La Presse Anarchiste

Les Âneries d’un ministre

Le 30 mars der­nier, notre Ministre des Finances s’indignait que nous eus­sions impor­té 260 mil­lions de sirops, bon­bons et confi­tures. Il pré­ci­sait qu’en poids ces 260 mil­lions repré­sen­taient 501.000 quin­taux de mar­chan­dises, tan­dis qu’en 1913, l’importation de ces den­rées ne s’élevait qu’à 61.000 quintaux.

Et M. Aris­tide Briand s’exclamait : « C’est scandaleux. »

M. Briand n’est peut-être pas tout à fait qua­li­fié pour crier au scan­dale. En tout cas, pas plus que le Ministre, il n’a réflé­chi que la pre­mière année d’après guerre le pre­mier effort éco­no­mique devait tout natu­rel­le­ment por­ter sur la recons­ti­tu­tion des réserves, dila­pi­dées pen­dant la guerre. La res­tric­tion des ali­ments sucrés à la fin de la guerre devait pro­vo­quer une demande ; et la des­truc­tion des sucre­ries de la région du Nord obli­geait les com­mer­çants à s’adresser à l’étranger.

Enfin, MM. Mar­sal et Briand ont oublié que l’année 1918 fut désas­treuse au point de vue, de la récolte frui­tière. Cette récolte fut à peu près nulle pour cer­taines espèces. Depuis plus de 50 ans, je crois, on n’avait vu telle disette. C’est ce qui explique que per­sonne n’ayant pu faire de confi­tures, il a fal­lu en ache­ter. En 1913, la France se suf­fi­sait à elle-même, et les 62.000 quin­taux impor­tés repré­sen­taient du superflu. 

En 1919, les 502.000 quin­taux repré­sen­taient le nécessaire.

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