[/« Le centre n’est jamais métaphysique »
Rémy de Gourmont/]
Tout ce qui se meut, dans l’axe,
Et gravite autour de la perpendiculaire.
Vie ramassée et jaillie du centre
Comme un flot noir de sang caillé.
Centralité !
Toute la vie condensée
En un point d’or
Qui se meurt, sur l’horizon embrasé,
Mon corps, comme un principe.
Siège de mes désirs
Et dépositaire de mes amours,
Mouvement fou des planètes
En leurs orbes de flammes
Et révolutions sidérales.
Mes yeux sont le point unique
Où se concrétise le Monde.
* * * *
Je chante le Centre
Qui est le principe d’action.
Centralité ! Centralité !
Convergence, flamboiement,
Seul brasier où se consument
Les cœurs attiédis d’orages.
Je dis le tourbillon ardent des rues
Où la vie s’exaspère en sa noirceur.
Je dis le gouffre, où s’engagent
Les amants de la perpendiculaire.
Centralité de nos âmes !
Cercle de flammes où grondent
Nos espoirs trop enfantins,
Et toi, pullulement nacré,
Tourbillon infini
Autour d’un rayon solaire.
Centralité du fleuve aux eaux larges.
Fanges, limons fertiles des berges grasses ;
Vie larvaire et tumultueuse.
Le Centre est l’idée concrète
De ta bruissante éternité.
Centralité de mes amours !
Car tout revient à moi ;
Car tout revient à moi
Seule bouche pour cent baisers,
Seule étreinte pour mille amours.
[/Janvier 1921
André