(Suite)
[/1er Mai 1915./]
Aujourd’hui, à Brighton, c’est le jour du drapeau polonais. On fait quête pour les habitants de la Pologne, ruinés par l’invasion allemande. Les Allemands leur ont enlevé jusqu’au dernier porc, jusqu’au dernier panier de pommes de terre.
Le drapeau polonais, je ne peux y penser sans une profonde émotion.
C’était notre rêve en 1863 : la Pologne indépendante. Le premier meeting de l’Internationale auquel j’assistai à Zurich en 1872, était sous le drapeau polonais.
Lors de la fondation même de l’Internationale en 1861, à Londres, on en parla.
Enfin, peut-être la Pologne libre va-t-elle devenir une réalité.
Ici, ma femme et les amis Anglais ont tout fait pour recueillir un peu de fonds et affirmer les sympathies anglaises pour la Pologne libre.
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[/7 Juin 1915./]
Tu nous dis du côté de nos camarades non interventionnistes
« C’est l’État — faut pas le soutenir » Mais puisque la calamité qui s’est abattue sur l’Europe occidentale est si immense, si bien organisée qu’on ne peut pas la combattre autrement, qu’avec des canons, des munitions, et que les travailleurs n’ont pas encore conquis — comme l’avaient fait les sections eu 1793 – 94, ou les Parisiens en 1871 — leurs canons, leur droit de s’organiser militairement, tous ces arguments ne sont rien que de la dialectique creuse.
Combien plus près de la vérité fut Mal [[Malatesta.]], lorsque, pendant le choléra à Naples, il alla sans hésiter, travailler connue docteur, dans les quartiers infestés, sachant bien que l’organisation qui lui fournirait les moyens de le faire — médecines, nourriture, lits pour les malades, était archibourgeoise. Il n’y en avait pas d’autres, le choléra fauchait ses victimes, et il alla toujours brave, aider la population dans les conditions qui se présentaient à ce moment.
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[/5 Février 1916./]
Le sens de la déclaration (déclaration des anarchistes, note de la Rédaction) est que, si le peuple allemand, ou du moins les travailleurs organisés, montraient un changement dans leurs idées d’août 1914, — et s’ils avaient la moindre chance de se faire écouter — nous serions heureux de nous entendre avec eux pour discuter de la paix.
Malheureusement ce n’est pas le cas.
À la Conférence de Zimmerwald, les organisations ouvrières allemandes n’étaient pas représentées.
Les rixes concernant les vivres ? Il y en a toujours eu pendant toutes les guerres, sans en influencer la durée.
Le parti social-démocrate est divisé en deux, la majorité étant avec le parti pangermaniste.
Et je cite une entrevue (?) du journal l’Outlook avec Liebknecht, Kautsky, Bernstein qui disent tous les trois : Nous n’y pouvons rien. La grande presse habitue la nation à l’idée de l’annexion de la Belgique. Nous ne pouvons même pas protester.
L’empereur fera la paix commue il voudra. Le Reichstag n’y sera pour rien. »
Conclusion : Il n’y a qu’un moyen de sauver la civilisation — se battre jusqu’au bout. — Les socialistes alliés eux-mêmes devraient le voir.
Toutes ces conversations sur la paix ― c’est l’Allemagne elle-même qui les lance pour diviser les alliés. Vieux moyen auquel on a eu recours dans toutes les guerres pour diviser les adversaires.
Machinations de Bülow. (Entre autres des camarades russes un Suisse ont déclaré qu’ils avaient été approchés par des agents allemands.)
C’est un peu long ; mais il fallait préciser :
Retour des territoires conquis ;
Aucune contribution à payer aux Alliés ;
Réparation par les envahisseurs des dégâts commis en Belgique et en France ;
Aucun traité commercial pour assujettir la Belgique ou la France.
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[/3 Avril 1916./]
Les insultes des marxistes de toutes les nationalités il fallait bien s’y attendre ! Avec leur crasse ignorance du l’histoire du
Ce parti a renvoyé à un avenir éloigné, la réalisation de ce qui approche la socialisation de la production et de la consommation. Sou but, pour des décades à venir, est la « Conquête des Pouvoirs » de mot lui-même vient du Girondisme) — dans l’État actuel, tel quel pour le réformer peu à peu en ménageant les droits établis.
