La Presse Anarchiste

La science et l’anarchisme

(Suite)

Avant de pas­ser en revue l’évolution humaine, jetons un peu nos regards sur les époques loin­taines où la terre com­men­çait seule­ment à se soli­di­fier et à prendre corps.

La Paléon­to­lo­gie, c’est-à-dire l’étude des fos­siles : débris ou empreintes de végé­taux et d’animaux ayant vécu dans les eaux ou sur les conti­nents pen­dant les périodes géo­lo­giques, nous sera d’un puis­sant secours pour connaître l’âge rela­tif des ter­rains et leur origine. 

Chaque ter­rain dif­fé­rent a une faune par­ti­cu­lière. Mais en com­pa­rant toutes ces faunes, on voit que, depuis les temps pri­mi­tifs jusqu’à nos jours, les ani­maux se sont rap­pro­chés de plus en plus des ani­maux actuels.

Le ter­rain le plus ancien, qui sup­porte les autres est appe­lé : ter­rain pri­mi­tif.

Jusqu’à pré­sent, on n’a pas trou­vé de fos­siles dans les roches cris­tal­lines qui le composent.

Ces roches cris­tal­lines résultent de la soli­di­fi­ca­tion pre­mière de la par­tie super­fi­cielle de la terre qui était à l’état de fusion.

Par suite de mou­ve­ments ana­logues à ceux que l’on constate encore aujourd’hui, des glis­se­ments se for­mèrent en déter­mi­nant des reliefs et des dépressions.

Quand l’écorce ter­restre fut suf­fi­sam­ment refroi­die, l’énorme quan­ti­té d’eau conte­nue dans l’atmosphère à l’état de vapeur d’eau se conden­sa en pluie et se ras­sem­bla dans les dépressions.

Il y eut alors les pre­miers océans et les pre­mières montagnes.

À cette époque pri­mi­tive du globe, les océans cou­vraient presque toute la terre.

Mais bien­tôt sur ce ter­rain pri­mi­tif, les mers en se reti­rant lais­sèrent dépo­ser des ter­rains dif­fé­rents for­més de sédi­ments, et qu’on appelle pour cette rai­son ter­rains sédi­men­taires, et qu’on divise en quatre grandes périodes :

La période pri­maire cor­res­pon­dant aux ter­rains primaires.

La période secon­daire cor­res­pon­dant aux ter­rains secondaires.

La période ter­tiaire cor­res­pon­dant aux ter­rains tertiaires.

La période qua­ter­naire cor­res­pon­dant aux ter­rains quaternaires.

Tous ces ter­rains contiennent des fossiles.

Dans les sédi­ments les plus pro­fonds, les fos­siles dif­fèrent beau­coup des espèces actuelles.

Dans les sédi­ments les plus récents les espèces ne dif­fèrent qu’assez peu de celles d’aujourd’hui.

Il semble donc — et tous les jours de nou­velles preuves abondent en ce sens — qu’une paren­té existe entre tous les êtres et que les fos­siles sont les ancêtres des ani­maux et des plantes actuelles.

Dans ces ter­rains pri­maires qui reposent sur les ter­rains pri­mi­tifs, la vie appa­raît avec une grande inten­si­té et beau­coup de varié­té. Mais les espèces dif­fèrent tota­le­ment de celles d’aujourd’hui.

La flore était com­po­sée de plantes sans fleurs comme la fou­gère et les coni­fères, mais elle était de dimen­sion colos­sale, puisque ce sont ses débris accu­mu­lés dans les val­lons qui ont for­mé les immenses mines de houille exploi­tées aujourd’hui. On appelle ces ter­rains où l’on ren­contre la houille, ter­rains carbonifères.

Les oiseaux et les mam­mi­fères n’existaient pas encore.

On y trouve de nom­breux crus­ta­cés appe­lés Tri­bo­lites.

À la fin de la période pri­maire quelques rep­tiles et batra­ciens font leur apparition.

Il semble qu’à cette époque le cli­mat était uni­forme, car on trouve par­tout, à l’équateur comme au pôle, les mêmes fossiles.

On retire de ces ter­rains de la houille, des métaux, des marbres

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Les ter­rains secon­daires reposent sur les ter­rains pri­mi­tifs et primaires.

Ils sont carac­té­ri­sés par deux sortes de mol­lusques : les Ammo­nites dont la coquille est enrou­lée sur elle-même et les Bétem­mites, tous deux dis­pa­rus aujourd’hui.

De grands rep­tiles y vécurent, on peut même dire que ce fut l’époque des rep­tiles. Nom­breux, de dimen­sions énormes, 10 à 30 mètres, les uns comme le Plé­sio­saure étaient adap­tés à la vie marine, les autres comme le Pté­ro­dac­tyle l’étaient à la vie aérienne.

Les oiseaux à dents font leur appa­ri­tion, ils ont une longue queue et leurs ailes portent des griffes.

Les mam­mi­fères com­mencent à appa­raître sous la forme de Marsupiaux.

Les conti­nents ne sont pas encore assez vastes, à cette époque, pour que puissent y vivre les Mam­mi­fères essen­tiel­le­ment terrestres.

On retire des ter­rains secon­daires des pierres de construc­tion, de la craie, du sel gemme, des mine­rais de fer.

Le ter­rain secon­daire peut se divi­ser en trois ter­rains dis­tincts : le trias, le juras­sique et le crétacé.

