Les bandits — Alors que S. Faure conférençait sur les bandits, dans un coin de Paris, P. Martin en parlait dans un autre. Je ne vous parlerai pas de la tenue du discours de ce dernier, — en l’occurrence, l’attitude de l’orateur est prépondérante. Je vous dirai simplement qu’il réserva à nos amis emprisonnés ou traqués, qui ne sont pour lui qu’une sale graine (sic) toutes sortes d’épithètes malsonnantes. Un camarade qui prit ensuite la parole, ne trouvant sans doute pas suffisant les croassements de la grande presse qui exploite toutes les occasions pour dénaturer nos idées et salir les nôtres, fut répugnant.
On peut ne pas partager la façon de faire de certains, mais ce n’est pas une raison pour les salir.
Du battage ! — Après avoir raillé le battage des syndicalistes et des insurrectionnels, les camarades de l’Anarchie en font et en légitiment la nécessité. Ils ne trouvent pas drôle que l’on éblouisse le public dans le programme des fêtes organisées par eux, par l’annonce d’artistes hauts cotés. « Si au lieu d’avoir cent personnes il y en a cinq cents, le résultat est appréciable. » s’exprime Acran en réponse à un copain. En effet, c’est appréciable ; je pense même que si Dranem figurait au nombre des artistes, que si un bal clôturait la fête et que chaque billet d’entrée donnât droit à une consommation, le résultat serait encore plus grand : il y aurait foule.
Je pense qu’au lieu d’embarrasser la cervelle des gens en bluffant, pour la leur décrasser ensuite, les copains feraient bien mieux de ne pas bluffer.
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Eh bien, les courtes vues, qui aimez à suivre dans la nuit l’étoile de première grandeur au risque de trébucher, les prudents qui craignez d’attraper la méningite, les apôtres de la réconciliation universelle, le troupeau innombrable des suiveurs qui acclame, tout entier à la joie de crier : vive un tel, les dévoués qui aimez à prêter vos épaules à tout chansonnier, tout apôtre, tout martyr venu, parce que « ça fait de la propagande », ne vous sentez-vous pas troublés dans votre âme candide, en voyant où aboutit la G. S. ?
La voie facile n’était autre chose hélas qu’un manège. Point n’était besoin de se soucier de ses attitudes, de ses tares, de sa vie personnelle, de tous les mille chichis embêtants où les individualistes appliquent leur attention. Ce qui importait c’était la Cause du peuple, le bonheur de l’humanité, le chambardement social, la Révolution ; tout se passait à la papa, en famille, sans changer ses habitudes, sa manière d’être, en bon citoyen, en bon syndiqué. Tout de même, comme le cabot de l’Écriture, retourner à votre vomissement c’est plutôt une déconvenue. C’était déjà arrivé avec S. Faure, quand il y a une dizaine d’années, il avait créé son Quotidien à Lyon.
Faure avait son Guerdat : Hervé a son Almereyda. Ah Miguel ! en voilà un qui promettait, ce n’était pas un sectaire, ah non. C’était bien le « bon garçon » qui n’avait pas une théorie aride, anguleuse et rectiligne ; on disait de lui : ô c’est un orateur ! On le tutoyait, c’était un mouïsard. Et maintenant !
Oui, maintenant, comme il dit, « il a subi l’influence du milieu ». Embauché par Gustave pour faire voter les anarchistes, il aboutit à faire l’apologie du policier réformiste. Il comprend, lui, combien les excuses du flic sont admissibles : il n’avait pas de métier, il fallait bien vivre. Tout le monde ne peut pas se faire embaucher à la Guerre, vivre largement, faire entretenir par sa femme un intérieur chic, se payer des voyages et se soigner pendant des mois dans les pays ensoleillés. On n’a pas de situation, on ne peut tout de même pas se faire terrassier : on se fait flic ou politicien !
La justification du vote, du flic, quel dégoûtant que ce crâneur, ce louvoyant Miguel, sous-verge du petit Blanqui. Et c’est le chef des Jeunes Gardes ! Pauvres enfants naïfs et bons.
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