Ils se moquent des Français, des Italiens, de tous, sauf d’eux-mêmes. Les Français socialistes, même ceux qui sont archimarxistes, sont pour eux des « socialistes utopistes ». Et il faut voir avec quelle morgue on vous lance cette épithète, alors que tout ce qui a de sérieux dans le marxisme est près des Fouriéristes (Considérant, Leroux), et tout ce qui est exagération du demi-savoir vient de Marx et surtout de ses continuateurs, dont l’ignorance concernant l’histoire de l’idée socialiste, est l’ignorance voulue du moine italien ou espagnol sur le catholicisme.
Quant à nos camarades, l’effort que quelques-uns d’entre nous ont fait pour semer des idées correctes sur l’histoire du socialisme et surtout sur l’histoire des luttes politiques de l’humanité, a été si faible en comparaison de l’effort fait de l’autre côté pour semer là-dessus les idées fausses de ce que Marx appelait le « socialisme allemand », si faible qu’il compte à peine.
Et puis n’avons-nous pas entendu dire qu’il ne fallait pas faire cet effort — qu’il tuerait le révolutionnarisme des ouvriers ! Avec cela, le socialisme « allemand » schématique, simplifié « à l’usage du dauphin » a fait ravage. Et parmi ceux qui répudiaient le nom de social-démocrates, combien n’ai-je pas eu à lutter contre ces mêmes conceptions schématiques et souvent absurdes que Marx lui-même répudiait, dans ses conversations privées, sans jamais s’y opposer au grand jour.
Contre tout cela il faudra réagir, quand la vie rentrera dans ses canaux ordinaires. Il y a en outre cette idée qui brouille toute discussion sérieuse, on prend même au sérieux l’Internationale social-démocratique sans s’apercevoir qu’il n’existait qu’une Internationale des partis politiques, luttant pour la conquête des pouvoirs sous la gouverne du parti politique social-démocrate allemand.
L’internationale ouvrière n’existe plus du jour où les représentants Français des Syndicats ouvriers, qui ne voulaient pas se constituer en parti politique, furent exclus des Congrès internationaux soi-disant socialistes.
L’organisation internationale des Unions ouvrières se reconstituera certainement après la guerre.
Mais ce sera certainement une organisation distincte de l’organisation politique, gouvernée par les Sudekum et autres Huns qui s’affublaient du nom qu’ils avaient pris à l’internationale ouvrière [[Sa prédiction s’est réalisée. L’Internationale ouvrière, et non pas l’Internationale des partis politiques socialistes, est en effet fondée. Et son action se fait déjà sentir dans le domaine des réalités. Nous voulons parler de l’internationale syndicale.]].
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[/18 Mai 1916./]
Cette beauté de la jeune France républicaine, je la sentais venir. D’après les quelques jeunes dont j’avais fait la connaissance en 1904 et 1905 eu Bretagne, on pouvait déjà prévoir ce que serait cette jeune génération : simple, honnête, studieuse, sans la moindre trace de vantardise, avant dans son profond moi un idéal — indéfini peut-être, mais celui-là précisément qui mène aux grands dévouements. Romain Rolland l’avait entrevu dans Dans la Maison, mais il ne l’a pas bien compris et s’est laissé prendre pour parler « résignation ».
Ce n’est pas de la résignation à Verdun et à la Marne. C’est une ferme volonté, sans phrases, d’accomplir un devoir imposé par l’histoire, par la civilisation entière. Mais vous-même vous sentez tout cela.
— Cornélissen et Mme G. m’ont raconté les pourparlers qui ont eu lieu à Paris concernant la guerre, la reconstitution de l’Internationale etc… J’ai enfin envoyé à Cornélissen une réponse sous forme d’un Exposé. Il vous le fera parvenir.
Le fait est qu’en France comme ailleurs, les Allemands travaillent à reconstruite leur Internationale, dont nous avons eu la mesure par l’attitude des députés social-démocrates au Reichstag, depuis la déclaration de guerre jusqu’à ce jour.
