La Presse Anarchiste

Construire l’organisation

[(

« Ne peuvent se ras­sem­bler dans une orga­ni­sa­tion anar­chiste que ceux qui sont déci­dés à œuvrer pour une trans­for­ma­tion des struc­tures sociales, trans­for­ma­tion orien­tée vers des fina­li­tés libertaires.

Ne peuvent se ras­sem­bler dans une orga­ni­sa­tion anar­chiste révo­lu­tion­naire que ceux qui estiment pos­sible une telle trans­for­ma­tion dans les temps que nous vivons. »

[/​Maurice Fayolle

« Réflexions sur l’anarchisme »

1964/​]

)]

L’ab­sence d’une orga­ni­sa­tion défi­nie, solide, active et durable, comme l’é­crou­le­ment ou les crises suc­ces­sives des ras­sem­ble­ments fédé­ra­tifs exis­tants, l’in­tru­sion pério­dique dans nos milieux d’a­ven­tu­riers de la poli­tique ou, plus pro­saï­que­ment de francs abru­tis et de petits rigo­los (l’âge ne fait d’ailleurs pas tant à l’af­faire), la confu­sion, la para­ly­sie et les « ques­tions de per­sonnes » (sou­vent infon­dées ou mon­tées exa­gé­ré­ment en épingle) sont, au moins en France, carac­té­ris­tiques du mou­ve­ment liber­taire. Et ce ne sont pas ces der­nières années, que ça plaise ou non, qui peuvent appor­ter un démen­ti à cette consta­ta­tion « his­to­rique » (his­to­rique à double titre pour l’au­teur de ces lignes et tous ceux qui, étant par­mi les jeunes du mou­ve­ment en ont eu connais­sance et n’ont vécu ces his­toires que depuis un nombre rela­ti­ve­ment petit d’années).

Rom­pant déli­bé­ré­ment avec ces « tra­di­tions », ou celles qui sont res­pon­sables de cet état de chose, déci­dés à faire table rase du pas­sé néga­tif après en avoir tiré toutes les conclu­sions qui s’im­posent pour le pré­sent et l’a­ve­nir, dési­reux éga­le­ment de « faire place nette » dans le mou­ve­ment, notre but est la construc­tion d’une orga­ni­sa­tion solide et durable, ins­tru­ment essen­tiel (mais pas for­cé­ment unique ) de notre libé­ra­tion éco­no­mique, sociale et intel­lec­tuelle, col­lec­tive et individuelle.

Cette orga­ni­sa­tion sera, si l’on peut hasar­der une for­mule « lit­té­raire », « l’arme offen­sive de l’a­nar­chisme ». Avant d’al­ler plus loin, pré­ci­sons que l’a­nar­chisme repré­sente pour nous la pos­si­bi­li­té de l’é­man­ci­pa­tion inté­grale et les moyens d’y par­ve­nir, en accord avec le but.

« Mais pour y par­ve­nir, il faut œuvrer sans cesse avec le sens des réa­li­tés de la lutte et du but que nous pour­sui­vons. Nous pou­vons, comme cela s’est pro­duit en d’autres époques, inté­res­ser momen­ta­né­ment une par­tie de l’o­pi­nion, par­ler devant de nom­breux audi­toires, être sui­vis par des dizaines de mil­liers de lec­teurs, et, d’i­ci deux ou trois ans, nous retrou­ver sans force, réduits à quelques petits groupes épars, décou­ra­gés et sceptiques.’

On ne peut pas dire que Robert Lefranc, lors­qu’il écri­vait cela dans le no 95 du « Liber­taire », organe heb­do­ma­daire de la F.A., du 18 sep­tembre 1947, était mau­vais pro­phète des évé­ne­ments de 1952―53 ! ! !

