La Presse Anarchiste

Echos de la semaine

Guise (Aisne). — Les bour­geois de Guise effrayés du pro­grès des théo­ries révo­lu­tion­naires dans cette ville, essayent de ter­ro­ri­ser la popu­la­tion ouvrière. 

Le vieil exploi­teur archi-mil­lion­naire Godin qui pré­tend lais­ser la liber­té de conscience aux ouvriers ou esclaves de son bagne du Fami­lis­tère, allié au Maire et au com­mis­saire de police, (quelle Tri­ni­té sinistre) ! a com­men­cé le feu ou plu­tôt la série d’in­fa­mies, en chas­sant des ate­liers le com­pa­gnon Bal, qui avait osé pro­tes­ter contre les paroles inju­rieuses lan­cées contre nous par le lâche cré­tin exer­çant les fonc­tions de maire et de notaire en la ville de Guise. 

Quelques jours après la signi­fi­ca­tion du ren­voi du comp. Bal, deux pla­cards manus­crits (faits et affi­chés par on ne sait qui) conte­nant des menaces contre des direc­teurs et contre-maîtres qui avaient chas­sé le com­pa­gnon cité plus haut, et avaient dimi­nué les salaires des polis­seurs de 53 % furent appo­sés en face l’usine. 

On arrê­ta d’a­bord un veilleur de nuit nom­mé Ber­no­ville, vu auprès de la sus­dite affiche par des rous­sins cachés non loin de là. – Ce pauvre diable ne sait ni lire ni écrire et ne com­prend abso­lu­ment rien à son arres­ta­tion qui n’en est pas moins maintenue. 

Quelques jours plus tard, le com­mis­saire de police dit Boule de suif, accom­pa­gné de trois rous­sins et de deux pan­dores armés des pieds à la tête, venaient arrê­ter à l’au­berge où il prend ses repas le comp. Gus­tave Mathieu, lui met­tant les menottes aux poi­gnets, et se ren­daient ensuite chez le comp. Louis Basse qu’ils emme­naient de la même façon à la gen­dar­me­rie de Guise, pour être trans­fé­rés le len­de­main à la mai­son de déten­tion de Ver­vins, leur fai­sant faire un tra­jet de 25 kilo­mètres enchai­nés entre deux gendarmes. 

Le comp. Bal ayant deman­dé qu’au lieu de 15 jours, on lui accor­dât 5 semaines afin de lui évi­ter de reve­nir le 2 Novembre à la cour d’as­sises de Laon où il doit com­pa­raître pour répondre à dif­fé­rentes accu­sa­tions aus­si fan­tai­sistes que ridi­cules, au sujet d’une confé­rence à St Quen­tin en com­pa­gnie de Dever­tus. Mais l’ad­mi­nis­tra­tion Godin lui fit répondre que la date assi­gnée par elle était irrévocable. 

Afin que le sieur Godin n’i­gnore pas les infa­mies com­mises en son nom, et qu’il ne puisse pas échap­per à la res­pon­sa­bi­li­té de leur appli­ca­tion, il lui fut adres­sé une lettre dans laquelle on lui fai­sait l’hon­neur de le sup­po­ser capable de blâ­mer son admi­nis­tra­tion, et d’an­nu­ler la déci­sion qui ren­voyait le comp. Bal.

Mais l’hy­po­crite exploi­teur eut l’im­pru­dence d’al­ler répondre au com­pa­gnon que c’é­tait par son ordre que l’ad­mi­nis­tra­tion l’a­vait congé­dié, et essaya en vain de le per­sua­der que c’é­tait parce que l’ou­vrage man­quait en ce moment, ce qui lui fut contes­té sans peine et preuves en mains. 

Le len­de­main de son départ défi­ni­tif de l’a­te­lier, le com­pa­gnon Bal affi­cha en face l’u­sine un pla­card pour faire ses adieux à ses cama­rades, leur expli­quer les causes de son départ et, la période élec­to­rale étant ouverte pour le rem­pla­ce­ment de conseillers muni­ci­paux décé­dés, enga­ger les élec­teurs à s’abs­te­nir de voter et ne comp­ter que sur la révo­lu­tion sociale pour leur émancipation. 

Le sus­dit pla­card étant signé de l’au­teur et tim­bré confor­mé­ment à la loi ; le comp. Bal était res­té auprès pour empê­cher de le déchi­rer, mais au bout d’une demi heure envi­ron, le direc­teur du bagne Godin ayant fait pré­ve­nir le com­mis­saire, celui-ci arri­vait flan­qué de deux pan­dores et trois rous­sins pour pro­cé­der à l’ar­res­ta­tion de l’au­teur du pla­card, qui fut emme­né les menottes aux poi­gnets jus­qu’à la gen­dar­me­rie où il res­ta jus­qu’au len­de­main d’où il fut conduit chez le pro­cu­reur à Ver­vins qui, après cinq minutes d’in­ter­ro­ga­toire, le remit en liberté. 

Mais tout n’é­tait pas fini là ; en arri­vant à Guise, il trou­va sa chambre com­plè­te­ment déva­li­sée sur les ordres du com­mis­saire et d’un gérant Fami­lis­tèrequi en avait four­ni un double clé. – Ce que voyant, le com­pa­gnon envoya immé­dia­te­ment un télé­gramme au pro­cu­reur, l’in­for­mant du vol com­mis à son pré­ju­dice, et le priant de faire res­ti­tuer de tout ce qui lui avait été volé. 

