La Presse Anarchiste

Revue des Revues

The Ever­green a North­ern Sea­son­al. (Vol­ume d’hiv­er)

Le qua­trième vol­ume de l’Ever­green, [[he Lown­mar­ket, Edin­burgh]] celui d’Hiv­er est le dernier paru et à paraître, puisque MM. Patrick Ged­des et ses amis ont eu le courage assez rare de ne pas se dépar­tir du plan tracé au début et de cess­er leur pub­li­ca­tion au bout des deux ans qu’ils devaient y con­sacr­er, sans se laiss­er ten­ter par le suc­cès de leur entre­prise. L’an­nonce faite dès le début qu’il n’y aurait jamais que qua­tre numéros de ce « Sea­son­al » du nord, c’é­tait le sous-titre du recueil, n’é­tait pas une sim­ple habileté de libraire. « Notre pre­mier cycle de saisons, dit l’En­voi que sig­nent Patrick Ged­des et William Mac­don­ald, est donc ter­miné, et bien que cet essai nous ait per­mis de voir plus claire­ment la pos­si­bil­ité, et de for­muler plus net­te­ment le plan d’une autre série, le moment d’en­tre­pren­dre celle-ci n’est pas encore venu. Les ini­tia­tives qui se sont un peu con­fusé­ment groupées pour cette pre­mière entre­prise, doivent se sépar­er de nou­veau et se dévelop­per à part pen­dant une sai­son… Non plus seule­ment dans les livres, mais aus­si dans la vie ces diver­gentes activ­ités doivent se pré­par­er à de nou­velles unions et à de nou­velles sol­i­dar­ités, à des col­lab­o­ra­tions et à des groupe­ments d’ef­forts nou­veaux : aux avants-postes de la sci­ence et de l’his­toire, ou dans les musées ; pour ce qui est de l’art, dans les ate­liers, les écoles, les expo­si­tions, les édi­fices qu’il s’ag­it de bâtir et d’orner ; et tout ceci au moyen de réu­nions et d’assem­blées nou­velles, d’é­tude et de joie… Écos­sais­es et cos­mopo­lites, la pen­sée et l’ac­tion s’ori­en­tent donc dif­férem­ment pour une sai­son… Le sens reste tou­jours celui de l’évo­lu­tion, mais le point de vue se déplace ; de cos­mique et d’ex­térieur qu’il était, il devient essen­tielle­ment humain et interne ; l’in­ter­pré­ta­tion morale et l’ac­tion rem­pla­cent l’ob­ser­va­tion matérielle comme principe d’é­tude. Quelques unes des promess­es aux­quelles l’Ev­er­green s’est engagé seront peut-être ain­si plus exacte­ment rem­plies. » L’Ev­er­green a cepen­dant don­né presque tout ce que ceux qui ont suivi dès son début le mou­ve­ment qu’il représen­tait en attendaient. Le mou­ve­ment dont l’U­ni­ver­si­ty Hall d’Ed­im­bourg est le noy­au, sera cer­taine­ment un des plus féconds des temps mod­ernes, et l’Ev­er­green, tant au point de vue de l’art qu’au point de vue social, a été l’in­ter­pré­ta­tion lit­téraire fidèle de ce mou­ve­ment. Le souci con­stant de remon­ter aux sources naturelles et aux inspi­ra­tions fortes et prim­i­tives car­ac­térisa le point de vue d’art de l’Ev­er­green ; le reflet lit­téraire qu’il don­na des aspi­ra­tions sociales de ce mou­ve­ment fut empreint d’une grande sincérité de pen­sée et d’une grande largeur de vues, et témoigne de cette dou­ble déter­mi­na­tion d’é­tay­er la vie morale sur une base sci­en­tifique naturelle, et de fonder en fin de compte la sci­ence sur la vie. À un point de vue spé­cial, l’Ev­er­green a fait con­naître, et ce n’a pas été la moin­dre par­tie de son œuvre, des dessi­na­teurs comme Robert Burns, Robert Dun­can, A.-G. Sin­clair, Charles H. Mack­ie, et des écrivains comme Fiona Macleod, Nora Hop­per. En son ensem­ble, il y aurait sans doute à reprocher à l’œu­vre quelque uni­for­mité, un peu de monot­o­nie même, et de plus une ten­dance à de la sci­ence un peu naïve­ment lit­téraire, à de la lit­téra­ture qui n’est que gauche­ment, par­fois, et super­fi­cielle­ment sci­en­tifique. Mais M. Patrick Ged­des et ses amis avaient entre­pris et entre­pren­nent encore une œuvre si riche et si féconde que l’on est ten­té de se mon­tr­er injuste­ment exigeant à leur égard. 

[/Laurence Jer­rold/]


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