Un ami, retour de Russie, nous donne en ces quelques phrases brèves ses impressions sur les conditions d’existence dans la République Soviétique.
Les nouvelles que l’on peut donner de Russie ressemblent étrangement à tout ce que l’on pourrait écrire d’un pays quelconque — la misère en plus.
On peut avoir autant d’argent que l’on veut. Les magasins sont ouverts partout. Dans les théâtres, cinémas on paie des prix variés. Avec un supplément de prix vous avez dans les trains des places réservées. On laisse tranquilles tous ceux qui ne s’occupent pas de politique et se tirer d’affaire comme ils peuvent ; quant aux opposants ils risquent gros.
La police secrète et autre sont très développées.
Si une usine marche trop bien on y fait simplement par-ci par-là une descente pour y prélever des retenues formidables.
À part cela, vous entendez du Debussy, du Wagner, du Stravinsky et vous avez toutes les chances de voir beaucoup de Matisse, Pissaro et même pas mal de Carrière, Monet, Manet, etc…
Les musées sont très bien conservés. Expositions nombreuses.
La protection de la femme est assurée par des œuvres multiples.
La nourriture est assez bon marché ; les logis rares ; les vêtements en loques.
Je crois que la seule trace de communisme qu’il y ait en Russie, c’est dans les grandes villes, le partage des appartements d’après le nombre des habitants, ce qui amène des voisinages forcés et souvent plus ou moins agréables.
On sort difficilement de ce pays. Les Bolchevistes ne laissent pour ainsi dire personne quitter la Russie.