La Presse Anarchiste

Notes d’actualité

300.000 tonnes de beurre

La C.E.E. pos­sède une réserve de 300.000 tonnes de beurre dont elle ne sait que faire. Ce qui vient de nous être com­mu­ni­qué. L’an­née der­nière, à cette sai­son, elle n’en pos­sé­dait que 100.000 tonnes, et c’é­tait déjà trop. Que fera-t-on de cet excé­dent qui serait bien employé dans cer­tains pays sous-déve­lop­pés ? Nous l’i­gno­rons. Comme nous igno­rons l’im­por­tance des autres mar­chan­dises excé­den­taires qui sont accu­mu­lées dans l’a­gri­cul­ture, par­ti­cu­liè­re­ment des fruits que l’on garde jus­qu’à dété­rio­ra­tion dans les ins­tal­la­tions fri­go­ri­fiques “ad hoc”. Et si ce ne sont pas des fruits ou du beurre, ce sera du vin, des pri­meurs, etc.

Ce n’est pas d’au­jourd’­hui. N’empêche que les éle­veurs conti­nue­ront d’aug­men­ter le trou­peau de bétail bovin, de vaches lai­tières, tout en se pré­pa­rant à reven­di­quer contre le gou­ver­ne­ment afin de lui sou­ti­rer des sub­sides qui l’ai­de­ront à aug­men­ter davan­tage le trou­peau de bétail bovin et les réserves de lait, de veaux, de vaches, de beurre et de sperme de taureau !

Tor­chons et serviettes

Nous le savions déjà, mais ne l’a­vions pas assez rele­vé. Dans les rues de Mos­cou, il y a un cou­loir » réser­vé uni­que­ment aux voi­tures des hauts digni­taires du régime. C’est ce que nous dit, dans une très inté­res­sante étude sur la vie sociale en U.R.S.S., Robert Lacontre, repor­ter de talent.

Per­sonne d’autre que ces hauts digni­taires — ou cette haute pègre de l’État — sovié­ti­co­marxiste n’a le droit d’emprunter ces cou­loirs, même aux moments où il n’y passe per­sonne. Le che­min doit être libre pour eux 24 heures sur 24. Et com­ment un ministre, un com­mis­saire du peuple, un maré­chal char­gé de déco­ra­tions, un géné­ral, bien bot­té, un diplo­mate, un secré­taire, même régio­nal, du par­ti, pour­raient-ils s’en pas­ser, et le régime tolé­rer qu’un vul­gaire homme du peuple, maçon, for­ge­ron, petit employé mette les pieds où tous ces super­ca­ma­rades de la mafia offi­cielle mettent les leurs ?

Démo­cra­tie popu­laire, oui, mais pas à ce point ! Il ne faut pas exa­gé­rer, ni confondre les tor­chons avec les serviettes !

Trai­té sino-japonais

Les gou­ver­nants du Japon et ceux de la Chine viennent de signer un trai­té com­mer­cial. Cela pré­lude-t-il un trai­té d’al­liance… mili­taire ? Qui sait ! On peut s’at­tendre à tout d’hommes d’État qui cherchent à jouer un rôle dans le monde. Hier, pen­dant vingt ans, ce fut la guerre impla­cable entre les deux pays. Les sol­dats japo­nais mas­sa­crèrent à cœur joie les Chi­nois à peu près désar­més. De 25 à 60 mil­lions, nous dit-on. Hommes, femmes enfants, ajou­tons-nous. Les gou­ver­nants lan­cèrent les deux peuples les uns contre les autres. Main­te­nant, on les fait s’embrasser. Peut-être pour les faire mar­cher demain contre les Russes… ou les Amé­ri­cains ? Morale des capi­ta­listes, et des hommes d’État.

Les scan­dales

Il se peut qu’il y ait des erreurs, des mau­vais choix dans les exemples que l’ex-fonc­tion­naire Aran­da a choi­sis pour dénon­cer la cor­rup­tion poli­ti­co-admi­nis­tra­tive. Mais mal­gré ces erreurs, tout le monde est convain­cu qu’au fond, l’homme a rai­son. Sim­ple­ment parce que c’est une vieille tra­di­tion fran­çaise que l’on retrouve dans toute l’his­toire de la Troi­sième et la Qua­trième Répu­blique, et qu’il serait mira­cu­leux que les milieux poli­tiques actuels se soient assai­nis tota­le­ment. Depuis l’af­faire de Pana­ma, en pas­sant par celle de Sta­vis­ki — et avant le finan­cier Rochette —, où étaient com­pro­mis des radi­caux, puis celle du socia­liste haut per­ché Félix Gouin, et le scan­dale Le Tro­quer, pré­sident de la Chambre et com­pro­mis à l’af­faire des bal­lets roses… Ils ont bonne mine, ceux qui veulent don­ner des leçons à la majo­ri­té. Et les membres de celle-ci, qui veulent sau­ver la France !

Rai­sons suffisantes

La majo­ri­té — faible — des Nor­vé­giens s’est pro­non­cée contre l’adhé­sion à la Com­mu­nau­té euro­péenne. Et cer­tains com­men­ta­teurs alle­mands, hol­lan­dais, et autres ont trou­vé, par­mi les rai­sons de ce refus, celle-ci que nous avons expo­sée il y a bien long­temps : on n’a pas su appuyer sur les rai­sons morales, poli­tiques (au sens éle­vé du mot), idéa­listes qui devaient, et qui doivent don­ner à cette entre­prise un carac­tère éle­vé, capable de sus­ci­ter l’enthousiasme.

On a par­lé inté­rêts éco­no­miques, vente des céréales, de la viande, du hareng ou de la morue, des tex­tiles ou des machines… Mais l’homme ne vit pas, poli­ti­que­ment, que d’af­faires com­mer­ciales : il a une vie spi­ri­tuelle. Et les par­tis, les gou­ver­nants, les lea­ders n’ont pas su don­ner à cette entre­prise la gran­deur morale qui devait être la sienne. La jus­ti­fi­ca­tion était, et demeure insuffisante.

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