La Presse Anarchiste

La Grève des mineurs anglais

Le conflit minier anglais appa­rait sans issue pour nos mal­heu­reux camarades.

Lâchés par le Congrès des Trade-Unions, aban­don­nés par l’In­ter­na­tio­nale minière et la Fédé­ra­tion syn­di­cale inter­na­tio­nale d’Am­ster­dam, on se demande par quels pro­diges d’éner­gie les mineurs peuvent lut­ter encore.

Il y a, certes, des vides dans leurs rangs. La faim a fait des ravages. Ils res­tent pour­tant encore un mil­lion qui, bra­ve­ment, font face à l’adversaire.

À la der­nière offre de dis­cus­sion du Comi­té Exé­cu­tif des mineurs, les pro­prié­taires ont répon­du avec une inso­lence jamais dépassée.

C’est par la faim qu’ils veulent vaincre ces vaillants. Mais qu’ils se méfient, la faim « fait par­fois sor­tir le loup du bois ». Et alors, gare aux affameurs.

Ceux-ci sont aidés dans leur triste besogne par les abo­mi­nables traîtres qui sont encore à la direc­tion des Trades-Unions.

Non contents de n’ap­por­ter aucun secours aux mineurs pour sou­te­nir la lutte, ils conseillent, là où ils le peuvent sans trop de risques, la reprise du travail.

C’est ain­si que dans le Not­tin­gham­shire et dans le Der­by­shire, les chefs réfor­mistes font une grande pro­pa­gande pour la reprise du tra­vail aux condi­tions impo­sées par les pro­prié­taires et le gou­ver­ne­ment Baldwin.

Se dés­in­té­res­sant com­plè­te­ment du conflit, ce même Bald­win s’en va vilé­gia­tu­rer à Aix-les-Bains.

Et, pen­dant ce temps, 3 mil­lions d’êtres au moins souffrent atro­ce­ment. Quel régime !

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Mais à quoi pensent donc les diri­geants des TradesUnions ?

Sont-ils aus­si bêtes qu’ils sont traîtres ? Ne voient-ils donc pas que la défaite des mineurs sera celle de tous les ouvriers anglais ? Ne se rendent-ils donc pas compte que c’est à brève échéance la dis­so­lu­tion des Trades-Unions, la mise hors la loi du mou­ve­ment ouvrier, le triomphe du fascisme ?

Plus que jamais, il semble bien que les soit-disant réfor­mistes de tous les pays — et ceux d’An­gle­terre sont au pre­mier rang — n’aient pas d’autre sou­ci que de sau­ver la bourgeoisie.

Frous­sards, par­jures et men­teurs, tous ces « Conseillers de la Cou­ronne », qui se gobergent avec le Prince de Galles, sont des­cen­dus au der­nier degré de l’ab­jec­tion. Des mili­tants ouvriers, ça ? Non. Pouah !

Mais il est une chose qu’on peut se deman­der, par exemple. Com­ment les ouvriers anglais tolèrent-ils une seule minute des chefs aus­si répu­gnants à leur tête ?

Les voi­là bien les effets de la poli­tique. Tous ces las­cars veulent conqué­rir le pou­voir ou, à défaut, le par­ta­ger avec leurs adver­saires, comme ici, comme partout.

Que leur importe le sort des mineurs, de tous les ouvriers. Rien ne prouve même qu’ils ne sou­haitent pas leur écra­se­ment com­plet, pour les mieux dominer.

Quelle honte. Si, au moins, ça ser­vait de leçon aux pro­lé­taires des autres pays.

Hélas ! rien n’est moins sûr. Mais, bon, dieu ! quand donc com­pren­dront-ils, ces éter­nels ton­dus, ces per­pé­tuels volés, ces tra­his per­ma­nents, qu’ils doivent bot­ter le der­rière à tous ces bavards, à tous ces traitres.

Qu’ils lisent donc la fable de La Fon­taine ; qu’ils se sou­viennent et n’ou­blient plus que « tout flat­teur vit au dépens de celui qui l’écoute. »

Se déci­de­ra-t-on, par­tout, à prendre le balai et à chas­ser cette engeance ?

Il n’est que temps.

La Presse Anarchiste