C’est encore à lui que j’emprunte les lignes qui suivent :

« Cela s’est déjà produit (

Oui, nous vou­lons nous mettre à l’a­bri de la déchéance interne et des dégringolades…

Oui, nous vou­lons être autre chose que des néga­teurs, des pan-des­truc­teurs, des esthètes ou des « témoins » ne conce­vant l’ac­tion que comme « but en soi », « rai­son d’être », dis­trac­tion de dilet­tantes sno­bi­nards ou acti­vi­tés de déses­pé­rés… pour les­quels les taches construc­tives pré­sentes et futures de l’a­nar­chisme n’existent plus ou pas du tout ou presque pas, dont les cogi­ta­tions et l’a­gi­ta­tion n’ont pas d’ef­fet, sinon pure­ment néga­tif, dont les mou­ve­ments spo­ra­diques res­tent sans résul­tats tangibles…

Nous nous défi­nis­sons donc, en tant. que regrou­pe­ment, dans « la triple pers­pec­tive de l’or­ga­ni­sa­tion, de la révo­lu­tion, de l’anarchisme. »

Cette orga­ni­sa­tion sera, comme l’a dit Fayolle de carac­tère spé­ci­fique. En aucun cas com­pa­rable avec la F.A. actuelle et les fédé­ra­tions pré­cé­dentes ou contem­po­raines qui, lors­qu’elles ont été autre chose que des copies de par­tis poli­tiques ― dont la plus tris­te­ment célèbre, la défunte F.C.L. de type néo-léni­niste et oppor­tu­niste ― ont toutes été for­mées selon le prin­cipe de la « syn­thèse anar­chiste » de Sébas­tien Faure, c’est-à-dire regrou­pant les trois ten­dances de l’a­nar­chisme : l’in­di­vi­dua­liste, com­mu­niste, syn­di­ca­liste et ses mul­tiples rami­fi­ca­tions et concep­tions, la fédé­ra­tion réa­li­sant la syn­thèse de ces sectes et cou­rants divers, syn­thèse que l’on peut déjà essayer d’ap­pli­quer au niveau des groupes. Il n’ est pas ques­tion de reve­nir sur les qua­li­tés de ce prin­cipe, mais l’ex­pé­rience a, semble-t-il, mis aujourd’­hui suf­fi­sam­ment en relief ses limites et ses défauts… aggra­vés par l’ab­sence de défi­ni­tion idéo­lo­gique et d’or­ga­ni­sa­tion.… ren­due inévi­table par l’hé­té­ro­gé­néi­té obli­ga­toire de la fédé­ra­tion ain­si conçue et la pré­sence de cama­rades « anti-orga­ni­sa­tion­nel ». Un tel mode de ras­sem­ble­ment n’est pos­sible sou­hai­table et néces­saire que pour des unions plu­ra­listes, sans pré­ten­tions réel­le­ment orga­niques, foyers d’é­changes (échanges divers et mul­tiples, sauf, si pos­sible, de coups) de culture anar­chiste, de débats, d’é­tudes et centre de liaisons.

Cepen­dant, si cette idée et cette pra­tique de syn­thèse ain­si conçue sont inap­pli­cables pour notre future orga­ni­sa­tion, nous ne vou­lons pas que celle-ci soit une « orga­ni­sa­tion de ten­dance » comme on a déjà essaye d’en mettre sur pieds (et dont les résul­tats ne sont pas tel­le­ment posi­tifs dans le sens de l’a­nar­chisme et de l’ac­tion anarchiste).

« Anar­chisme en action » l’a­nar­chisme révo­lu­tion­naire est une idéo­lo­gie com­plète qui s’in­tègre toute la pen­sée anar­chiste. L’or­ga­ni­sa­tion anar­chiste réa­li­se­ra donc, fina­le­ment, à un niveau émi­nem­ment supé­rieur, la syn­thèse anar­chiste puisque nous affir­mons les carac­tères indi­vi­duels, éthiques, sociaux, éco­no­miques de l’a­nar­chisme, ses pos­si­bi­li­tés de vie et d’ac­tion immé­diate comme ses poten­tia­li­tés de réa­li­sa­tions futures. Il ne s’a­git plus pour nous de jux­ta­po­si­tion hété­ro­gène de prin­cipes et de concepts divers et sou­vent anta­go­nistes, mais de fusion dans une idéo­lo­gie glo­bale et com­plète de pers­pec­tive et d’ac­tion révo­lu­tion­naires, jux­ta­po­si­tion nor­male de réa­li­tés concrètes et vivantes, dont l’é­qui­libre et l’u­ni­té rela­tive sont natu­rels et se trouvent dans la vie elle-même.

