La Vie des Fleurs, par Anatole France. — J’ai lu jadis Petit Pierre, ce petit chef‑d’œuvre de psychologie enfantine, où l’auteur de Thaïs nous raconte, avec la plus exquise simplicité, comment il naquit à la vie des sens, et comment, en son cerveau, se gravèrent les premières images du monde dont sa naissante personnalité prenait possession. Mon impression fut alors que jamais l’âme de l’enfant fut fouillée d’un regard plus clair, avec un esprit plus pénétrant et mise à jour, avec des couleurs plus nuancées. Aujourd’hui, en lisant dans la Vie des fleurs, la suite de cette captivante autobiographie, j’estime que, depuis les Souvenirs d’enfance et de jeunesse, de Renan, il n’a pas été fait mieux. — Calmann Levy, éditeur.
Introduction à la Théorie d’Einstein, par le général Vuillemain. — Les livres de prétendue vulgarisation sur les théories relativistes du physicien allemand continuent de pleuvoir en France. En voici un pas plus mauvais que ses aînés et qui, comme eux, ne vulgarisent rien du tout. J’ai lu, pour ma part, presque tous ceux qui ont paru jusqu’ici, et ma conviction est que ces théories ne sauraient être présentées et comprises sans leur appareil mathématique. C’est à peine si le lecteur dit « cultivé » trouve, à travers les pages compactes de ces bouquins, quelques lignes compréhensibles et un faible rayon de clarté. — A. Michel, éditeur.
La Fin du Secret, parle Dr Binet-Sangli. — À l’heure où le métapsychisme sévit plus que jamais, voici pour nous consoler de ses incohérences un livre né dans un laboratoire de psychologie expérimentale et dont le caractère scientifique ne saurait être nié. Toutefois, après l’avoir lu attentivement, je suis loin de croire avec l’auteur, qu’il soit parvenu à démontrer la possibilité de découvrir par la perception directe de la pensée, les assassins, les voleurs, les recéleurs, les traîtres et les espions ; de surprendre les secrets diplomatiques et militaires et de confondre les menteurs et les hypocrites. — A. Michel, éditeur.
Paul Adam, par Camille Mauclair. — Sur cet anarchiste repenti, romancier de son vivant l’auteur nous dit : « Il a voulu élever le roman au rôle d’une grande fresque d’idées générales en faisant servir les foules à l’expression et à la révélation des idées qui les mènent. » Et Zola donc, qu’a‑t-il fait ? Flammarion, éditeur.
Vie de Maurice Barrès, par M. Thibaudet. — Ce M. Thibaudet a gâché beaucoup d’encre et de papier pour nous prouver « qu’en Barrès l’égotiste et le nationaliste se confondent en une splendide unité ». Ouf ! Nouvelle Revue française.
Anthologie nègre, par Blaise Cendrars. Voici un livre dont je recommande la lecture à l’auteur de Batouala. Il y verra que ses congénères ne sont pas les brutes immondes dont il s’est complu à décrire les vices et la stupidité. — Éditions de la Sirène.
Pour mention : L’Énigme du Rhin, par Victor Lefébure. — L’Évolution physico-chimique, par Ch.-Eug. Guye. — Études de psychanalise, par Ch. Baudouin. — Victor Hugo en exil, par Clément-Janin. — Vertige d’Afrique, par Edmond Haraucourt. — Nouvelles, par Korolenko.
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