Mon cher Méric,
Reçu hier tes manifestes « Confrontation Anarchiste » et te réponds.
Après en avoir lu un exemplaire, je crois que tu vas à l’encontre du but recherché : réunir les camarades ou groupes anarchistes épars ci et là, un vue d’unir leurs activités par un lien, ce qui amènerait à la longue la constitution d’une Fédération des groupes anarchistes autonomes, de ceux non adhérents ni à la FAF, ni à l’UFA, ni à l’ORA, ce qui ferait un regroupement national de plus.
Le lancement d’un périodique ne peut amener également qu’à des querelles, à des polémiques dont le moins qu’on puisse dire, c’est comme résultats, écarter du mouvement ceux attirés par la projection du film Sacco et Vanzetti, les commentaires sur la Commune de 1871.
Or il y a trop de groupements nationaux se heurtant parfois et cela est très regrettable.
Je pense à ce qui se passe actuellement en Italie : le 19 Juin, à Florence, tous les groupements anarchistes italiens avec le Comité pro-victimes politiques (anarchiste), la Croix-Noire (anarchiste) etc. se sont réunis et ont décidé la constitution d’un comité d’entente en vue de défendre la cause et les anarchistes inquiétés, poursuivis devant les tribunaux. Chose remarquable, l’Umanita Nova, L’Internazionale, respectivement porte-paroles de la FAI et des GIA ont compris qu’il était temps de finir de se quereller pour le seul profit de nos ennemis. C’est très bien ainsi, et ils ont l’appui de diverses organisations dont la Fondation Bertrand Russel qui a son siège à Londres, le Comité juridique de Rome.
Au Mexique, me basant sur le seul n° de mai 1971 de « Tierra y Libertad », en 3ème page, il y a relations d’importantes activités de nos camarades mexicains et espagnols en exil, travaillant ensemble, créant des centres de culture même, artistiques dans de nombreuses villes : CNT, FAM, Jeunesses Libertaires.
Je crois qu’il n’est pas nécessaire de créer en France un autre groupement national, mais qu’il serait souhaitable que, dans chaque région, les libertaires de toutes tendances ou groupements nationaux, s’entendent pour agir régionalement laissant à chacun toute liberté d’adhérer ou non à un groupement national.
Ce qui permettrait, en cas d’accrochage, aux camarades adhérents à X fédération d’intervenir pour aplanir le différend, car, je le répète, il faut démontrer à ceux qui viennent vers nous, que dans notre mouvement il y a et aura toujours des divergences d’appréciation quant à la structure d’une société anarchiste, les discussions se déroulant avec cette tolérance, cette camaraderie qui doivent présider à nos débats.
C’est vers là que tendent mes efforts qui ont reçu des échos approbateurs dans l’Ouest et aussi ailleurs ; partant de cette base, la région, j’ai la conviction que nos organisations se renforceront dans un bref délai.
Les polémiques me répugnent et tu as pu t’en rendre compte, même quand mes articles rectifient certaines erreurs historiques, leur ton reste amical.
Naturellement je parlerai aux camarades brestois de ton initiative et leur présenterai les manifestes reçus. Cordialement à toi.
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P.M. – cette lettre m’était adressée et je lui ai répondu.
- l’initiative de « C.A. » n’appartient pas à P.M.
- divers textes dans le présent bulletin répondent amplement aux préoccupations d’A. Le Lann (rédigés avant réception de sa lettre).
- le souci d’A. Le Lann est très justifié, et il est également le nôtre, car « C.A. » en découle directement.
De telles lettres donnant diverses informations et points de vue peuvent valablement trouver leur place dans « C.A. » sans toutefois être adressées