… « Ce temps est immense et sa jeune fille est à son image. Regardez-la :
« Sortie de la mort, elle est partie sur un signal, au trot de ses jambes alertes, vers la vie. Elle dirige largement sa tête comme un gouvernail, prenant elle-même la responsabilité de sa marche ardente. Elle ne craint plus son corps et même éprouve une joie orgueilleuse et juste à montrer qu’elle en a un, comme une promesse éclatante de vie, comme une victoire sur la mort. Et elle pense que la pudeur est réservée aux estropiés. Elle les plaint beaucoup.
« La jeune fille de ce temps est libre d’être ou de n’être pas une jeune fille. Elle connaît la valeur des meilleures raisons de ses parents et, au besoin, leur en fournirait quelques-unes de plus. Elle est unique ; jamais, au cours d’aucun siècle, elle ne fut miraculeusement, comme elle l’est aujourd’hui : consciente.
« Nous ne nous réjouirons jamais assez d’appartenir à la grande date du commencement de la fin de la jeune fille. Aux époques d’énergie et d’ardeur, la jeune fille disparaît. On reconnaît une époque médiocre, plate, blanche et honteuse au nombre et à la perfection de ses jeunes filles:I>…
« Ah ! vive le vaste
« Ah ! vive la triomphale conception de Rabelais où des petites filles gargantuesques s’exerçaient à l’amour en leurs berceaux dans la crainte magnifique de mourir vierges !
« Honte aux temps qui ont inventé les rosières et canonisé les pucelles ! Virginie est une oie, tordons-lui le cou !… ».
[/Lucie