La Presse Anarchiste

Je pense…

Cer­tains prê­cheurs de morale, de la socié­té actuelle, usent leur salive à des flots d’é­lo­quence, pour faire com­prendre à la masse mou­ton­nière, qu’elle ne doit pas déro­ger aux tra­di­tions sociales.

Or, si les diri­geants d’une socié­té quel­conque enferment dans une sphère res­treinte les prin­cipes de cette socié­té, c’est pour mieux en tirer pro­fit à leur avan­tage et tenir la masse en état conti­nuel d’esclavage.

Dame nature avait pré­vu autre chose, lorsque dans son sein elle accueillit les pre­miers hommes, elle ne les dif­fé­ren­cia par aucun pri­vi­lège de pos­ses­sions terrestres.

Ayant don­né à cha­cun d’eux des facul­tés men­tales, de vita­li­té, de force et d’ac­tion inégales, il en résul­ta que l’ins­tinct bar­bare de la domi­na­tion des forts asser­vit leurs congé­nères, en leur impo­sant des caprices et des volon­tés qui furent les lois des hommes et non de la nature, seule com­pé­tente à gui­der l’es­prit et l’in­tel­li­gence des êtres par le besoin.

L’ex­ploi­ta­tion de l’homme par l’homme s’est per­pé­tuée à tra­vers les âges, se per­pé­tue, se per­pé­tue­ra encore indé­fi­ni­ment, jus­qu’à ce que l’homme par lui-même et indi­vi­duel­le­ment puisse atteindre un déve­lop­pe­ment et don­ner à sa per­sonne une direc­tion qui lui per­mette de vivre sans se confor­mer aux déci­sions de ses semblables.

Mais il importe, avant tout, que la tra­di­tion et les prin­cipes baroques d’une socié­té pour­rie soient rem­pla­cés par une com­pré­hen­sion saine et lumi­neuse de la phi­lo­so­phie qui impose à l’ob­ser­va­teur une res­tric­tion com­plète d’am­bi­tions personnelles.

[/​E. Cham­bon/​]

La Presse Anarchiste