La délégation du Parti Travailliste, et des Trades-Unions est de retour de Russie ; son rapport est un peu nuageux, mais il apporte suffisamment de précision sur la situation économique dans la République des Soviets : Une grande nation, un grand peuplé succombe sous l’ignominie du plus infâme des régimes qu’ait connus l’humanité et meurent de faim aux milieux des terres les plus riches et les plus fertiles du monde, entier. Mais l’argument le plus décisif contre un régime aussi odieux, est, sans aucun doute„ la lettre même de Lénine, remise par le dictateur à la délégation britannique. Cette lettre, publiée dans toute la grande presse a produit un ahurissement général parmi tout le peuple du Royaume-Uni. Quoi, c’est le génie du socialisme scientifique qui parle ainsi et qui ose de la sorte donner des ordres au peuple le plus libre du monde ! Que l’on s’imagine un écolier de douze ans à qui on aurait fait des cours de marxisme pendant quelques mois et qui voudrait comme une docte personne donner des conseils et des ordres à un peuple qui a, sous les formes les plus diverses, expérimenté le socialisme et le communisme, et l’on aura une impression exacte de la lettre en question. Certains ont dit : Lénine est mal informé, son entourage est défectueux. D’autres ont déclaré plus justement : Ce Lénine est un crétin.
Aussi au Congrès du Parti Travailliste britannique, qui s’est ouvert à Scarborough, le 22 juin dernier, les bolchevistes et le bolchevisme ont été réexpédiés en Russie comme des choses impropres à la consommation des peuples de la Grande Bretagne, cela malgré un pathétique plaidoyer du fameux George Lansbury, un des plus beaux échantillons des politiciens d’outre-Manche. Les Britanniques, comme d’ailleurs leurs cousins d’Amérique, sont dans la deuxième Internationale et ils sont résolus y rester, et ils y resteront.
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