La Presse Anarchiste

Ce numéro double

Nous sommes en retard, furieu­se­ment en retard. Il n’y a pas de notre faute. Par­mi les loca­li­tés de la ban­lieue pari­sienne, Vil­le­neuve-Saint-Georges a été l’une des plus éprou­vées par l’i­non­da­tion. L’U­nion Typo­gra­phique a subi un arrêt de tra­vail de plus de quinze jours. Une fois l’eau reti­rée des ate­liers, plus de gaz ni d’élec­tri­ci­té pour action­ner lino­types et machines à tirer : obli­ga­tion de recou­rir à des moyens de fortune.

Nous avions pen­sé, à un moment don­né, pou­voir sor­tir le numé­ro du 5 février avec seule­ment quelques jours de retard. Mais cela ne fut pas pos­sible. Aus­si avons-nous esti­mé néces­saire de réunir en un seul les deux numé­ros de février. Nous rat­tra­pons, de ce fait, le gros retard. Quant au pro­chain numé­ro, nous ferons tous nos efforts pour qu’il paraisse le 5 mars, et nous avons tout lieu de croire que nous y parviendrons.

Nos abon­nés, cer­tai­ne­ment, ne nous tien­dront pas rigueur de cet arrêt d’un mois dans l’en­voi de la Vie Ouvrière.

Nul plus que nous, d’ailleurs, n’a Souf­fert de cet état de choses qui nous a énor­mé­ment gêné, qui nous a même cau­sé un sou­ci profond.

Nous avions pres­sé Vignols pour qu’il nous donne son étude sur la Caisse des Inva­lides de la Marine assez tôt pour qu’elle paraisse le 5 février et qu’elle puisse ser­vir aux cama­rades délé­gués par la C.G.T. pour les mee­tings des 13 et 14 contre le pro­jet de retraites ouvrières.

Vignols s’est pres­sé et nous a livré à temps son manus­crit. Mal­heu­reu­se­ment, pas moyen de le com­po­ser. Et puis, cette étude, pour laquelle Vignols nous avait deman­dé de lui réser­ver trente-cinq pages, en compte fina­le­ment quatre-vingt-quatre. Or chaque numé­ro compte soixante-quatre pages seule­ment. Com­ment faire, même dans ce numé­ro double ? Cou­per cette étude et en ren­voyer la suite à un ou deux numé­ros pro­chains ? Cela nous a sem­blé une mau­vaise idée. Cette étude — si éten­due qu’elle soit — revêt à l’heure actuelle une grosse impor­tance ; en la cou­pant, n’en aurions-nous pas dimi­nué la por­tée et la valeur ?

Nous la don­nons donc tout entière aujourd’­hui. Elle prend, certes, une grosse place dans ce numé­ro. Mais la ques­tion des retraites ouvrières basées sur le sys­tème de la capi­ta­li­sa­tion des ver­se­ments n’en prend-elle pas une aus­si grande dans les pré­oc­cu­pa­tions ouvrières ?

Autre sou­ci : L’Af­faire de l’Ouen­za. Elle venait devant la Chambre, et nos « hono­rables » parais­saient dis­po­sés à la résoudre les­te­ment. Pou­vait-on lais­ser ter­mi­ner lamen­ta­ble­ment une cam­pagne menée avec tant de téna­ci­té par Mer­rheim, trois ans durant ? Avec l’af­faire de l’Ouen­za, c’est toute la ques­tion des conces­sions de mines, de la révi­sion de la loi de 1810 qui se pose. Mais les par­le­men­taires ne la posent pas. C’est à l’ac­tion ouvrière de les for­cer à la poser. Pour cela, il était néces­saire de résu­mer cette affaire de l’Ouen­za dans une étude d’en­semble et de mon­trer aux mili­tants sur quels points doit s’exer­cer leur pres­sion. Cette étude, nous avions fait le pro­jet de la réunir en bro­chure et de deman­der à nos cama­rades de la répandre autour d’eux avant que la Chambre ait pu prendre une réso­lu­tion définitive.

Les ven­dre­dis de dis­cus­sion de l’Ouen­za pas­saient ; certes, les par­le­men­taires socia­listes inter­ve­naient, mais nous avons quelque rai­son de ne pas comp­ter outre mesure sur leurs efforts. Aus­si, jus­qu’au 18 février, nous avions grand peur que le Comi­té des Forges ne ral­lie les trois cent cin­quante dépu­tés qu’il pré­tend avoir dans sa manche et qu’il ne leur fasse approu­ver l’ac­cord inter­ve­nu entre le gou­ver­neur de l’Al­gé­rie et le Consortium.

La dis­cus­sion de l’Ouen­za est ren­voyée après celle du bud­get. Nous avons donc quelques semaines. Il s’a­git de les bien employer. Nous allons réunir en bro­chure l’é­tude de Mer­rheim et tâcher de la sor­tir en même temps que notre numé­ro du 6 mars ; en tout cas, peu de jours après. Il ne faut pas que cette richesse du gise­ment de l’Ouen­za — comme celle des gise­ments de Meurthe-et-Moselle qui n’ap­par­tient ni à M. Jon­nart, ni à M. Schnei­der, — qui est une richesse natio­nale, soit don­née aux vau­tours de la métal­lur­gie, sans clauses favo­rables pour les ouvriers, et sans garanties.

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