Dans la ville d’Ancône, sur l’Adriatique, il y a eu une révolte d’une importance considérable ; pendant deux jours au moins, les rebelles ont été maîtres de la place. On ne sait au juste comment cet événement s’est produit. D’après nos camarades de Umanita Nova, de Milan, l’insurrection aurait été provoquée par un capitaine qui aurait tué un soldat parce que celui-ci exhortait ses camarades à remettre leurs armes à la population civile. Celle-ci, témoin de cette exécution, par trop sommaire, entra en révolte contre l’officier et l’envoya ad patres. Les révoltés, en possession de la ville, firent immédiatement appel à tout le prolétariat italien. Il y eut de suite comme réponse un mouvement de grève générale, lequel fut de suite enrayé par les politiciens du fameux Parti Socialiste qui sont à la tête de la C.G.T. italienne. Ce mouvement avorta piteusement, et les rebelles d’Ancône, retranchés dans les forts de la place furent écrasés par la mitraille des marins de la flotte de l’Adriatique, qui à tort ou à raison, passent pour être d’excellents bolchevistes. Ces « Camarades » ne veulent rien entendre, paraît-il, d’aller faire la guerre coutre les Albanais ou les Turcs ; mais contre leurs frères italiens, c’est autre chose…
À la Chambre italienne, le « Camarade » Turati a fait un grand discours, une de ces exhibitions oratoires comme les hommes du Parti sont seuls capables d’en faire, c’est-à-dire des torrents de paroles vides de sens et de toute signification positive ; c’est, toute la redite du verbiage bolcheviste avec quelques variantes semblables à celle-ci : « Le prolétariat n’est pas encore mûr pour prendre possession du pouvoir et la bourgeoisie est incapable de gouverner plus longtemps. Il est donc urgent que le Parti Socialiste remplisse cette lacune entre l’incompétence de la bourgeoisie et l’incapacité du prolétariat. » Ah ! le Parti Socialiste, lui, a toutes les compétences, du moins c’est lui qui l’affirme ; et, ma foi, il n’est pas suffisamment capable pour faire le bonheur du peuple, le plus grand de tous les « Camarades », Lénine, cette incarnation vivante du politicien, fait socialiste, sera vite à Rome, et comme par une puissance magique, il aura vite fait de transformer les contrées les plus fertiles et les plus riantes de la péninsule en de vastes désert.