Les conflits entre individus sont éternellement renaissants ; ils se règlent à coups de poing, par l’intervention de la loi, ou se résorbent dans une meilleure compréhension réciproque.
Les conflits entre groupements humains sont éternellement renaissants, mais le plus sauvent fictifs ; ils se règlent par la guerre, encore par la guerre, toujours par la guerre. Ce qu’on peut appeler le progrès en cette matière, c’est l’agrandissement graduel des groupements entrant en guerre ; de hobereau à hobereau, de château-fort à château-fort, de duché à duché, on a abouti, par le triomphe de l’État « un et indivisible » à la « guerre joyeuse » entre nations.
La moitié du globe semble disposée à renoncer à ce suprême recours : Arbitrage, arbitrage, arbitrage. Inutile de ridiculiser ni de glorifier les acteurs en scène ; les causes du revirement sont ailleurs : horreurs de la dernière guerre, appauvrissement général, etc. ; disons simplement : triomphe du bon sens par une évolution intelligente.
Est-ce à dire que l’ère militariste est définitivement close ? Que l’on saura éviter les conflits de races, Jaunes et Yankees, Noirs et Blancs ? Non, mais il y a au moins l’espoir que se complète la victoire pacifique des idéologues contre les réalistes.
Entendu : l’État et la propriété individuelle sont toujours là ; aujourd’hui comme hier, l’homme exploite l’homme. Oui, mais ne voit-on pas que disparaît la principale raison d’être de l’État, la défense contre l’extérieur, et que — lentement sans doute — et sûrement se dessine le Conflit Suprême : le travailleur libre contre la puissance de l’argent.