La Presse Anarchiste

Assemblée générale de la Fédération ouvrière du val de Saint-Imier

[[Article publié sans titre]]

[/​Sonvillier, le 4 novembre 1872./]

Com­pa­gnons Rédac­teurs du Bul­le­tin de la Fédé­ra­tion juras­sienne.

La Fédé­ra­tion ouvrière du Val de Saint-Imier s’est réunie le 3 novembre en assem­blée générale.

Elle a adop­té à l’u­na­ni­mi­té, sur la pro­po­si­tion des diverses com­mis­sions admi­nis­tra­tives et de son comi­té cen­tral, les réso­lu­tions sui­vantes ; nous vous serions obli­gés, si vous vou­liez leur don­ner une place dans les colonnes de votre esti­mable journal :

1° Enquête et statistique.

Consi­dé­rant :

Que des arres­ta­tions d’ou­vriers pour affaires de dettes ont eu lieu ;

Que cette pra­tique atteint la digni­té de la classe ouvrière et met les ouvriers en dehors du droit commun ;

L’as­sem­blée géné­rale de la fédé­ra­tion ouvrière du Val de Saint-Imier, tenue le 3 novembre 1872, décide :

1° La com­mis­sion d’en­quête et de sta­tis­tique est char­gée d’ou­vrir immé­dia­te­ment une enquête sérieuse sur les causes qui ont ame­né les arres­ta­tions pré­ci­tées et sur la manière légale de pro­cé­der en pareille circonstance.

2° La com­mis­sion fera rap­port dans la plus pro­chaine séance du comi­té cen­tral et de la fédération.

2° Résistance.

Appel aux ouvriers du Val de Saint-Imier.

Com­pa­gnons !

Nous ne répé­tons pas aujourd’­hui ce qui a déjà été dit tant de fois, que la classe ouvrière ne pour­ra tra­vailler sérieu­se­ment à l’a­mé­lio­ra­tion de sa posi­tion, qu’au­tant qu’elle sera unie dans son orga­ni­sa­tion et dans une action commune.

Pour que cette orga­ni­sa­tion et cette action servent réel­le­ment les inté­rêts de la classe ouvrière, il faut qu’elles soient abso­lu­ment libres, et le fait, non pas d’un plan savam­ment com­bi­né, mais le résul­tat des néces­si­tés propres à chaque métier.

L’or­ga­ni­sa­tion de chaque métier en socié­tés, qui se fédèrent libre­ment entre elles, est défi­ni­ti­ve­ment deve­nue, dans les centres indus­triels, la base fon­da­men­tale du mou­ve­ment ouvrier.

Les expé­riences géné­rales, et plus par­ti­cu­liè­re­ment celles propres à notre indus­trie, faites dans ce domaine, sont une démons­tra­tion posi­tive que la classe ouvrière pour­ra agir sérieu­se­ment, si elle veut s’or­ga­ni­ser confor­mé­ment aux inté­rêts qui lui sont propres.

La Fédé­ra­tion ouvrière du Val de Saint-Imier, défi­ni­ti­ve­ment orga­ni­sée, se pro­pose de grou­per tous les élé­ments ouvriers de notre val­lon dans le but indi­qué ci-dessus.

Quelques-uns de nos métiers sont très sérieu­se­ment orga­ni­sés, dans la plu­part cepen­dant une indif­fé­rence trop grande para­lyse toute organisation.

L’his­toire de notre indus­trie hor­lo­gère devrait nous apprendre com­bien est fatale pour le bien-être du peuple l’in­dif­fé­rence dans un moment de pros­pé­ri­té, où il suf­fi­rait d’un peu d’ac­ti­vi­té de cha­cun pour pro­duire une orga­ni­sa­tion puis­sante qui contien­drait le gage cer­tain d’un ave­nir meilleur pour notre popu­la­tion ouvrière.

Nous fai­sons donc appel à tous ceux qui sont res­tés indif­fé­rents et nous leur disons : Orga­ni­sez-vous, joi­gnez vos efforts aux nôtres, et que, par notre acti­vi­té com­mune, nous réa­li­sions quelques-unes des amé­lio­ra­tions que néces­site impé­rieu­se­ment la situa­tion qui nous est faite.

La com­mis­sion de résis­tance se met à la dis­po­si­tion de tous ceux qui dans leurs métiers res­pec­tifs vou­dront prendre l’i­ni­tia­tive d’une orga­ni­sa­tion quelconque.