Donc méthode de vivre avec ses impli­ca­tions diverses : pro­jet, action, orga­ni­sa­tion etc., basée sur la liber­té, néces­si­tant l’é­ga­li­té et la soli­da­ri­té et ren­due pos­sible par elles, et dont le moyen pre­mier est l’a­na­lyse expé­ri­men­tale et l’ex­pé­rience elle-même, en dehors de toute « véri­té » dog­ma­tique et mythique révélée…

Par­tant de cela nous pour­rions nous amu­ser à nous qua­li­fier de « seuls vrais anar­chistes », « anar­chistes totaux », etc., et dis­tri­buer les ana­thèmes. Ce ne sera pas le cas et nous admet­tons a prio­ri et recon­nais­sons dans les faits que des cama­rades liber­taires ne par­tagent pas ces points de vue, n’en­vi­sagent l’a­nar­chisme qu’en tant que simple « com­por­te­ment », « témoi­gnage », se dés­in­té­res­sant des pro­blèmes sociaux pour la pra­tique exclu­sive d’une ali­men­ta­tion saine ou de la liber­té dans l’a­mour ou du nudisme, de la chas­te­té, de la misan­thro­pie, la liber­té de « l’u­nique » ou ne conçoivent le mili­tan­tisme que comme pure­ment syn­di­cal ou sur le plan exclu­sif des comi­tés d’In­té­rêt de quar­tier, etc., etc.

Nous les retrou­ve­rons avec plai­sir pour des acti­vi­tés com­munes que nous espé­rons fra­ter­nelles et fruc­tueuses… et c’est pour cela que nous pré­co­ni­sons l’exis­tence d’une union réel­le­ment plu­ra­liste de tous les anar­chistes sans équi­voques le dési­rant, de diverses concep­tions et ten­dances… Nous n’en­ten­dons donc pas, cela doit être clair défi­ni­ti­ve­ment main­te­nant, faire une « nou­velle F.A. » avec qui vou­drait la faire, pour rem­pla­cer l’ac­tuelle « en mieux » et nous ne cher­che­rons jamais à faire entrer dans notre giron « tous les liber­taires » et encore moins ceux se récla­mant à un degré quel­conque et à titres divers, à tort ou à rai­son, d’i­dées anarchistes.

Nous n’en­ten­dons pas non plus, et cela doit deve­nir clair main­te­nant aus­si, plon­ger dans des regrou­pe­ments ou des milieux pour le moins « glauques » se disant « anar­chistes » dont les ges­ti­cu­la­tions sont dans toutes les mémoires, qui ridi­cu­lisent notre pen­sée dans le public, et dont les gla­pis­se­ments reten­tissent tou­jours à nos portes pour y mener des « négo­cia­tions » ou pour nous y livrer, comme le font pré­sen­te­ment une petite équipe pari­sienne et un débris de groupe de pro­vince scis­sion­niste de la F.A., à une jolie petite « pêche en eau trouble » dans l’es­poir « d’en tirer quelque chose » à notre profit…

L’Or­ga­ni­sa­tion Révo­lu­tion­naire Anar­chiste se carac­té­ri­se­ra comme une orga­ni­sa­tion homo­gène de mili­tants ayant une concep­tion sem­blable de l’i­déo­lo­gie et de l’ac­tion qui seront, i1 faut le répé­ter, pure­ment anar­chistes, sans équi­voque ni conces­sion. Orga­ni­sa­tion homo­gène mais non mono­li­thique car conçue et struc­tu­rée sur les prin­cipes exclu­sifs du fédé­ra­lisme liber­taire et de le pen­sée anarchiste.

Elle devra être conti­tée par tous ceux qui sont d’ac­cord sur les notions de base pré­co­ni­sées et sur les défi­ni­tions en cours d’é­la­bo­ra­tion dans ce Bul­le­tin et dans un Mani­feste que nous publie­rons pro­chai­ne­ment, qu’ils soient membres de la F.A ou non, qu’ils par­ti­cipent à un autre regrou­pe­ment anar­chiste ou qu’ils se tiennent à l’é­cart du mou­ve­ment pour diverses raisons.

Nous n’a­vons pas l’in­ten­tion de nous éri­ger en « noyau direc­teur » de la future orga­ni­sa­tion liber­taire pas plus que de faire la moindre conces­sion qui lui enlè­ve­rait ses carac­tères indis­pen­sables ou même un seul d’entre eux.

