La Presse Anarchiste

Leçon des événements de mai

Comme en 1936 la socié­té fran­çaise a été ébran­lée dans ses bases.

La révolte étu­diante qui a for­cé l’en­semble de l’o­pi­nion et notam­ment l’o­pi­nion ouvrière, a fait bas­cu­ler en quelques jours une situa­tion que les meilleurs son­deurs offi­ciels croyaient figée.

Le hommes du pou­voir ont trem­blé devant cette pous­sée irré­sis­tible qui s’at­taque aux hié­rar­chies et accule tous les cadres du régime, doyens des facul­tés, hauts fonc­tion­naires, éco­no­mistes, jour­na­listes de salon, dans leurs der­niers retranchements.

Mais la classe ouvrière fai­sant fi des « avis auto­ri­sés » de ces mes­sieurs s’est mise en branle. L’é­preuve de force était enga­gée, l’en­thou­siasme popu­laire gagnait les rues, la jonc­tion entre l’u­ni­ver­si­té et l’u­sine com­men­çait à à se faire, bri­sant les résis­tances, les manœuvres, sur­non­tant les vieux pré­ju­gés de classe.

C’est alors que les par­tis poli­tiques et le gou­ver­ne­ment pas­sèrent à la contre-offen­sive. Les syn­di­cats et en pre­mier lieu la ser­vile CGT ont bra­dé la grève géné­rale avec occu­pa­tion de toutes les usines de France.

Pour ter­mi­ner le tableau, les élec­tions mirent tout le monde d’ac­cord. Le Par­ti Com­mu­niste bon­dit sur l’oc­ca­sion pour liqui­der les « poches de grève » et mener le com­bat pour un Gou­ver­ne­ment Popu­laire et d’U­nion Démocratique.

Une grande conclu­sion s’im­pose à nous.

L’or­ga­ni­sa­tion révo­lu­tion­naire capable de faire contre­poids sur le plan idéo­lo­gique et tac­tique à tous les par­tis poli­tiques et aux syn­di­cats réfor­mistes et bureau­cra­tiques inté­grés au sys­tème a fait cruel­le­ment défaut pour per­mettre la conti­nua­tion de la lutte sans qu’au­cune manœuvre ne vienne l’en­tra­ver et la détour­ner de son but ultime et natu­rel, la ges­tion directe fédéraliste.

Nous devons donc essayer de capi­ta­li­ser les sym­pa­thies qui sont nées durent les évè­ne­ments et construire au plus vite l’Or­ga­ni­sa­tion Révo­lu­tion­naire qui doit être en place pour le nou­veau départ de l’a­gi­ta­tion ouvrière et étu­diante qui devrait avoir lieu dans les six mois à venir. Car rien n’est résolu…

Nous ne deman­de­rons plus aux cama­rades de venir construire cette orga­ni­sa­tion révo­lu­tion­naire, sa néces­si­té étant deve­nue évidente.

La Presse Anarchiste