exploiteurs économiques ayant été de tous temps représen­tés par les class­es dom­i­nantes, c’est donc entre ces class­es au pou­voir, c’est-à-dire con­tre l’État que les syn­di­cats doivent se met­tre en marche pour la réal­i­sa­tion de leur but. Il en résulte donc entre les syn­di­cats et l’État une antin­o­mie. L’on ne peut donc dire d’un syn­di­cat qu’il est vrai­ment révo­lu­tion­naire que lorsqu’il mène aus­si le com­bat con­tre l’État, en tant que pro­tecteur de la classe rég­nante et exploiteuse. Les syn­di­cats qui ont con­clu avec l’État une « Union sacrée » ou une col­lab­o­ra­tion se sont du même coup retiré tout droit d’œuvrer sur la société dans le sens lib­er­taire, c’est-à-dire d’affranchissement. Au con­traire, par leur opin­ion, ils seront con­traints au jour de l’action, de trahir leurs pro­pres mem­bres. Ils se trou­veront dans cette sit­u­a­tion ou d’avoir à choisir entre les intérêts de l’État et ceux de leurs mem­bres. Les syn­di­cats social-démoc­rates ou soit dis­ant libres ont fait leur choix et ont placé au-dessus de celui de leurs pro­pres mem­bres, c’est-à-dire des mass­es exploitées, l’intérêt de l’État, par con­séquent des représen­tants délégués de la classe dom­i­nante. C’est donc d’une igno­minieuse trahi­son dont ils se sont ren­dus coupables.

Cette trahi­son n’était même pas cou­verte ou voilée, Non ! ouverte­ment, du pre­mier jour de la grève, les Unions qui sont à la tête se sont déclarées con­tre la grève, et l’ont qual­i­fiée d’indisciplinée ; plus encore, ils ont ouverte­ment fait des appels afin de bris­er la grève. Les dirigeants social-démoc­rates parais­sent avoir été à la même école que leurs frères de Russie.

Tout comme ceux-ci, ils représen­taient les tra­vailleurs et employés grévistes comme achetés par la Réac­tion, désireuse de nuire à l’État pop­u­laire social-démoc­rate et à la République démocratique.

Mais il ne s’agit pas seule­ment en ceci des socio-démoc­rates de droite ; les indépen­dants eux aus­si, eurent une atti­tude équivoque.

Leur feuille, la Frei­heit, comme leurs chefs, furent davan­tage du côté de l’État que de celui des grévistes. Et cela se com­prend : tôt ou tard, ce par­ti sera appelé à par­ticiper au gou­verne­ment et il doit se mon­tr­er « min­is­tra­ble ». En fait, le min­istre indépen­dant Lip­in­sky, en Saxe, car en Saxe le par­ti indépen­dant est déjà au min­istère, a déclaré que la grève était une atteinte à la Con­sti­tu­tion du nou­v­el État alle­mand, tan­dis qu’à Berlin l’avocat Rosen­feld, lequel ne fait pas encore par­tie du Gou­verne­ment a représen­té la grève comme jus­ti­fiée et l’interdiction de grève du Gou­verne­ment comme une atteinte à la Con­sti­tu­tion. Mais le morceau le plus beau vient du social-démoc­rate et ex-Com­mis­saire du peu­ple, Émile Barth, lors d’une réu­nion des Con­seils d’exploitation de Berlin. Il déclara que le Syn­di­cat Nation­al des Cheminots, Reichs­gew­erkschaft, pou­vant pay­er trois mil­lions de fonds de grève et rece­vant quo­ti­di­en­nement 15.000 marks de sou­tien du Min­istère de la Jus­tice, n’était pas un syn­di­cat social­iste, mais un syn­di­cat réactionnaire.

On voit pourquoi les social-démoc­rates de toutes nuances com­bat­tirent la grève : parce qu’ils ne purent pren­dre en mains la direc­tion de la grève. C’est par dessus la tête des chefs « autorisés » des syn­di­cats, que les tra­vailleurs déclarèrent la grève et c’est con­tre leur volon­té qu’ils l’ont menée.

