La Presse Anarchiste

L’information et la critique des faits

Des­planques a dit dans le der­nier numé­ro quelles sont les études qui nous inté­ressent prin­ci­pa­le­ment. La cri­tique sociale a été abon­dam­ment faite, et tout a été dit à ce sujet. Nous vou­lons aller plus loin. Au lieu de gâcher du papier à cri­ti­quer les ins­ti­tu­tions bour­geoises, nous vou­lons étu­dier les pos­si­bi­li­tés de nou­velles formes sociales, nous occu­per des ques­tions d’é­du­ca­tion, de l’or­ga­ni­sa­tion com­mu­nale, etc., etc.

D’ailleurs, pour faire de la cri­tique sociale, il nous fau­drait paraître plus sou­vent. C’est l’ac­tua­li­té qui illustre la cri­tique et la rend vivante. Il y a long­temps que l’ac­tua­li­té est morte, lorsque les articles confiés à Des­planques sortent enfin du tirage. Je me hâte d’a­jou­ter que Des­planques n’en est pas responsable.

Nous trou­vons inutile de par­ler du gou­ver­ne­ment et de ses actes. L’au­to­ri­té conduit tou­jours aux mêmes abus. M. de Mon­zie dénie aux ins­ti­tu­teurs la liber­té d’o­pi­nion. M. Chau­met agit bru­ta­le­ment contre la mani­fes­ta­tion des télé­pho­nistes, dite grève d’a­ver­tis­se­ment. La poli­tique colo­niale de Pain­le­vé est for­cé­ment celle de tous les gou­ver­ne­ments précédents.

Il fau­drait aus­si des pro­tes­ta­tions sans nombre contre la poli­tique des gou­ver­ne­ments étran­gers. Au milieu de toutes les igno­mi­nies qui se com­mettent jour­nel­le­ment, il est néces­saire de mettre au pilo­ri la poli­tique du gou­ver­ne­ment actuel de la Bul­ga­rie. Nous sommes obli­gés de nous conten­ter d’in­sé­rer la note ci-des­sous qui aurait dû pas­ser dans un des numé­ros précédents :

Une vague de réac­tion féroce sévit en ce moment à l’Est de l’Eu­rope. En Bul­ga­rie, en Pologne, en Bes­sa­ra­bie, des atro­ci­tés et des bar­ba­ries sans nom sont per­pé­trés dans ces pays par leurs gou­ver­ne­ments res­pec­tifs. Le sang coule en Pologne où des com­mu­nistes sont condam­nés à mort et exé­cu­tés, le sang coule à grands flots en Bul­ga­rie où le meurtre et l’as­sas­si­nat sont deve­nus l’arme légale d’un gou­ver­ne­ment farouche contre ouvriers et pay­sans, contre anar­chistes et com­mu­nistes ; en Bes­sa­ra­bie, des cen­taines d’ou­vriers et pay­sans attendent le même sort aux mains du gou­ver­ne­ment roumain.

Nous ne pou­vons pas­ser sous silence ces igno­mi­nies quo­ti­diennes d’une réac­tion en panique. Qu’im­portent les opi­nions poli­tiques des per­sé­cu­tés quand c’est toute l’hu­ma­ni­té qui souffre du mar­tyre de ses enfants ! Qu’im­porte que ce soient des com­mu­nistes qui tombent sous les coups de la bru­ta­li­té gou­ver­ne­men­tale, eux qui emploient les mêmes moyens de répres­sion contre les révo­lu­tion­naires quand ils sont chez eux, en Rus­sie ! Toute notre soli­da­ri­té va aux révol­tés, quels qu’ils soient. Toute notre opprobre va aux gou­ver­ne­ments, quels qu’ils soient, eux aussi.

[/​S. C./]

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Nous rece­vons une pro­tes­ta­tion d’un club espé­ran­to de Chan­gaï sur la conduite de la police anglaise durant les troubles récents qui ont ensan­glan­té cette ville. Autant qu’il nous semble, le conflit est ori­gi­nai­re­ment d’ordre éco­no­mique : les patrons (Euro­péens) contre leurs ouvriers (Chi­nois), mais il est tout natu­rel qu’il dévie en un conflit de race. Nous avons deman­dé à un de nos cama­rades chi­nois de nous pré­ci­ser les faits, en rat­ta­chant cet inci­dent à la lutte uni­ver­selle et éternelle.

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Les jour­naux annoncent qu’on a volé à Nice, dans la vil­la d’un résident de France au Cam­bodge, la sta­tue en bronze d’une divi­ni­té indo-chi­noise, sta­tue très ancienne et de grande valeur. Les jour­naux ne nous disent pas où le résident au Cam­bodge a lui-même « ache­té » la statue.

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