La Presse Anarchiste

A travers le monde

La pro­vince de Bar­ce­lone conti­nue à être sous la coupe du gou­ver­neur civil, un tyran qui s’y connaît dans l’art de gou­ver­ner sui­vant les pra­tiques du régime du « bon plai­sir ». Le syn­di­ca­lisme, le « syn­di­cat unique » est hors la loi. Les mili­tants ne sont pas du tout déci­dés à se lais­ser faire. De temps en temps, ils ripostent aux coups de la bour­geoi­sie, rapace à outrance ; et quel­que­fois des patrons mordent la pous­sière au moment où ils s’y attendent le moins. À Bar­ce­lone, c’est Jaime Rotiers Mau­ri, pré­sident de l’Association des Patrons bou­lan­gers qui suc­combe, après avoir reçut six balles dans la peau, au moment où il se pré­pa­rait à ren­trer chez lui ; à Tau­let, c’est Segis­mun­do Rie­ra, pro­prié­taire d’une fabrique d’étampes qui, au moment où il tra­ver­sait la Grande-Rue en auto­mo­bile, essuie une décharge de quinze coups de fusil ; plus vei­nard que son col­lègue de Bar­ce­lone, il s’en tire avec une for­mi­dable frayeur.

Un peu par­tout on trouve des bombes. L’histoire de ces bombes, qui n’éclatent jamais ou éclatent mal, est connue de tous les anciens lec­teurs des Temps Nou­veaux, nous avons jadis eu l’occasion d’en par­ler plus d’une fois. C’est pour une affaire de bombes que des cama­rades com­pa­rais­saient récem­ment devant une cour de jus­tice, à Valence. Les avo­cats ayant décla­ré qu’ils pos­sé­daient en main les preuves de l’innocence de leurs clients, le juge-pré­sident com­prit (disons-le tout de suite, entre paren­thèse, il s’agissait d’un com­plot poli­cier). Ce magis­trat fit au jury un dis­cours qui lui fait beau­coup hon­neur, puis il invi­ta les jurés à se reti­rer dans leur salle des déli­bé­ra­tions. Quelques minutes après ils reve­naient avec un ver­dict néga­tif, et les pré­ve­nus furent remis en liberté.

L’Espagne vient d’avoir, elle aus­si, sa grève des che­mi­nots, qui n’a duré que deux à trois jours, c’est-à-dire le temps de don­ner l’ordre de ces­ser le tra­vail et de com­man­der la reprise des affaires. Le Gou­ver­ne­ment, inter­ve­nant comme arbitre, a fait droit aux reven­di­ca­tions des gré­vistes et s’est empres­sé de faire voter les sub­ven­tions pour les Com­pa­gnies de che­mins de fer, afin de per­mettre à celles-ci d’augmenter les salaires de leurs ouvriers et employés. On mur­mure même que cette grève a été vou­lue par les patrons, dans le but d’obtenir la sub­ven­tion gou­ver­ne­men­tale, qu’ils ont obte­nue d’ailleurs comme ils le désiraient.

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