Le Gou­verne­ment prit posi­tion naturelle­ment con­tre la grève et le fit d’une manière si bru­tale, qu’elle ne reste pas en dessous de celle des journées sanglantes de Noske et même du Gou­verne­ment monar­chiste des Hohen­zollern. Le même jour où éclatait la grève, donc du 1er au 2 févri­er, le Prési­dent social-démoc­rate de la République, pro­mul­gua un décret dans lequel « il était porté à la con­nais­sance de tous les employés et à ceux des chemins de fer en par­ti­c­uli­er, que la ces­sa­tion ou le refus du tra­vail qui leur incom­bait était inter­dit. Celui qui incit­erait ou engagerait un employé des chemins de fer à la ces­sa­tion inter­dite du tra­vail, serait puni de prison et d’une amende pou­vant aller jusqu’à 50.000 marks ».

Égale­ment tout sab­o­tage ou entrave à la « lib­erté » du tra­vail serait con­sid­éré comme acte puniss­able et était men­acé des mêmes châtiments.

En rai­son de ce décret, le Préfet de Police social démoc­rate de Berlin fit paraître un arrêté suiv­ant lequel :

« Tous les fonds des­tinés à la con­duite de la grève seront sai­sis, l’impression d’appels con­tenant des provo­ca­tions à la grève seront empêchés. Les appels en faveur de la grève seront sai­sis. Les per­son­nes qui se seront ren­dues coupables de provo­ca­tions à la grève seront mis­es en état d’arrestation. »

Les maîtres socio-démoc­rates ont ain­si mon­tré qu’ils com­pre­naient leur méti­er au moins aus­si bien que leurs adver­saires monar­chistes. Et ces arrêtés ne restèrent pas seule­ment à l’état de déc­la­ra­tions pla­toniques, mais ils dev­in­rent aus­si la dure réal­ité, car déjà au pre­mier jour de grève, les chefs grévistes du Reichs­gew­erkschaft furent arrêtés, le Comité de grève pour­chas­sé d’un endroit à un autre, la caisse de grève fut saisie et alors que l’un des chefs grévistes allait retir­er un mil­lion de fonds d’une Banque de Berlin, il fut appréhendé à sa sor­tie avec tous les fonds dont il était porteur.

Le Gou­verne­ment et la Police crurent par ces moyens de rigueur mater la grève et ils avaient pour eux l’assentiment des syn­di­cats prêts à tout faire en leur pou­voir afin d’empêcher l’extension de la grève. Les mesures gou­verne­men­tales curent cepen­dant un résul­tat opposé.

Par cette attaque aux droits fon­da­men­taux de la classe ouvrière, celle-ci se sen­tit men­acée et com­prit qu’il était de son devoir de répon­dre au gou­verne­ment ; alors ce ne fut pas seule­ment le Syn­di­cat Nation­al des Cheminots, mais toutes les Unions des Cheminots qui se mirent en grève, mal­gré que leurs chefs se fussent énergique­ment pronon­cés con­tre le mouvement.

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La grève s’étendit tou­jours davan­tage et englo­ba bien­tôt 800.000 cheminots dans toute l’Allemagne.

Deux jours après que la grève eut éclaté l’organisation briseuse de grève organ­isée par le Social-Démoc­rate Noske, la « Tech­nise­he Nol­hil­fe » (Ligue civique) entra en action. Elle essaya de main­tenir le traf­ic néces­saire des chemins de fer en exer­ci­ce, mais s’aperçut bien­tôt qu’elle cau­sait plus de dom­mages que de bien. La grève se pour­suiv­it avec une vigueur non dimin­uée. Dans tout Berlin la classe ouvrière était avec les grévistes et même les tra­vailleurs qui étaient organ­isés dans le par­ti social-démoc­rate et qui avaient suivi tou­jours fidèle­ment leurs chefs, déclarèrent alors, dans de nom­breuses exploita­tions, que le décret de leur « Cama­rade », Prési­dent de la République était une honte pour la classe ouvrière et qu’il devait être rapporté.

