La Presse Anarchiste

Protesation des amis de Bakounine

[[Article publié sans titre]]

La lettre sui­vante a été adres­sée à la Liber­té de Bruxelles et nous sommes priés de la publier aussi :

[/​Genève et Zurich, 4 octobre 1872./]

À la rédac­tion de la Liber­té.

Nous avons lu avec indi­gna­tion dans le n°37 de votre jour­nal le texte du rap­port incroyable pré­sen­té au Congrès de La Haye par la com­mis­sion d’en­quête sur l’Alliance.

Dans ce rap­port, évi­dem­ment ins­pi­ré par la haine et par le désir d’en finir, coûte que coûte, avec un adver­saire incom­mode, on a osé lan­cer contre notre com­pa­triote et ami Michel Bakou­nine l’ac­cu­sa­tion d’es­cro­que­rie et de chan­tage. La majo­ri­té de ce Congrès s’est ren­due com­plice d’une grande infa­mie en décré­tant l’ex­pul­sion d’un homme dont toute la vie a été consa­crée au ser­vice de la grande cause du pro­lé­ta­riat, et qui a expié ce crime par huit ans de réclu­sion dans dif­fé­rentes for­te­resses alle­mandes et russes et par quatre ans d’exil en Sibérie.

Échap­pé de la Sibé­rie en 1861, fi a été assailli par la calom­nie mar­xienne qui n’a plus ces­sé de le dif­fa­mer depuis dans les jour­naux démo­crates-socia­listes de l’Al­le­magne. Vous avez lu sans doute les contes sots, ridi­cules et odieux que depuis trois ans on débite contre lui dans le Volkss­taat. Aujourd’­hui c’est à un congrès inter­na­tio­nal des tra­vailleurs pré­pa­ré de longue main dans ce but par M. Marx lui-même, qu’on a réser­vé le triste hon­neur de ser­vir d’ins­tru­ment à de misé­rables vengeances.

Nous ne croyons ni néces­saire, ni oppor­tun de dis­cu­ter ici les pré­ten­dus faits sur les­quels on a cru pou­voir appuyer l’é­trange accu­sa­tion por­tée contre notre com­pa­triote et ami. Ces faits nous sont bien connus, connus dans leurs moindres détails et nous nous ferons un devoir de les réta­blir dans leur véri­té, aus­si­tôt qu’il nous sera per­mis de le faire. Main­te­nant nous en sommes empê­chés par la situa­tion mal­heu­reuse d’un autre com­pa­triote qui n’est point notre ami, mais que les pour­suites dont il est à cette heure même la vic­time de la part du gou­ver­ne­ment russe, nous rendent sacré.

M. Marx, dont nous ne vou­lons d’ailleurs pas contes­ter l’ha­bi­le­té, dans cette occa­sion au moins a très mal cal­cu­lé. Les cœurs hon­nêtes, dans tous les pays, n’é­prou­ve­ront sans doute qu’in­di­gna­tion et dégoût en pré­sence d’une intrigue si gros­sière et d’une vio­la­tion si fla­grante des prin­cipes les plus simples de la jus­tice. Quant à la Rus­sie ; nous pou­vons assu­rer à M. Marx que toutes ses manœuvres seront tou­jours en pure perte. Bakou­nine y est trop esti­mé et connu pour que la calom­nie puisse l’at­teindre. C’est tout au plus si elle trou­ve­ra un accueil favo­rable dans la presse sou­doyée par la police ou bien dans les rangs de la fameuse inter­na­tio­nale russe, dont il est bien per­mis à M. Marx de se van­ter, mais qui n’en est pas moins com­plè­te­ment igno­rée dans notre pays. Nous lui aban­don­nons géné­reu­se­ment ce succès.

Comp­tant sur votre jus­tice, nous espé­rons que vous ne nous refu­se­rez pas l’in­ser­tion de cette lettre dans les colonnes de votre esti­mable journal. 

Nico­las Oga­reff. – Bar­thé­le­my Zay­zeff. – Wol­de­mar Oze­roff. – Ar. Ross. Wol­de­mar Hol­stein. – Zem­phi­ri Rai­ly. – Alexandre Oels­nitz. — Wale­rian Smirnoff.

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