Ce qui distingue le monde ou l’humanité individualiste an-archiste, c’est qu’il ne consacre pas l’avènement d’un parti — économique, politique, religieux ― d’une classe sociale ou intellectuelle — d’une aristocratie, d’une élite, d’une dictature. Ce monde, cette humanité n’existe qu’en fonction d’une mentalité nouvelle, d’une conception autre que celle qui domine dans la société archiste, d’une façon différente de situer l’unité humaine dans le milieu humain.
La grande, l’ineffaçable caractéristique de cette mentalité nouvelle, c’est la place qu’elle fait à l’unité humaine, considérée comme base de toute activité, de toute réalisation sociale ― à la personne humaine envisagée dans toutes les situations comme intangible, comme inviolable. C’est l’impossibilité absolue pour le social d’opprimer ou de brimer l’individuel. C’est, dans les rapports de toute nature qu’ils peuvent entretenir les uns avec les autres, la mise sur le même pied, à un niveau semblable, des collectivités et des isolés, des totalités et des unités. Autrement dit l’assurance qu’aucun désavantage ou infériorité — en matière d’accords, de tractations, d’ententes, de contrats ou autres ― ne pourra résulter pour la personne humaine du fait de vivre, évoluer, produire ou consommer isolément.
Aucune humanité ne sera du goût de l’individualiste an-archiste si elle ne se fonde pas sur cette « mentalité nouvelle ».
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