Il sem­blait de plus en plus que le Gou­verne­ment en cette lutte qu’il avait lui-même pré­parée, allait être mis en état d’infériorité. Une autre cir­con­stance avait encore aggravé la posi­tion du Gou­verne­ment. Les tra­vailleurs et employés com­mu­naux de Berlin étaient depuis assez longtemps en négo­ci­a­tions avec le Mag­is­trat de cette ville et le Gou­verne­ment, au sujet de la con­tin­u­a­tion de leurs con­ven­tions des tar­ifs. Le Mag­is­trat voulut, ain­si que le Gou­verne­ment l’avait fait auprès des tra­vailleurs de l’État, retir­er leurs anciens droits aux ouvri­ers, pro­longer la journée de 8 heures, dimin­uer ce droit qu’ils avaient de pren­dre part aux déci­sions, leur retir­er la per­mis­sion de détente et surtout leur enlever le droit de grève. Les employés com­mu­naux exigèrent la pro­lon­ga­tion des anciens tar­ifs jusqu’à fin 1922, avec tous les avan­tages con­quis en péri­ode révo­lu­tion­naire, après une rude bataille. Le Mag­is­trat ne voulut accorder la pro­lon­ga­tion que jusqu’à juil­let et les tra­vailleurs et employés com­mu­naux se mirent égale­ment en grève. Il est peu dou­teux que dans cette déci­sion de quit­ter le tra­vail, ce fut à la fois la sit­u­a­tion dans laque­lle la classe ouvrière était placée par le Gou­verne­ment à l’occasion de la grève des chemins de fer, l’appel des cheminots à toute la classe ouvrière d’Allemagne en faveur de la sol­i­dar­ité qui pro­duisirent égale­ment leur effet. Les tra­vailleurs com­mu­naux berli­nois déclarèrent la grève, deux jours après que celle des chemins de fer eut éclaté.

La sit­u­a­tion dans toute l’Allemagne et à Berlin surtout était alors extrême­ment ten­due. La con­fi­ance mon­tait au cœur de la classe ouvrière. L’on avait la con­vic­tion dans les milieux révo­lu­tion­naires en général, que, si la grève venait à dur­er une semaine de plus, le Gou­verne­ment flancherait et que la lutte se ter­min­erait par une vic­toire des tra­vailleurs et des employés. Une par­tie des entre­pris­es indus­trielles privées fut for­cée de cess­er le tra­vail à cause du manque de char­bon ; une autre par­tie le ces­sa par sol­i­dar­ité. Les opti­mistes par­laient même d’une prochaine révo­lu­tion, vers laque­lle suiv­ant eux la sit­u­a­tion se dirigeait. Le Gou­verne­ment était momen­tané­ment impuis­sant, mais d’avance il était à prévoir qu’il ferait tout pour sauve­g­arder son autorité. Il s’adressa aux Chefs des Syn­di­cats pour qu’ils lui vinssent en aide, et ceux-ci ne firent point défaut. Dès le début de l’action, les Chefs des organ­i­sa­tions libres et social-démoc­rates, autre­fois appelées Unions Cen­trales et qui sont aujourd’hui les organ­i­sa­tions de tête, avaient été adver­saires de la grève ; ils se mirent à la dis­po­si­tion du Gou­verne­ment, pour des négo­ci­a­tions en vue de bris­er le mou­ve­ment et un accord fut con­clu suiv­ant lequel la grève serait arrêtée et l’interdiction de grève du Gouver­nement ren­due pla­tonique. En con­for­mité avec cet arrange­ment les organ­i­sa­tions lancèrent un appel dans lequel on déclarait : « La respon­s­abil­ité qui incombe aux organ­i­sa­tions de tête sous­signées, leur fait un devoir d’inviter tous les Cheminots se trou­vant en grève à la reprise immé­di­ate du tra­vail. La grève a été déclarée par le « Reichs­gew­erkschaft » sans que celui-ci ait tenu aucun compte des principes syndicalistes. »

Non con­tents d’affaiblir le plus qu’il leur fui pos­si­ble la grève par ces sim­ples appels en faveur de la reprise du tra­vail, ils firent égale­ment tout der­rière le dos des tra­vailleurs afin de soutenir le Gou­verne­ment. Celui-ci ne voulait point traiter avec les cheminots grévistes, pas plus que le Mag­is­trat à Berlin avec les tra­vailleurs en grève. C’est alors que les chefs des Syn­di­cats cen­traux s’interposèrent d’une part entre le Gou­verne­ment et les cheminots, et entre le Mag­is­trat de Berlin et les tra­vailleurs com­mu­naux d’autre part, afin de se ren­dre maîtres du mou­ve­ment. Puis les chefs de syn­di­cats s’adressèrent aux grévistes, et soumirent aux Comités de grève les con­di­tions du Gou­verne­ment et celles du Magistrat.

