La Presse Anarchiste

La nouvelle figure de « l’en dehors »

À dater du pré­sent fas­ci­cule — 15 novembre — et jus­qu’à nou­vel ordre, l’en dehors paraî­tra sous forme de revue et cela une fois par mois.

Diverses rai­sons nous ont contraint à prendre cette déter­mi­na­tion ou inci­té à le faire.

A. Le manque d’aide maté­rielle ou manuelle néces­saire pour confec­tion­ner la publi­ca­tion heb­do­ma­daire ou bimen­suelle que nous rêvions ;

B. Le désir de don­ner à nos diverses asso­cia­tions une vita­li­té et une ampleur que rend impos­sible, dans les cir­cons­tances, une paru­tion plus fré­quente que mensuelle ;

C. Le désir d’en­trer plus fré­quem­ment en contact avec nos amis, nos cor­res­pon­dants, nos abon­nés, nos lec­teurs, rési­dant en pro­vince et, avec leur concours, rap­pe­ler ou faire connaître nos thèses à un public ou à des milieux qui n’en­tendent que rare­ment par­ler de l’a­nar­chisme en géné­ral et, en par­ti­cu­lier de l’in­di­vi­dua­lisme anar­chiste tel qu’on le conçoit à l’en dehors.

D. La néces­si­té d’é­di­ter, de dif­fu­ser, de dou­bler l’œuvre de l’en dehors par des tracts, des bro­chures à bon mar­ché, voire des volumes, selon que nos res­sources le per­met­tront — tracts, bro­chures, volumes des­ti­nés à répandre nos thèses et nos aspi­ra­tions. Dans cette caté­go­rie rentrent la publi­ca­tion d’é­crits édi­tés par d’autres soins que les nôtres, la tra­duc­tion de nos publi­ca­tions à l’ex­té­rieur, la col­la­bo­ra­tion à des pério­diques de langues fran­çaise et étrangères.

On voit que la besogne ne nous manque pas.

Mais de ne publier l’en dehors que douze, fois par an au lieu de 18, nous n’en­ten­dons pas faire pâtir nos lec­teurs et nos amis. Les arran­ge­ments sui­vants montrent qu’ils ne per­dront pas au change :

l’en dehors paraît enro­bé dans une cou­ver­ture [[Pour per­mettre la conser­va­tion, le bro­chage ou la reliure de l’en dehors, la cou­ver­ture est déta­chée du corps de la revue.]] sur laquelle sera insé­ré tout ce qui est avis, com­mu­ni­ca­tions. annonces, publi­ci­té pure. Il res­te­ra ain­si 48 colonnes de texte. Tout cal­cu­lé, sous sa forme nou­velle, l’en dehors contient 17 ou 18 de plus de texte que sous son aspect pré­cé­dent, 14 de plus de com­po­si­tion totale.

Cette trans­for­ma­tion — à cause du, pliage, de l’en­car­tage, de la com­po­si­tion accrue, du papier en sur­plus — com­porte une aug­men­ta­tion de 650 francs envi­ron par fas­ci­cule pour un tirage de 5.000 exem­plaires, de près de 800 fr pour un tirage de 6.000.

Nous ne modi­fions pas le taux des abon­ne­ments. Et si, pour que la pro­pa­gande ne s’en res­sente pas, nous par­tons à 75 cen­times (un peu moins de 0 fr. 15 d’a­vant-guerre) le prix de l’exem­plaire, c’est par un véri­table acte de foi, parce que nous espé­rons accroître la vente au numé­ro, aug­men­ter notre tirage.

À 0 fr. 75 le fas­ci­cule et à 10 francs d’a­bon­ne­ment annuel, l’en dehors est la revue indi­vi­dua­liste la meilleur mar­ché, aus­si bien en pays de langue fran­çaise qu’à l’extérieur.

Soixante-quinze cen­times l’exem­plaire : pas même le prix d’un apé­ri­tif, pas même celui d’un cigare de médiocre qua­li­té ! Une boîte de poudre de riz — et quelle poudre de riz — vaut 25 sous au mini­mum et un bâton de rouge 3 francs ! 75 cen­times pour l’en dehors à 20 pages, dont une cou­ver­ture en couleur ! ! !

10 francs — 15 francs pour l’ex­té­rieur — l’a­bon­ne­ment à une revue qui don­ne­ra en un an 576 colonnes d’un texte com­pact, la plu­part du temps équi­valent à un volume de 800 à 1.000 pages d’une édi­tion ordi­naire, d’une valeur de 20 à 25 francs, sinon plus !

Mais nous ne pou­vons main­te­nir ces prix qu’à deux condi­tions : aug­men­ta­tion du nombre de nos abon­nés, accrois­se­ment de la vente au numé­ro. Ce fas­ci­cule est tiré à 5.900. Il nous faut atteindre un tirage de 7.500.

Mais ce n’est pas tout. Nous suc­com­be­rons infailli­ble­ment s’il nous faut encore avoir à faire à de mau­vais payeurs : abon­nés négli­gents, volon­tai­re­ment en retard, cor­res­pon­dants nous fai­sant attendre le règle­ment de leurs ventes, sous­crip­teurs hési­tants. Notre impri­meur ne nous fait pas cré­dit, et y consen­ti­rait-il que nous ne vou­drions pas des sou­cis engen­drés par de trop consi­dé­rables défi­cits. Voi­là trente ans que nous lut­tons contre les dif­fi­cul­tés finan­cières et qui a pas­sé, par là sait com­bien cette lutte est épuisante.

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En ce qui concerne la col­la­bo­ra­tion à cette revue, nous serions recon­nais­sants à ceux qui nous font par­ve­nir de la copie — sur­tout de la poé­sie — de nous épar­gner le soin de la récrire, sinon de la refaire. On ne nous en vou­dra pas de nous mon­trer un tan­ti­net dif­fi­cile dans la sélec­tion des articles, études, poèmes qui nous sont envoyés aux fins d’in­ser­tion. L’ex­pé­rience nous a démon­tré d’ailleurs que les écrits refu­sés par l’en dehors trou­vaient faci­le­ment à se pla­cer dans des publi­ca­tions plus à court de matière que celle-ci.

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La ligne de conduite de l’en dehors n’est modi­fiée en rien. Nous la résu­mons à la 3e page de la cou­ver­ture ; l’en dehors est une œuvre auto­nome, le fruit d’une ini­tia­tive per­son­nelle, publi­ca­tions et asso­cia­tions. On y tient un très grand compte des réa­li­sa­tions ; on y exècre le ver­biage ; on y com­bat avec la der­nière éner­gie tant le tar­tu­fisme des bonnes mœurs que l’in­fluence puri­taine et cal­vi­niste qui pour­rit les milieux d’avant-garde.

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Certes, conçu comme nous l’en­vi­sa­geons, nous vou­drions faire paraître l’en dehors deux ou trois fois par mois, mais l’aide maté­rielle et manuelle sur place nous fait défaut, nous le répé­tons. Les annonces réité­rées pour nous pro­cu­rer cette aide ont été accueillies… par le silence. Rien ne sert donc d’épiloguer.

[/​E. Armand/​]

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