Le pro­cu­reur le len­de­main don­nait satis­fac­tion à cette demande, et quelques ren­sei­gne­ments au sujet des pour­suites contre les voleurs que le com­pa­gnon à mis à exécution.

Lors du trans­fert de Bal à Ver­vins, le com­pa­gnon Hen­ri Jason qui était allé le saluer au cri de « Vive la Com­mune », a été vio­lem­ment arrê­té par trois brutes de gen­darmes, et ne fut relâ­ché que le len­de­main après inter­ro­ga­toire du pro­cu­reur devant lequel il avait été conduit enchaî­né, entre deux gen­darmes à che­val pen­dant un par­cours de 25 kilomètres. 

Le len­de­main il a été rede­man­dé à la gen­dar­me­rie ain­si que le com­pa­gnon Émile Mathieu, frère de celui qui est encore ren­fer­mé à Vervins.

Ils ont été inter­ro­gés sur l’ac­cu­sa­tion por­tée contre eux d’a­voir pro­fé­ré des menaces de mort contre le com­mis­saire, et d’être por­teurs d’un revol­ver ce qui est abso­lu­ment faux. 

Le sus­nom­mé Godin met­tant à exé­cu­tion ses menaces pro­fé­rées dans une réunion d’as­so­ciés de la socié­té du Fami­lis­tère tenue salle du théâtre, le dimanche 18 sep­tembre, de chas­ser de l’u­sine tous les révo­lu­tion­naires, vient d’a­voir la lâche­té de congé­dier les com­pa­gnons Émile Mathieu et Hen­ri Jason, et même un col­lec­ti­viste votard qui nous avait com­bat­tu déloya­le­ment dans une réunion publique, un nom­mé Jules Dupla­quet, qui s’é­tait fait applau­dir par toute la bour­geoi­sie, voir même par le com­mis­saire de police.

De son côté le nom­mé Che­nest exploi­teur d’un grand bagne de tis­sage, a congé­dié aus­si plu­sieurs tisseurs. 

Comme vous le voyez-les bour­geois de tout aca­bit, se coa­lisent pour per­sé­cu­ter les pro­pa­ga­teurs de la Réno­va­tion sociale. 

Quoi­qu’ils fassent nous sommes tou­jours tout à vous et à la Révo­lu­tion Sociale. 

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Les Caf­fa­rel qui nous gou­vernent viennent d’in­ter­dire l’en­trée en Frr­rance de notre vaillant confrère De Ops­tand, qui se publie en fla­mand à Gand (Bel­gique).

Tas d’im­bé­ciles qui se figurent faire du mal à une idée parce qu’ils en per­sé­cutent les pro­pa­ga­teurs ! Espé­rons qu’il sera proche, le jour, où enfin, l’on pour­ra vous payer tout l’ar­rié­ré qui vous est dû, mes­sieurs les hon­nêtes gens. 

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Hou­plines (Nord). — Tout, dans les ven­geances per­son­nelles, comme dans la marche des idées, nous fait pré­voir sous peu le grand mou­ve­ment révo­lu­tion­naire. Les plus indif­fé­rents jus­qu’à ce jour, deviennent dans leur juste colère, les plus achar­nés cor­rec­teurs des sang­sues du peuple. Bien­tôt, tout nous l’as­sure, les semeurs de graines révo­lu­tion­naires (idées d’é­man­ci­pa­tion et de jus­tice) rece­vront au grand mécon­ten­te­ment de la classe bour­geoise, les fruits de leur labeur.. 

Le fait sui­vant, prouve ce que nous avançons : 

Lun­di 3 oct. un ouvrier ren­voyé depuis quelques jours du bagne Vil­lard et Cie, sous pré­texte qu’il était Belge, atten­dit le direc­teur dans la cour, et, quand„celui-ci parût, il fût empoi­gné par sa vic­time et rou­lé de la plus belle façon. Aux hur­le­ments pous­sés par ce lâche, les employés mirent fin à la lutte. 

Grâce à ces employés, soli­daires de ses for­faits, le direc­teur en sera quitte pour une indis­po­si­tion d’une dizaine de jours. 

Tout ne fut pas dit, on alla qué­rir la police, qui se mit à la recherche de l’ou­vrier qui avait jugé pru­dent de s’es­qui­ver, mais qu’elle rat­tra­pa, et arrê­ta. Mais au moment de l’emmener, celui-ci déploya une telle éner­gie que les agents durent deman­der main forte. Un de ces bons­hommes que trop sou­vent, hélas ! la rousse trouve sur son che­min, s’ap­prê­tait à aller don­ner un coup de main, lors­qu’un jeune homme un de ces amis du droit et aus­si de la jus­tice, lui bar­ra le pas­sage et l’en­voya d’un coup de poing rou­ler avec la rousse dans le ruisseau. 

Mais les agents sur­vinrent en nombre, et nos deux amis, cou­ra­geux révol­tés contre le patro­nat, source des ini­qui­tés, et l’au­to­ri­té son unique sou­tien, furent, conduis le mer­cre­di sui­vant à la mai­son d’ar­rêt de Lille. 

[/​Les Indomp­tables, d’Ar­men­tières.

(Nord)./]

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Rou­baix (Nord). — Le com­pa­gnon Ver­crusse vient d’être condam­né à un mois de pri­son pour avoir le 3 oct. der­nier, dit aux pan­dores Dor­chies et Clai­ro qui condui­saient quelques jeunes déte­nus sur la route de Watre­los : « Il faut être fai­néant pour conduire des enfants comme ça. » 

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