La Presse Anarchiste

A l’étalage du bouquiniste

L’énigme du monde et sa solu­tion, par F. Abau­zet. — Un livre qui ne fera pas oublier les Énigmes de l’Univers, d’Ernest Hae­ckel. Je n’y ai rien trou­vé, en effet, qui ne soit dans le chef‑d’œuvre du natu­ra­liste d’Iéna ; on ne per­dra cepen­dant pas son temps à le lire.

ATTARDÉS ET PRÉCURSEURS, pro­pos objec­tifs sur la méta­phy­sique et sur la phi­lo­sophe de ce temps et de ce pays, par Mar­cel Boll. Étienne Chi­ron, édi­teur. — J’ai pas­sé quelques bonnes heures à lire ces pages bour­rées d’autant de réflexions judi­cieuses que de faits pré­cis. Sans par­ta­ger toutes les idées de l’auteur, je recon­nais qu’il y a beau­coup de véri­té dans sa pre­mière par­tie : Sur la durée, la liber­té et autres intui­tions… plus vague m’a paru la deuxième : Sur l’identité, la divi­ni­té et autres conti­nences. Enfin j’avoue avoir été sou­vent désem­pa­ré en lisant la troi­sième : Sur la rela­ti­vi­té, l’activité et autres syn­thèses

LETTRES SUR L’ÉDUCATION. Tome 1, par Léo­pold Goi­ran. Alcan, édi­teur. — Œuvre de ten­dance et d’esprit pro­fon­dé­ment bour­geois. L’auteur pose d’abord ce prin­cipe qu’élever des enfants est une œuvre dif­fi­cile à laquelle on ne sau­rait se pré­pa­rer avec trop de soin. C’est là un truisme dont les cha­pitres qui suivent ne nous font pas oublier la bana­li­té. Il y a cepen­dant une étude conscien­cieuse sur les écri­vains qui, en France, en Angle­terre, en Alle­magne, ont trai­té le même sujet : Mon­taigne, Mme de Main­te­non, Locke, Fichte, Kant, Spen­cer, Edge­worth, Mme de Rémusat.

MAURICE ROLLINAT : Étude bio­gra­phique et lit­té­raire, par Émile Vin­chon. Jouve, édi­teur. — Ceux qui aiment l’œuvre tour­men­tée et mala­dive de ce bon dis­ciple de Bau­de­laire, liront avec plai­sir ces pages où sa vie est débar­ras­sée des men­songes de la légende et des erreurs sug­gé­rées par l’ignorance et la jalousie.

LOIN DE LA RIFFLETTE, par J. Gal­tier-Bois­sière. Crés et Cie, édi­teurs. — Si vous vou­lez pas­ser un moment de gaie­té tout en vous ins­trui­sant sur ce que furent les des­sous de la grande guerre, la vie dans les dépôts de l’intérieur notam­ment, lisez ce livre, écrit à la diable d’une plume à la fois ner­veuse et colo­rée. Vous y trou­ve­rez des types variés et curieux, que vous ren­con­trez chaque jour, plas­tron­nant sur les bou­le­vards avec des croix de guerre à palmes mul­tiples, voire la Légion d’honneur et dont l’héroïsme ne se révé­la pour­tant qu’à la « cuis­tance » ou loin des héros de la « Rif­flette ». À ran­ger, mal­gré sa forme légère et gaie, par­mi les bons docu­ments de la colos­sale boucherie.

LA RÉDEMPTION DE MARS, par Pierre Nothomb. Plon et Nour­rit, édi­teurs. — Ten­ta­tive ratée de roman astro-phi­lo­so­phique. — Le fond scien­ti­fique appa­raît trop faible, et la forme plus faible encore.

LA MAISON MORTE, par Hen­ri Bor­deaux. Plon et Nour­rit, édi­teurs. — L’auteur est de l’Académie, c’est sans doute pour­quoi il se croit auto­ri­sé à nous endor­mir en nous racon­tant en 300 pages, un drame banal qui se passe dans la Maurienne.

Com­ment évi­ter la ban­que­route, par Jacques Arthuys.

Ce livre docu­men­té est l’aveu dou­lou­reux que la situa­tion actuelle arrache à un bour­geois, et que nous devons d’autant mieux rete­nir. L’énormité de notre dette y est pré­sen­tée avec sin­cé­ri­té ; et non moins sin­cè­re­ment, l’auteur prouve que trois années de paix ont accru cette dette dans les mêmes pro­por­tions que quatre ans de guerre.

Nou­velles consi­dé­ra­tions sur les consé­quences de la paix, par J.-M. Keynes

Tous ceux qui veulent se faire une juste idée des mons­truo­si­tés conte­nues dans le Trai­té de Ver­sailles, doivent lire ce livre qui com­plète, avec des docu­ments irré­fu­tables, les pre­mières consi­dé­ra­tions du même auteur. C’est un nou­veau pavé dans la mare aux canards nationalistes.

Le film 1914, par Lucien Laforge.

Bien que ce titre s’étale sur un album et non sur un livre, je le signale ici parce que c’est un des meilleurs réqui­si­toires qui étaient lan­cés contre la guerre, ses ori­gines et ses conséquences.

Paul Adam, par Camille Mau­clair.

Cela devrait por­ter comme sous-titre : His­toire d’un talen­tueux rené­gat, ou bien encore : Du socia­lisme liber­taire au bou­lan­gisme et à l’impérialisme capi­ta­liste et bour­geois.

Par­le­men­taires et finan­ciers, par R. Men­ne­vée.

Qui­conque veut connaître, avec quelque pré­ci­sion, les des­sous de notre troi­sième Répu­blique, doit lire ce livre com­plè­te­ment docu­men­té, mise à jour oppor­tune de celui que notre confrère Delai­si écri­vit avant la guerre.

Les morts vivent-ils ? par Paul Euzé.

Au lieu de répondre car­ré­ment : non, sans crainte de se trom­per, l’auteur a pré­fé­ré consul­ter un tas de savants et de spi­rites ; les avis, bien enten­du, sont contra­dic­toires ; et heu­reu­se­ment pour M. Euzé, sa conclu­sion est à peu près négative.

L’Âge d’homme, par Fir­min Roz.

Un bon roman, il y a là une ana­lyse péné­trante de carac­tères pris par­mi les aus­tères milieux de pro­vince et de la four­naise où se débattent les can­di­dats à la puis­sance, à la richesse, au bonheur.

Pour men­tion :

Romain Rol­land : son œuvre, par Jean Bon­ne­rat.

Je revien­drai sur ce livre.

Plus fort que la mort, par Gabriel Mau­rière. — Le jeu de mas­sacre, par Tris­tan Ber­nard. — La danse aux enfers, par Dulac. — Les petites villes de France, par Émile Sey­dan. — Visions et reflets, par Paul Hubert.

Le can­tique des can­tiques, par Pierre Hamp. — L’ap­pel de la route, par E. Estau­nié. — Faus­ta, par André Leny. — Écrits de Révo­lu­tion, par Maxime Gor­ki. — Sainte-Beuve, par Choi­sy. — La mai­son de l’homme, par Vic­tor Mar­gue­ritte. — Cas­ta­gnol, par André Laman­dé.

P. V.

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