Salut fra­ter­nel.

3° Travail et échange.

Consi­dé­rant,

Que la situa­tion pros­père dans laquelle est actuel­le­ment l’in­dus­trie hor­lo­gère faci­lite la créa­tion d’un comp­toir ouvrier ;

Qu’un comp­toir ouvrier offri­ra dans une cer­taine mesure à la classe ouvrière quelques garan­ties d’in­dé­pen­dance qu’elle ne pos­sède pas dans la situa­tion présente ;

La Fédé­ra­tion ouvrière du Val de Saint-Imier, dans son assem­blée du 3 novembre 1872, décide :

1° Un comp­toir ouvrier sera for­mé dans le sein de la Fédération ;

2° Tous les adhé­rents à la fédé­ra­tion sont invi­tés à sou­mettre d’i­ci au 1er décembre pro­chain à la com­mis­sion de Tra­vail et échange leurs pro­po­si­tions concer­nant l’or­ga­ni­sa­tion du comptoir ;

3° La com­mis­sion de Tra­vail et échange pré­sen­te­ra à la plus pro­chaine séance un plan d’organisation.

4° Subsistances.

Consi­dé­rant,

Que les diverses ins­ti­tu­tions qui ont été fon­dées dans le Val de Saint-Imier, en vue de mettre à la dis­po­si­tion de la classe ouvrière, les objets de consom­ma­tion au prix le plus minime pos­sible, ne satis­font pas les inté­rêts réels des ouvriers ;

Que la Fédé­ra­tion, en tant qu’ex­pres­sion orga­nique de la classe ouvrière du Val­lon, doit tendre à concen­trer fédé­ra­ti­ve­ment en elle toute la puis­sance éco­no­mique du pro­lé­ta­riat de notre contrée ;

L’as­sem­blée géné­rale de la Fédé­ra­tion ouvrière du Val de Saint-Imier. du 3 novembre 1872,
décide :

1° La com­mis­sion des sub­sis­tances pren­dra dans le sein de la Fédé­ra­tion l’i­ni­tia­tive de l’or­ga­ni­sa­tion de l’a­chat et de la vente des objets de consommation ;

2° Les sommes néces­saires aux achats seront, pour com­men­cer les opé­ra­tions, pro­cu­rées au moyen d’a­vances faites par les adhérents.

3° Chaque adhé­rent vou­lant par­ti­ci­per aux opé­ra­tions rece­vra en échange des sommes avan­cées par lui, l’é­qui­valent en objets de consommation ;

4° Toutes les opé­ra­tions se feront au comp­tant, et sans pré­le­ver aucun béné­fice ; les objets de consom­ma­tion seront livrés aux adhé­rents au prix de revient aug­men­té des frais d’administration.

5° La com­mis­sion pré­sen­te­ra pour l’une des pro­chaines séances, un pro­jet d’or­ga­ni­sa­tion posi­tive de cette branche d’administration.

5° Enseignement et propagande.

Consi­dé­rant,

Que la Fédé­ra­tion ayant pour but l’a­mé­lio­ra­tion de la classe ouvrière, doit néces­sai­re­ment se pré­oc­cu­per du déve­lop­pe­ment intel­lec­tuel et moral des ouvriers.

L’as­sem­blée de la Fédé­ra­tion du 3 novembre 1872,

décide :

1° Des confé­rences popu­laires seront don­nées dans les diverses loca­li­tés où habitent des adhé­rents à la fédé­ra­tion, dans le but de mettre à la dis­po­si­tion des ouvriers les moyens d’ac­qué­rir les plus grandes sommes de connais­sances utiles ;

2° La Fédé­ra­tion fait appel à toutes les per­sonnes qui vou­draient lui prê­ter leur concours actif dans cette œuvre ;

3° La com­mis­sion d’en­sei­gne­ment et pro­pa­gande est char­gée de l’or­ga­ni­sa­tion des confé­rences popu­laires et de toute ins­ti­tu­tion ayant pour but d’é­clai­rer les ouvriers.

Au nom de l’as­sem­blée de la Fédé­ra­tion du Val de Saint-Imier du 3 novembre 1872.

[/​Le secré­taire, Paul Junet

Le pré­sident, A. Jean­re­naud/​]

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