Et d’autre part, on voulait faire une répétition de Zimmerwald ! — ce qui serait une manifestation en faveur de la paix — non pas pour la conclure, mais pour préparer de nouvelles attaques. Tactique bien vieille déjà.
Et enfin, on vent que nous « révisions » nos idées, ce qui veut dire, comme l’écrit très bien Grave que nous les « répudions ».
Je réponds à cela que ce qu’on a appelé Internationale des Travailleurs depuis 20 ans, n’était pas une Internationale ouvrière, mais une union de partis parlementaires très nationaux, comme on le voit aujourd’hui.
Évidemment une Internationale se constituera, mais alors, elle sera en effet ouvrière, et à celle-ci nous devrons aider, comme nous l’avons fait auparavant.
Quant à « réviser » nos idées — il faut au contraire accentuer nos idées concernant la socialisation et la production et de l’échange.
C’est ce qui se fait déjà un peu partout — pas l’État, parce que les socialistes, et nos camarades aussi, hypnotisés pal ce qu’on leur prêchait sur les « lois économiques » n’osent rien entreprendre, ni même proposer.
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[/20 Juillet 1916./]
La faute essentielle de tous ceux que représente Malatesta, est de prétendre que la paix peut être imposée par eux ; que la force pour la faire ne leur ferait pas défaut, s’ils en avaient la volonté, — alors qu’eux-mêmes reconnaissent que la force et la volonté ont manqué pour empêcher la guerre.
Ils ne veulent pas reconnaître que pour empêcher l’invasion allemande, il fallait deux volontés et deux forces, — celles de la France et de l’Allemagne, et que celle-ci non seulement a manqué, mais qu’elle n’a jamais existé. Ils ne veulent pas reconnaître que
S’ils avaient seulement lu les ouvrages allemands d’histoire et de droit (que j’ai dû lire en écrivant l’Entr’aide) ou bien lu seulement les grands journaux allemands, leurs romans vendus à un million d’exemplaires, prêchant le mépris des Latins et la haute mission de les civiliser par la conquête, ou bien encore les sorties de Marx et d’Engels contre la guerre d’Italie en 1859, les documents sur la diplomatie de Bismarck pour empêcher « que l’Italie se lie avec la France » — « ce qui l’amènerait à se mettre en République », l’accord qu’il cherchait à établir et que ses continuateurs n’ont cessé de chercher depuis « pour affermir la puissance monarchique en Europe », les promesses faites depuis au pape de rétablir soit pouvoir temporel, « ainsi que en cas de besoin le royaume de Naples », s’ils lisaient tout cela ! Mais non, ils ne lisent rien, ils ne veulent en savoir rien.
Et avec cela ils prétendent que quelques milliers d’hommes peuvent imposer la paix, là ou dix millions d’hommes sont aux prises, et où, en réalité, deux phases de la civilisation européenne s’entre-choquent en ce moment. Eh bien, ce sont des affirmations que vraiment Malatesta est trop intelligent pour faire sérieusement. C’est du journalisme.
De même, lorsque, après avoir affirmé d’abord qu’il était indifférent pour les travailleurs d’être sous le joug d’un capitaliste allemand ou d’un capitaliste anglais, et rayé ainsi d’un trait de plume tout le progrès acquis par les Révolutions de 1648 et 1871, Mal. écrit aujourd’hui cette phrase ambiguë dont l’idée est qu’il serait mieux pour une nation de subir la domination étrangère que de s’en défendre comme on s’en défend aujourd’hui, car la domination étrangère conduirait à la révolte — je ne peux pas admettre que ce soit une opinion réfléchie de Mal. Il doit savoir que la domination russe en Pologne n’a pas empêché la majorité des Polonais, en 1863, de suivre le parti royaliste, au lieu de se ranger sous la bannière qui demandait la terre pour les serfs affranchis ; il sait qu’en Bulgarie et en Serbie l’oppression turque n’a pas provoqué une révolution sociale ; et que la domination autrichienne en Italie n’a pas donné aux révolutionnaires italiens la force pour faire une révolution sociale, ou seulement pour établir une République, ni en 1860, ni depuis.