L’un des résul­tats atteints sera, ain­si, nous le sou­hai­tons, la pul­vé­ri­sa­tion des ques­tions de per­sonnes et de cha­pelles et nous sou­hai­tons très vive­ment que tous les anar­chistes révo­lu­tion­naires authen­tiques et sans équi­voque, quelle que soit leur atti­tude pré­sente pren­dront conscience de leur res­pon­sa­bi­li­té et l’as­su­me­ront. Comme nous l’a écrit récem­ment Louis Laurent : « devant l’am­pleur du tra­vail à accom­plir, les girouettes comme les ragots, les ran­cunes dis­pa­raissent d’eux-mêmes, n’ayant aucun intérêt. »

Ain­si sera créée une orga­ni­sa­tion liber­taire repo­sant sur des défi­ni­tions idéo­lo­giques nettes, com­munes à tous les adhé­rents, mais non lour­de­ment uni­taires dans leur inter­pré­ta­tion, tolé­rante dans la pen­sée et l’é­la­bo­ra­tion ana­ly­tique mais cohé­rente dans l’ac­tion, la déci­sion prise, les adhé­rents s’en­ga­geant mora­le­ment envers toute l’or­ga­ni­sa­tion celle-ci s’en­ga­geant col­lec­ti­ve­ment envers chaque adhérent.

Comme le regrou­pe­ment orga­nique de départ, le recru­te­ment se fera sur l’ac­cord avec les défi­ni­tions fon­da­men­tales de l’i­déo­lo­gie et le fonc­tion­ne­ment de l’organisation.

Il ne sera pas ques­tion comme il n’est pas ques­tion main­te­nant pour la construc­tion de l’or­ga­ni­sa­tion, d’ad­mettre n’im­porte qui, n’im­porte com­ment, même s’il paie régu­liè­re­ment ses cotisations.

Car, comme l’a écrit M. Joyeux, i1 faut empê­cher « tous les zazous, tous les aven­tu­riers de la poli­tique ou de tem­pé­ra­ment de venir faire jou­jou avec notre fédé­ra­tion » et « le recru­te­ment doit non seule­ment écar­ter la canailleet les cin­trés… mais aus­si les poli­ti­ciens qui viennent faire leurs pre­mières armes dans nos milieux… et… éga­le­ment d’hon­nêtes gar­çons qui ne sont pas et ne seront jamais anar­chistes, et qui viennent chez nous croyant y trou­ver… une appli­ca­tion exal­tante de théo­ries que nous com­bat­tons. », il devra éga­le­ment tenir au dehors de l’or­ga­ni­sa­tion les sym­pa­thi­sants et amis qui n’en accep­te­ront pas les prin­cipes et le fonc­tion­ne­ment, mais avec les­quels nous nous retrou­ve­rons volon­tiers côte à côte dans le reste du mouvement.

La « muta­tion » du sym­pa­thi­sant en mili­tant et son assi­mi­la­tion dans l’or­ga­ni­sa­tion anar­chiste ne peuvent d’ailleurs s’o­pé­rer de façon « magique »… Sauf pour les mili­tants connus, il y aura donc une période d’as­si­mi­la­tion pro­gres­sive durant ou au terme de laquelle le futur adhé­rent pour­ra prendre ses res­pon­sa­bi­li­tés et « se déci­der », l’Or­ga­ni­sa­tion également…

Orga­ni­sa­tion spé­ci­fique de concep­tion et d’ac­tion révo­lu­tion­naire du mou­ve­ment anar­chiste, l’Or­ga­ni­sa­tion Révo­lu­tion­naire Anar­chiste devra être et ne pour­ra qu’être la mino­ri­té la plus consciente et la plus agis­sante de nature et de but sociaux, et non pas de « pure atti­tude », du mou­ve­ment popu­laire, tant dans sa lutte quo­ti­dienne contre l’au­to­ri­té et l’ex­ploi­ta­tion éco­no­mique dans laquelle l’or­ga­ni­sa­tion repré­sen­te­ra l’ef­fort vivant d’une constante révo­lu­tion­naire, que dans la révo­lu­tion sociale, moyen d’ac­cé­der à la désa­lié­na­tion com­plète de tous les indi­vi­dus, de cha­cun d’entre eux, et dans la période post-révolutionnaire.

