La Presse Anarchiste

L’impuissance de la F.S.I.

Nous avions par­lé dans notre der­nier numé­ro (« Les nou­veaux défen­seurs du Syn­di­ca­lisme ») des plans com­mu­nistes pour liqui­der l’I.S.R., pour faire entrer la C.G.T. russe à Amster­dam, en sau­vant, autant que pos­sible, les appa­rences. Une confir­ma­tion écla­tante nous est don­née par nul autre que Chliap­ni­koff, qui écrit comme suit dans un article inti­tu­lé « La Véri­té sur l’op­po­si­tion ouvrière » [[ Révo­lu­tion Pro­lé­ta­rienne, octobre 1928.]] :

« …Non,…ce n’est pas nous qui liqui­dons l’I.S.R. Cette liqui­da­tion a lieu depuis long­temps. La Prav­da doit savoir que la poli­tique de front unique, l’ef­fort pour éta­blir des liens avec les syn­di­cats ouvriers d’Oc­ci­dent ont obli­gé la C.G.T. russe à agir par des­sus la tête de l’I.S.R. Cette action délais­sant l’I.S.R. a depuis long­temps détruit son auto­ri­té et sa signi­fi­ca­tion, et il ne pou­vait eu être autre­ment. Les manœuvres au, moyen du Comi­té anglo-russe et la ten­ta­tive de le trans­for­mer en nou­veau centre inter­na­tio­nal, en fait, ont réduit à néant l’ac­ti­vi­té et la signi­fi­ca­tion inter­na­tio­nale de l’I.S.R. Cet aban­don de l’I.S.R. est allé si loin que les mots mêmes d’In­ter­na­tio­nale Syn­di­cale Rouge sont depuis long­temps sup­pri­més des sta­tuts de nos syndicats. »

Quelle fin igno­mi­nieuse, quelle mort abjecte des Losows­ky, Nin et antres calom­nia­teurs de la classe ouvrière révolutionnaire !

L’impuissance de la F.S.I.

La Fédé­ra­tion Syn­di­cale Inter­na­tio­nale (d’Am­ster­dam) allait confir­mer l’en­voi d’une repré­sen­ta­tion au Mexique pour y défendre les concep­tions syn­di­cales qu’elle pro­fesse. Par­mi les délé­gués se trou­vaient Pur­cell, le pré­sident de la F.S.I. ; Brown, secré­taire ; Jou­haux et Mer­tens, vice-pré­si­dents. Mais quel­qu’un trou­bla la fête, car, parait-il, la cen­trale réfor­miste mexi­caine a déci­dé — sans, rien dire à la F.S.I. — d’in­vi­ter aus­si Tom­sky, secré­taire géné­ral des syn­di­cats russes. Et, pata­tras, la délé­ga­tion se dégonfle… Pour­tant, Pur­cell et Brown y vont mal­gré tout, et le Bureau de l’In­ter­na­tio­nale d’Am­ster­dam s’est vu obli­gé de publier le com­mu­ni­qué sui­vant sur le voyage de ses chefs :

« Le Bureau… décide de déga­ger entiè­re­ment sa res­pon­sa­bi­li­té et celle de la Fédé­ra­tion Syn­di­cale Inter­na­tio­nale. » Le com­mu­ni­qué ajoute, offi­cieu­se­ment, ce para­graphe vrai­ment merveilleux :

« Il découle de ce qui pré­cède que ni Pur­cell, bien qu’il soit Pré­sident de la F.S.I., ni Brown, quoi qu’il soit secré­taire, n’ont l’at­tri­bu­tion de repré­sen­ter la F.S.I. ni au Mexique ni en quelque autre État amé­ri­cain, tout aus­si peu que l’ont les autres membres de la délégation. »

Après Fim­men, voi­là Pur­cell et Brown qui font école buis­son­nière. Quelle curieuse orga­ni­sa­tion et quelle admis­sion de sa propre fai­blesse et inca­pa­ci­té que de ne pou­voir s’en­tendre avec ses propres pré­si­dents et ses propres secrétaires.

Notons, entre paren­thèses, que la décla­ra­tion de Chliap­ni­koff sur l’i­nexis­tence de fait, de l’I.S.R., est une fois de plus confir­mée par l’in­for­ma­tion ci-des­sus. En effet, la cen­trale réfor­miste du Mexique invite les mili­tants de l’In­ter­na­tio­nale d’Am­ster­dam… et de la C.G.T. russe, igno­rant tota­le­ment l’I.S.R.

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La morale de tout ceci ? C’est que vou­loir faire l’u­ni­té syn­di­cale avec un cadavre et une mare stag­nante signi­fie tout bon­ne­ment vou­loir intro­duire la pour­ri­ture dans nos propres rangs.

À bon enten­deur, salut.

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