C’est que, chez une nation dominée, soit par l’étranger, soit par un gouvernement despotique, les meilleures forces actives vont, d’abord pour renverser le despote ou pour chasser l’étranger.
Puisque Mal. sait tout cela, ce n’est donc plus une discussion entre camarades, pour éclaircir leurs idées — c’est une polémique de journaliste — et cela me répugne.
— Je voulais continuer, mais je reçois deux numéros de la Libre Fédération du 17 juin et du 15 juillet, et je vois que la réponse aux Zimmerwaldiens se fait déjà et très bien. Grave dit déjà ce que je viens d’écrire concernant les illusions des pacifistes.
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[/28 Juillet 1916./]
Les faits confirment de plus en plus notre manière de voir, exprimés dans la « Déclaration ». Bülow et ses douze secrétaires avaient fortement manœuvré en Suisse pour semer les bruits de paix et pour tâcher de gagner des défenseurs à cette idée.
Maintenant on voit que le gouvernement allemand n’a jamais pensé de lâcher une seule de ses conquêtes sans recevoir de fortes contributions en échange et sans retenir les parties des territoires envahis en Belgique et en France qui lui souriaient le plus.
Il faut être suprêmement naïf pour ne pas voir que c’était un moyen de semer la discorde dans les nations alliées, parce que les Allemands savaient bien, j’en suis sûr, quelle sorte d’offensive se préparait pour l’été.
Espérons qu’elle réussira et que les Allemands s’apercevront bientôt qu’envahir un territoire et le fortifier n’est pas encore le conquérir.
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[/4 Septembre 1916./]
Ma femme travaille dans notre hôpital du comté de Sussex, comme aide garde-malade. Les nurses l’aiment, parce qu’elle prend n’importe quel travail, qui se présente à un moment donné — laver les malades, empêcher l’apparition des plaies chez ceux qui ont été longtemps alités, etc., etc…
Avec la réduction du personnel des hôpitaux, les garde-malades s’esquintent par le travail, et on accepte avec plaisir des aides volontaires. Ce n’est pas un hôpital pour les blessés, mais pour les indigents de la localité, il n’y a qu’un petit nombre de militaires, malades ou blessés, mais partout on manque de bras, et les volontaires sont les bienvenus.
Je ne comprends pas, comment nos faiseurs de théories ne voient pas cela. C’est « l’individualisme » qui ronge nos rangs.
Toujours la même histoire.
Au
L’entrée en lice de la Roumanie du côté des alliés fait espérer ici que la fin de la guerre se rapproche. Espérons-le. En tout cas, c’est une preuve que les neutres ne croient plus à la victoire de l’Allemagne, dont les Zimmerwaldiens voulaient nous persuader.
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[/4 Octobre 1916./]
Ces jours-ci j’ai écrit une lettre à Domela Nieuwenhuis qui au nom des camarades hollandais, me demandait pourquoi mes livres étaient en contradiction avec mes idées actuelles ? Je lui ai répondit parce que généralement ou ne lit pas pour vérifier ses idées sur tel et tel sujet, on ne cherche que ce qui pourrait les confirmer.
Dans toutes les guerres on a eu et on a encore, en effet, le désir de s’enrichir aux dépens des voisins ; je l’ai développé avec force citations et faits. S’ensuit-il qu’il faille subir une invasion ? qui toujours a pour conséquence un nouveau joug économique (saisie des meilleures terres, des meilleures industries, du commerce, nouveau impôts etc…) et d’un nouveau joug politique pour empêcher les peuples conquis de se révolter et de s’affranchir.
Mais tout cela, hélas, ne change rien à leurs idées.
L’individualisme, c’est ce qui les anime. Ils se fichent pas mal de ce que nous disons, parce que cela contredit leur conception d’absurde Stirnerisme [[Stirner est avec Nietzsche un des philosophes les plus connus de l’individualisme.]].