En même temps des réu­nions mon­stres de grévistes eurent lieu à Berlin et les par­tic­i­pants se pronon­cèrent unanime­ment con­tre la reprise du tra­vail. La fin de la grève n’en avait pas moins été décidée par les chefs et en fait le mou­ve­ment fut brisé.

Les cama­rades de l’étranger vont dire ici : Mais com­ment fut-ce pos­si­ble ? Pour le com­pren­dre il faut con­naître la psy­cholo­gie du tra­vailleur alle­mand ; quand on sait com­ment dans le « Kapp-Putsche » (les échauf­fourées aux­quelles don­nèrent lieu le coup d’État de Kapp), les tra­vailleurs étaient fer­me­ment décidés à utilis­er la vic­toire qu’ils avaient rem­portée, grâce à la grève générale pour réalis­er leurs reven­di­ca­tions social­istes et com­ment cepen­dant les politi­ciens surent l’empêcher, on ne peut s’étonner que ces mêmes politi­ciens aient su cette fois encore, rouler les tra­vailleurs. Les Comités de grève des tra­vailleurs durent dans les pre­miers jours de grève soigneuse­ment se dis­simuler aux yeux de la police. Puis s’étant vu autorisés, sans aucune crainte d’être arrêtés, à pren­dre part aux négo­ci­a­tions, les mem­bres du Comité de grève éprou­vèrent comme le sen­ti­ment d’une demi-vic­toire. Ils don­nèrent leur assen­ti­ment pour la ter­mi­nai­son de la grève et sous­signèrent une invi­ta­tion à repren­dre le tra­vail qui avait été élaborée par les Chefs des Syn­di­cats. Lorsque, le jour suiv­ant, cette invi­ta­tion parvint aux yeux des tra­vailleurs, ils eurent comme réponse, une unanime et grande indig­na­tion. Des réu­nions par ate­lier et par exploita­tion furent pré­parées, où les chefs grévistes locaux invitèrent les grévistes à repren­dre le tra­vail, con­for­mé­ment à l’appel de la direc­tion cen­trale de la grève. Les grandes mass­es de tra­vailleurs et de cheminots étaient opposées à la reprise du tra­vail. Des diver­gences s’ensuivirent et la plu­part des réu­nions eurent lieu sans résul­tat, sans que les tra­vail leurs aient claire­ment dans les yeux, ce qui alors devait arriver.

Un but au moins était atteint : l’Unité des grévistes était brisée. Gou­verne­ment et magis­tral relevèrent la tête et firent paraître des déc­la­ra­tions, suiv­ant lesquelles tous ceux qui ne reprendraient pas immé­di­ate­ment le tra­vail seraient con­sid­érés comme licenciés.

Et voici le plus beau : les organ­i­sa­tions de tête et leurs direc­tions, qui avaient surtout con­tribué à divis­er les tra­vailleurs, se présen­tèrent alors com­mue les sauveurs de la sit­u­a­tion. Elles déclarèrent vouloir traiter avec le Gou­verne­ment et avec le Mag­is­trat afin d’empêcher le con­gédiement des grévistes. Et si elles l’obtenaient, c’est à elles que les tra­vailleurs le devraient. C’est ain­si que ces traîtres voulaient recon­quérir auprès des tra­vailleurs leur pres­tige per­du, et appa­raître encore comme les sauveurs de la sit­u­a­tion. Ils ne réus­sirent point cepen­dant. La plu­part des tra­vailleurs révo­lu­tion­naires ont vu la trahi­son de ces organ­i­sa­tions de tête. Cette fois-ci elle avait été trop appar­ente. Ils ont déchiré leurs livrets de mem­bres de l’Union et cherchent à se grouper main­tenant dans les organ­i­sa­tions révo­lu­tion­naires C’est par cen­taines qu’ils vien­nent à présent au bureau des syn­di­cal­istes de la F.A.U.D. (Freie Arbeit­er Union Deutsch­lands), Union libre des tra­vailleurs d’Allemagne et les uns veu­lent avoir un ora­teur syn­di­cal­iste dans leurs réu­nions, les autres ren­tr­er dans les organ­i­sa­tions syn­di­cal­istes. Sans doute, les syn­di­cats réelle­ment syn­di­cal­istes et rad­i­caux ont gag­né à ce mou­ve­ment, mal­gré que celui-ci ait été une défaite pour les grévistes.

