La Presse Anarchiste

Chez les Ardoisiers de Trélazé

Le syn­di­cat des ardoi­siers de Tré­la­zé avait orga­ni­sé pour le 13 octobre, salle de la Maraî­chère, une confé­rence édu­ca­tive sur le sujet sui­vant : Le rôle du Syn­di­ca­lisme avant, pen­dant et après la Révo­lu­tion.

Cette réunion, bien qu’or­ga­ni­sée très hâti­ve­ment, réunit près de 200 camarades.

Le cama­rade Rava­ry ouvrit la séance et décla­ra que la contra­dic­tion serait entiè­re­ment libre.

Pen­dant près de deux heures, le cama­rade Huart, délé­gué de l’U.F.S.A., démon­tra à l’as­sem­blée que le syn­di­ca­lisme était le seul et véri­table outil révolutionnaire.

Il fit voir que si le syn­di­ca­lisme n’a­vait pas le ver­biage pré­ten­tieux des poli­ti­ciens, il pos­sé­dait — ce qui vaut mieux — non seule­ment toutes les forces révo­lu­tion­naires, mais aus­si un plan de pré­pa­ra­tion, d’ac­tion et d’or­ga­ni­sa­tion de la révolution.

Son expo­sé fut écou­té avec une atten­tion pro­fonde et les cama­rades ardoi­siers décla­rèrent que ces confé­rences édu­ca­tives étaient extrê­me­ment utiles, tant pour la pro­pa­gande que pour la for­ma­tion des jeunes militants.

Il n’y eut pas de contradiction.

Le len­de­main, salle de la Coopé­ra­tive, les mili­tants se réunis­saient à nou­veau et un échange de vues eut lieu sur la ques­tion de l’unité.

Le cama­rade Huart retra­ça le che­min par­cou­ru depuis les scis­sions ; il ren­dit compte des efforts faits pour la réa­li­sa­tion de l’U­ni­té, il dit les décep­tions suc­ces­sives des syn­di­ca­listes, la néces­si­té, devant les four­be­ries poli­ti­ciennes, de nous affir­mer net­te­ment. Il par­la des espoirs que pou­vait faire naître une C.G.T. vrai­ment syn­di­ca­liste et invi­ta les cama­rades à réflé­chir sur notre situation.

Le cama­rade Rava­ry prit ensuite la parole ; écou­té avec une émo­tion pro­fonde par les mili­tants pré­sents, il rap­pe­la les causes de l’au­to­no­mie du syn­di­cat des ardoisiers.

Il lut la décla­ra­tion d’au­to­no­mie du syn­di­cat et la commenta :

« Rien ne s’op­pose, dit-il, à ce que nous allions au Congrès consti­tu­tif de la 3e C.G.T. Nous avons scru­pu­leu­se­ment rem­pli les enga­ge­ments pris dans notre décla­ra­tion. Nous voi­ci arri­vés au moment de prendre une déci­sion virile. Jamais nous n’a­vons mar­chan­dé notre concours. Notre action et notre aide ont été appor­tés sans arrière-pen­sée, mais il faut consta­ter que nous n’a­vons jamais été payés de retour par les confé­dé­rés et les uni­taires. Alors que nous pla­cions l’in­té­rêt des tra­vailleurs au-des­sus de tout, les confé­dé­rés et les uni­taires ne voyaient dans l’ac­tion qu’une ques­tion de bou­tique. Le syn­di­ca­lisme ne peut plus vivre dans la situa­tion pré­sente ; chaque jour qui s’é­coule nous prouve que nous n’a­vons rien de com­mun avec les poli­ti­ciens de l’une ou l’autre C.G.T. Agis­sons donc pour que notre idéal vive et se développe. »

Le vieux syn­di­cat de Tré­la­zé sera à Lyon, nous en avons la cer­ti­tude, et c’est un encou­ra­ge­ment pour nous, car il est de ceux qui n’ont jamais dévié. C’est aus­si un des rares syn­di­cats qui, mal­gré les grosses dif­fi­cul­tés, a su conser­ver ses forces et tra­vailler effi­ca­ce­ment au bien-être de ses corporants.

C’est un véri­table récon­fort pour un mili­tant pari­sien de se trou­ver dans ce milieu qui a su conser­ver dans toute sa pure­té la tra­di­tion syn­di­ca­liste fédé­ra­liste. Comme cela nous change de Paris.

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