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[/10 Janvier 1917./]
À mon avis la note allemande est un truc habile. Ils ont cherché à amener la Russie à une paix séparée avec Sturmer, Protopopoff, et ceux qui se groupaient autour de Raspoutine et d’autres — ils avaient des chances d’y arriver. Toute la presse russe, quoique sévèrement censurée, l’avoue. Maintenant, les Allemands essaient de gagner la France et l’Angleterre : — « Reprenez la Belgique et vos 9 départements, mais laissez-nous entre temps la main libre eu Orient ». Ils sont même prêts à laisser l’Autriche tirer son épingle du jeu : ils y gagneraient.
Le moment est d’une gravité exceptionnelle.
Les Allemands savent qu’il se fait en France, en Angleterre, en Russie, des préparatifs très sérieux pour le printemps prochain, et ils savent combien l’Autriche est prête à abandonner la partie. Ils cherchent donc à gagner du temps, affaiblir les énergies.
Pour faire une poussée et prouver au peuple allemand que ses armées ne peuvent pas retenir les territoires conquis, le moment est favorable.
S’en présentera-t-il un meilleur ?
Tout cela me porte à croire que le moment de discuter les conditions de paix n’est pas encore arrivé.
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[/25 Janvier 1917./]
Je ne sais si vous avez connu autrefois à Paris, Mme Sophie Lavroff. C’était une grande amie, et c’est une perte très douloureuse pour moi : elle est morte le 6 à Petrograd, toujours s’intéressant à tous les événements, brave, combative.
Dans mes Mémoires c’est d’elle que je parle à propos de mon évasion. À Paris, elle était toujours avec nos meilleurs camarades. Elle avait 75 ans.
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[/2 Avril 1917./]
Oui, nous sommes enchantés des nouvelles qui nous parviennent de Russie. Les onze ou douze années depuis 1905 ont profité aux révolutionnaires russes, et les deux années et demie de guerre ont établi des liens si étroits entre la jeunesse intellectuelle, le gros de la population et l’armée, tandis que la bureaucratie et l’autocratie se sont rendues si détestables et si méprisables, que tout le monde s’est trouvé d’accord pour s’en débarrasser. Si les deux ou trois mois qui viennent se passent jusqu’à la convocation de la Constituante sans journées de juin, la nation trouvera tout naturel de ne pas avoir d’empereur. Et tout porte à croire qu’il en sera ainsi.
Vous me demandez un article sur les événements russes. Il me semble que ce serait à quelque ami français d’écrire une fraternelle accolade à la révolution en Russie. Cependant, si c’est absolument nécessaire, je tâcherai de le faire. Mais, jusqu’à présent, j’ai, dû chaque jour soit télégraphier à Pétersbourg et Moscou des télégrammes de 400 ou 500 mots, pour inviter les travailleurs à continuer la guerre à outrance, sans écouter les Kienthaliens et Bethman-Holwégiens, ou envoyer des messages aux travailleurs anglais, aux meetings, etc., et écrire des lettres sans fin.
Et puis nous voulons partir aussitôt que possible, dès que les communications seront rétablies.
Nous avons des nouvelles de nos enfants à Petrograd et des amis de Moscou, etc. Mais rien que des télégrammes. Ni lettres, ni journaux depuis le 5 mars, et nous n’avons aucune idée comment atteindre la Norvège et la Russie où les amis (y compris Bourtseff), m’appellent aussitôt que possible.
Le voyage par Kola (71° latitude Nord), n’a rien d’engageant, mais par là non plus il n’y a pas encore de communications régulières. J’espère qu’elles seront d’ailleurs bientôt rétablies.
Oui cher, très cher ami, notre cœur saigne à lire les récits de ce que ces atroces conquérants ont fait en France, à voir les photographies de ce qui fera la honte du
Si vous saviez combien elle se fait aimer ici, par les Anglais. Les mieux dressés à ne pas trahir leurs émotions ne s’en cachent pas.
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Dans son premier télégramme, Sacha disait : « Peuple admirable, étonnant ». Mais toujours il fut comme cela ! Jusqu’à ce que les gredins le mettent en fureur.
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[/J.
(À suivre.)