Le Gou­verne­ment et le Mag­is­trat ont, dès le pre­mier moment, fait cette con­ces­sion de ne pren­dre aucune mesure con­tre les tra­vailleurs grévistes, mais cepen­dant, dès que la grève fut ter­minée, l’un et l’autre vio­lèrent leurs engage­ments. Pas plus tard que deux jours après la ter­mi­nai­son du con­flit, le Gou­verne­ment indi­quait les direc­tives en vue des pour­suites sys­té­ma­tiques et du ren­voi des grévistes.

Les tra­vailleurs recon­nais­sent à présent qu’ils ont été bafoués et trompés de la plus vile manière et com­men­cent à s’agiter à nou­veau. Par l’emploi de moyens régionaux le Gouverne­ment et le Mag­is­trat de Berlin voulurent faire un tel exem­ple que l’envie serait ôtée aux tra­vailleurs de faire grève une sec­onde fois. Ils se trompaient cepen­dant. Main­tenant, après la grève, mal­gré les nom­breux ren­vois, les tra­vailleurs ne sont nulle­ment intimidés, mais sont par con­tre très exas­pérés. Ils ne par­lent rien moins que d’une nou­velle grève. L’éventualité d’un mou­ve­ment auquel prendraient part non seule­ment les tra­vailleurs com­mu­naux de Berlin, mais toute la classe ouvrière berli­noise, n’est nulle­ment à écarter.

Les tra­vailleurs berli­nois des exploita­tions privées se sen­tent très grave­ment men­acés par l’attitude du Gou­verne­ment ; c’est le droit de grève qu’on men­ace et ils ne sont nulle­ment dis­posés à rester impas­si­bles en face d’une nou­velle vio­la­tion de leur droit par le Gouvernement.

[|* * * *|]

Si une nou­velle lutte ne résulte pas de cette ren­con­tre, cette dernière grève n’en aura pas moins ouvert les yeux à la frac­tion la plus évoluée de la classe ouvrière. Les prochaines batailles trou­veront le pro­lé­tari­at révo­lu­tion­naire dans les organ­i­sa­tions, avec lesquelles ils sont de cœur déjà. Cer­taine­ment l’année 1922 et l’avenir ver­ront l’Allemagne devenir le théâtre d’une grande mêlée, dont cette grève n’a été que le prélude. La ten­ta­tive du Gou­verne­ment de ren­dre illu­soire par une nou­velle loi sur la régle­men­ta­tion de la durée du tra­vail, la journée de huit heures et cela afin que l’Allemagne puisse être à même de rem­plir les engage­ments que le Traité de Ver­sailles lui a imposés, se heurtera à la plus grande résis­tance de la part des travailleurs.

Pour sauve­g­arder l’intérêt de la Bour­geoisie, c’est sur les épaules des tra­vailleurs que le gou­verne­ment alle­mand veut rejeter les charges de la guerre. La Con­férence de Gênes n’a pas d’autre but que de pro­téger le cap­i­tal­isme inter­na­tion­al et de com­bat­tre sur le ter­rain inter­na­tion­al les reven­di­ca­tions ouvrières. Les tra­vailleurs alle­mands sen­tent qu’ils fer­ont par­tie des sac­ri­fiés. Ils se défendront con­tre ces manœu­vres et ils s’attendent à de nou­velles batailles provo­quées par les nou­velles attaques dont ils seront l’objet de la part du Gou­verne­ment. Cela ne saurait tarder. Les dernières grèves leur ont dessil­lé les yeux et mon­tré qu’ils n’ont rien à atten­dre de leurs syn­di­cats qu’une hos­til­ité déclarée. Si donc la dernière grève a con­duit la classe ouvrière à une défaite, elle n’en est pas moins un pro­grès en ce sens qu’elle a servi à aver­tir les tra­vailleurs sur le car­ac­tère des organ­i­sa­tions de têtes syn­di­cales, dans lesquelles si longtemps ils placèrent leur confiance.

[/Augustin Souchy/].


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