La Presse Anarchiste

Ce que sera le Flambeau

Nous avons vou­lu, en créant cet organe, don­ner aux écri­vains, aux ouvriers, une tri­bune libre.

Comme à la tri­bune de la réunion anar­chiste, la parole est libre, il n’y a point ici de direc­teur, point de col­la­bo­ra­teurs atti­trés et en pied ; ce n’est pas non plus l’or­gane de quelques cama­rades, ayant une méthode stric­te­ment déter­mi­née, qui doit avoir le pas sur toutes les autres, puisque les cama­rades du groupe syn­di­cal anar­chiste se renou­vellent selon les arri­vées et les départs. Nous aimons à voir les idées s’op­po­ser aux idées, les sys­tèmes aux sys­tèmes, les méthodes aux méthodes ; nous aimons à les voir s’ex­pri­mer plei­ne­ment, s’é­non­cer sous tous leurs aspects, se déve­lop­per dans toutes leurs consé­quences : s’élucider.

Celui qui com­bat l’au­to­ri­té, la force impo­sée, qu’elle se recom­mande du nombre, de la reli­gion, de la phi­lo­so­phie, de la force elle-même, celui-là est an-archiste, celui-là est ici le bien­ve­nu, celui-là ici est chez lui ; ce jour­nal lui appar­tient, qu’il y apporte l’é­tin­celle de sa rai­son, l’ex­pres­sion de sa pen­sée, l’é­cho de ses actes, pour ajou­ter à la puis­sance du flam­beau de la rai­son humaine, pour agran­dir le domaine du savoir, pour réper­cu­ter la force de l’ac­tion contre le mal.

An-archistes com­mu­nistes et indi­vi­dua­listes, tol­stoïens et natu­riens, nous n’a­vons pas à nous faire de conces­sions réci­proques ; nous devons jeter dans la dis­cus­sion toute la force de nos argu­ments, comme nous met­tons dans l’ac­tion toute la force de nos convic­tions, puisque nous cher­chons à conqué­rir le monde, non pour nous domi­ner mutuel­le­ment, mais au contraire pour nous rendre libres les uns les autres.

Nous sommes les vic­times des bar­bares modernes, tâchons de les vaincre, là est notre but ; affai­blir les puis­sants, aug­men­ter notre nombre, tels sont nos moyens. Les bar­bares, les igno­rants, les lâches et les méchants, en un mot les tar­di­grades, ne sont point seule­ment les chefs d’É­tat, les chefs d’É­glise, ce sont encore les riches, les prêtres, ce sont encore celui qui veut s’en­ri­chir, celui qui veut domi­ner, c’est hélas ! le pauvre frère d’es­cla­vage, le pro­lé­taire incons­cient, le mal­heu­reux, qui peine à nos côtés, aux champs et à la ville, celui pour lequel nous lut­tons, que nous aimons de toutes nos forces, lors même que son igno­rance est notoire, quand même son incons­cience de bœuf au labour nous oppose le non pos­su­mus de son inertie.

Notre Flam­beau ne s’é­tein­dra pas, si sur chaque lumi­gnon on pré­lève un peu d’huile, pour l’en­tre­tien de son feu sacré, si cha­cun apporte au foyer sa bûche si en cha­cun brille pré­cieuse l’é­tin­celle, avec l’aide de laquelle nous ten­tons de chas­ser les ténèbres de l’er­reur et de l’ignorance.

[/​Le groupe syn­di­cal an-archiste/]

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