Le trias doit son nom aux trois séries de couches dans les­quelles il se par­tage natu­rel­le­ment (grès bigar­rés, cal­caire et marnes iri­sées). Il est très répan­du en Europe.

Le juras­sique est com­po­sé uni­que­ment de couches de cal­caire. Il forme les mon­tagnes du Jura et beau­coup d’autres mon­tagnes en Rus­sie, Angle­terre, Algé­rie, Espagne.

Le est sur­tout for­mé de craie blanche.

C’est pen­dant la for­ma­tion du ter­rain cré­ta­cé que la tem­pé­ra­ture des diverses régions a chan­gé, la zone polaire devint plus froide.

Les plantes à fleurs rem­placent les grands Cryp­to­games du ter­rain car­bo­ni­fère qui ont disparu.

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Les ter­rains ter­tiaires se trouvent au-des­sus des ter­rains pri­mi­tifs, pri­maire et secondaire.

Ils sont carac­té­ri­sés par des pro­to­zoaires appe­lés Num­mu­lites et des mol­lusques appe­lés Cérithes.

Les grands rep­tiles ont dis­pa­ru et sont rem­pla­cés par des Mam­mi­fères et des oiseaux.

Beau­coup res­semblent aux Mam­mi­fères et aux oiseaux d’aujourd’hui : che­vaux, gazelles, éléphants.

Les conti­nents se forment, à cette époque, les cli­mats se dessinent.

Le hêtre, le chêne font leur apparition.

De ces ter­rains on retire de la pierre à bâtir, de l’argile, du sable, de la pierre meu­lière, de la pierre à chaux et de la pierre à plâtre.

On trouve dans les ter­rains ter­tiaires quan­ti­tés d’os pétri­fiés dans les roches, os de mam­mi­fères her­bi­vores vivant en trou­peaux innom­brables et os de car­nas­siers vivant de leur chasse au milieu des premiers.

La période ter­tiaire se divise en trois époques :

La pre­mière s’appelle éocène qui veut dire aurore des temps nou­veaux. C’est pen­dant cette période que s’est for­mé le bas­sin de Paris et c’est avec le cal­caire de ce ter­rain que l’on a construit Paris.

La deuxième s’appelle mio­cène qui veut dire temps nou­veaux moyens.

La troi­sième s’appelle plio­cène (temps plus nouveaux.)

L’homme s’était-il déjà dif­fé­ren­cié des autres espèces ani­males à l’époque tertiaire ?

Quelques décou­vertes per­met­traient de le penser.

On a trou­vé dans le ter­rain mio­cène, à The­nay (Loir-et-Cher), des silex qui paraissent avoir été taillés par l’homme.

En 1895, en Cha­rente, on a trou­vé des silex taillés asso­ciés à des osse­ments d’Elephas méri­dio­na­lis, qui est d’âge pliocène.

En 1894, un savant hol­lan­dais a trou­vé, dans le plio­cène de Java, un crâne et un fémur de sque­lette qu’il a attri­bués à un pré­dé­ces­seur de l’homme.

L’avenir situe­ra net­te­ment cette ques­tion. Pour le moment, comme nous n’avons pas assez de preuves, disons seule­ment qu’au début de la période qua­ter­naire, l’homme a lais­sé des ves­tiges de son travail.

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Les ter­rains qua­ter­naires reposent sur tous les précédents.

À l’époque qua­ter­naire, il y eut une grande exten­sion des gla­ciers et un remar­quable déve­lop­pe­ment des cours d’eau.

La faune de cette époque ne dif­fère pas beau­coup de celle d’aujourd’hui.

Pour­tant, quelques espèces ont dis­pa­ru : l’Éléphantus anti­quus, le Mam­mouth, le Rhi­no­cé­ros ticho­ri­nus, le Cer­vus mega­ce­ros, l’Ours des cavernes et l’Hyène des cavernes.

D’autres fuyant les glaces ont émi­gré vers le sud : le Lion, l’Hippopotame, l’Éléphant, le Rhinocéros.

D’autres, au contraire, ont émi­gré vers le nord : l’Élan, le Glou­ton et le Renne.

Quelques autres espèces ont dis­pa­ru depuis peu de temps : l’Aurochs, le Bison d’Europe, le Dinor­mis, oiseau gigan­tesque de la Nou­velle-Zélande, l’Aepyormis, grand oiseau de Mada­gas­car, le Dronte de l’Île Mau­rice, l’Éléphant afri­cain et la Baleine sont en voie de disparition.

Les végé­taux de l’époque qua­ter­naire dif­fèrent peu des végé­taux actuels.

Les roches qua­ter­naires sont friables, ce sont des argiles et des alluvions.

Enfin on trouve dès le début des ter­rains qua­ter­naires des preuves de l’existence de l’homme.

Quelle est la durée de ces temps géo­lo­giques ? Il est dif­fi­cile de don­ner des chiffres.

Pour­tant on sait que, dans les mers actuelles, il faut plu­sieurs années pour pro­duire des dépôts de quelques cen­ti­mètres, et comme l’épaisseur des ter­rains sédi­men­taires est de plu­sieurs mil­liers de mètres, on en déduit que la terre est vieille de mil­liers de siècles.

[/​Léon Rou­get./​]

(À suivre.)

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