À l’an­ti­thèse des par­tis poli­tiques dits révo­lu­tion­naires et « d’a­vant garde » et contre eux, son rôle ne sera donc pas, bien enten­du, la prise du pou­voir, même au moyen d’une « dic­ta­ture sans écharpe ». Cela, non seule­ment parce que nous ne « vou­lons pas prendre le pou­voir », ou sommes pour sa des­truc­tion, mais parce que la fina­li­té idéo­lo­gique et tac­tique comme la stra­té­gie glo­bale per­ma­nente de l’or­ga­ni­sa­tion anar­chiste sera orien­tée vers la des­truc­tion de toutes les formes d’au­to­ri­té, morale, sociale, natio­nale, impé­ria­liste, éco­no­mique et la récu­pé­ra­tion indi­vise par la socié­té humaine de l’en­semble du patri­moine humain, des moyens d’exis­tence et des forces de pro­duc­tion, toute forme d’ex­ploi­ta­tion et de domi­na­tion étant évin­cée, par des moyens révo­lu­tion­naires, par les masses elles-mêmes qui, seules, peuvent réa­li­ser l’or­ga­ni­sa­tion sociale et éco­no­mique liber­taire, le socia­lisme liber­taire, point de départ de l’ins­tau­ra­tion d’une civi­li­sa­tion nou­velle, par elles-mêmes, pour elles-mêmes.

Par­tie inté­grante du mou­ve­ment popu­laire, l’Or­ga­ni­sa­tion Révo­lu­tion­naire Anar­chiste affir­me­ra et pré­sen­te­ra aux masses tant par son action que par sa pro­pa­gande idéo­lo­gique des buts sociaux, éco­no­miques et moraux concrets qu’elles seules, les masses, peuvent réa­li­ser pour et par elles-mêmes, en marge et contre toute clique visant à s’emparer du pou­voir ou ayant un rôle réactionnaire.

L’or­ga­ni­sa­tion devra rendre intel­lec­tuel­le­ment acces­sible la pen­sée anar­chiste dont la base se trouve dans les affir­ma­tions : pri­mau­té de l’in­di­vi­du, néces­si­té de la socié­té, néces­si­té de la désa­lié­na­tion glo­bale et totale de la socié­té et de l’in­di­vi­du par l’a­bo­li­tion des auto­ri­tés arti­fi­cielles, de toutes les contrainte hié­rar­chiques, morales, sociales, poli­tiques, économiques.

Cela ne sera pos­sible que si, grâce à son carac­tère offen­sif et orga­ni­sé, pré­sente par­tout à la fois, l’or­ga­ni­sa­tion arrive à don­ner, par l’exemple et la démons­tra­tion, la qua­si-cer­ti­tude de la via­bi­li­té des idées liber­taires, si elle les fait connaître et comprendre.

Elle devra se livrer à un tra­vail d’é­la­bo­ra­tion et de tac­tique, connaitre le mieux pos­sible les pro­blèmes à résoudre, cher­cher quelles devront être, d’a­près les don­nées aus­si exactes que pos­sible de ces pro­blèmes, les solu­tions, aux appli­ca­tions variables selon les cir­cons­tances et les contin­gences, les meilleures.

Des ins­tincts confus, ou la spon­ta­néi­té pure, seuls, quand ils existent et se mani­festent vrai­ment, étant inca­pables de construire des formes sociales tota­le­ment nou­velles, à l’op­po­sé de celles actuelles et contre tous les fac­teurs d’a­lié­na­tion poli­tique ou autres exis­tant, la civi­li­sa­tion nou­velle ne peut pas naître si l’on s’en remet au gré des évè­ne­ments si on laisse libre cours à la vora­ci­té des poli­ti­ciens et autres « sau­veurs », si aucunes bases éthiques, tac­tiques, sociales et éco­no­miques ne sont préa­la­ble­ment établies.

Construire une orga­ni­sa­tion fonc­tion­nant inté­gra­le­ment sur l’ap­pli­ca­tion stricte et totale des prin­cipes du fédé­ra­lisme et de l’é­thique liber­taires et de la ges­tion directe, d’ac­tion révo­lu­tion­naire dans une pers­pec­tive d’ef­fi­ca­ci­té et de concré­ti­sa­tion, construire l’Or­ga­ni­sa­tion Anar­chiste Révo­lu­tion­naire pour don­ner au mou­ve­ment liber­taire son arme essen­tielle de lutte et d’ac­tion, pour construire une socié­té nou­velle, le monde liber­taire. Telle est notre rai­son d’être et d’agir.

[/​Daniel Flo­rac/​]

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