La Presse Anarchiste

Le mouvement britannique des « conseils d’action »

(Quelques docu­ments).

[|II

Lettre du conseil d’ac­tion de Glas­gow au jour­nal « The coun­cil »|]

Chers cama­rades,

Le 17 août, le Comi­té d’Ac­tion de Glas­gow pour la liber­té de parole prit l’i­ni­tia­tive de convo­quer une confé­rence de délé­gués de toutes les orga­ni­sa­tions authen­ti­que­ment ouvrières de Glas­gow. Son but était d’ins­ti­tuer un Conseil Ouvrier d’Ac­tion qui serait eu mesure de s’é­le­ver à la hau­teur de la nou­velle situa­tion de crise du capi­ta­lisme, et de réagir contre la réduc­tion des tra­vailleurs à un régime de gra­duelle exter­mi­na­tion. Il était évident que le capi­ta­lisme allait reve­nir dans sa phase suprême et déses­pé­rée aux méthodes qui avaient pré­si­dé a son rapide déve­lop­pe­ment, il y a plus d’un siècle : l’ex­ploi­ta­tion des­truc­tive du tra­vail, le « swea­ting sys­tem ». Les ordres ont été lan­cés par nos maîtres : pour sau­ver le « pays » — autre­ment dit, le capi­ta­lisme indus­triel — il n’y a que l’ex­ploi­ta­tion inté­grale des pauvres. Nous étions en face de cette menace ter­rible, et nous avons, dans notre Comi­té pour la liber­té de parole, la forme même d’or­ga­ni­sa­tion qui était récla­mée par les cir­cons­tances. Deux choses étaient nécessaires :

  1. Il fal­lait que le Conseil d’Ac­tion soit réel­le­ment l’é­ma­na­tion de la classe ouvrière de Glasgow ;
  2. Le pro­gramme du nou­veau Conseil devait être à la fois assez pré­cis et assez com­pré­hen­sif pour for­cer toutes les orga­ni­sa­tions authen­ti­que­ment ouvrières à lui don­ner leur adhésion.

Depuis le moment où cette déci­sion fut prise, des efforts per­sé­vé­rants ont été faits pour mettre le Conseil d’Ac­tion en état de fonc­tion­ne­ment. Deux confé­rences se sont déjà tenues et une troi­sième est convo­quée pour le 28 novembre. Il est pro­bable que la confé­rence du 28 novembre mar­que­ra le départ effec­tif du Conseil d’Action.

Ayant par­ti­ci­pé depuis le début au Comi­té pour la liber­té de la parole, je sais exac­te­ment com­bien il a été fait pour lui et pour la for­ma­tion du nou­veau Conseil par les anti-par­le­men­ta­ristes de Glas­gow. En par­ti­cu­lier, nous avons été aidés par l’im­pri­me­rie « Bakou­nine Press », sans aucune rétri­bu­tion. La publi­ca­tion du jour­nal « The Coun­cil » entre­prise par les cama­rades de la Fédé­ra­tion com­mu­niste anti-par­le­men­ta­riste, a été pour nous d’un grand inté­rêt et d’une grande impor­tance, et nous avons à consi­dé­rer avec pré­ci­sion quelle atti­tude doit être la nôtre à cet égard. Une publi­ca­tion est en quelque sorte un défi per­ma­nent, et, si elle pré­sente la véri­té et ne ren­contre pas l’aide néces­saire, elle est un reproche per­pé­tuel. Il sera néces­saire pour le Conseil d’Ac­tion d’a­voir un organe qui lui soit propre ; mais, pour l’ins­tant, il ne peut pas cou­rir le risque d’é­di­ter un jour­nal du genre « The Coun­cil ». Mais nous saluons « The Coun­cil » et nous le recom­man­dons sérieu­se­ment à tous ceux qui nous sou­tiennent dans nos pro­jets. Nous sommes cer­tains que lorsque nous déci­de­rons de publier un organe de notre cru. The Coun­cil sera le pre­mier à s’en réjouir, et pro­fi­tons de cette occa­sion pour expri­mer nos remer­cie­ments à la Fédé­ra­tion com­mu­niste anti­par­le­men­ta­riste pour la loyau­té qu’elle a appor­té depuis le début dans le sou­tien du Conseil d’Action.

[/​Le secré­taire : Mac Glinchen./]

[|III

Ce qu’est le « means test »|]

(Enquête sur les moyens d’exis­tence des chômeurs)

Lettre offi­cielle reçue par une chô­meuse de Glas­gow. Miss Susan P.

» En réponse à votre demande de paie­ment tran­sac­tion­nel, j’ai à vous infor­mer qu’a­près consi­dé­ra­tion de votre cas, les ser­vices de l’As­sis­tance publique ont déci­dé que dans les cir­cons­tances où vous êtes, vous pou­vez, durant la durée de votre chô­mage, être consi­dé­rée comme nécessiteuse…

» Il vous est rap­pe­lé que l’as­sis­tance ne peut vous être main­te­nue qu’aus­si long­temps que vous prou­ve­rez être en état de chô­mage invo­lon­taire et que vous satis­fe­rez à toutes les condi­tions conte­nues dans la bro­chure T.P.L.18 (dont une copie vous a déjà été adres­sée) et que les règles habi­tuelles concer­nant les jours d’at­tente et la conti­nui­té de non-emploi conti­nue­ront à être appli­quées à votre cas.

» Mon­tant heb­do­ma­daire du secours :

Pre­mière semaine : six pence (envi­ron trois francs).

Deuxième semaine : six pence.

Troi­sième semaine : six pence.

Qua­trième semaine : six pence.

» Le taux ci-des­sus s’en­tend pour six jours de chô­mage par semaine et le mon­tant du secours aurait à être réduit d’un sixième pour chaque jour où vous auriez travaillé.

» Vous aurez à infor­mer les auto­ri­tés com­pé­tentes de l’As­sis­tance publique de tout chan­ge­ment qui pour­rait sur­ve­nir dans les cir­cons­tances telles qu’elles leur ont été rap­por­tées. De plus, vous devez pré­ve­nir nos ser­vices en cas de n’im­porte quelle modi­fi­ca­tion dans les faits men­tion­nés par vous dans votre demande d’assistance. » 

[/(signature illisible)/]

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